L’Hôtel de Brou de Laurière à Périgueux
- Glady de Brégeot

- 29 août
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 oct.
L’Hôtel de Brou de Laurière à Périgueux 7, Bld Georges Pompidou est un lieu mythique que tout périgourdin connaît sans avoir pu y pénétrer.
Imaginé entre 1905 et 1911 par l'architecte Albert Touzin, et construit par l’entreprise Pelou de Cendrieux, avec son toit à la Mansart couvert d’ardoises, ses façades richement sculptées de mascarons, de guirlandes de fleurs et de fruits qui soulignent les balcons et les linteaux des baies avec des colonnes et pilastres ionique. Une balustrade se prolonge sur les 4 côtés.
La partie d’habitation s’inscrit dans un plan rectangulaire sur un sous-sol avec la cuisine, la chaufferie et les stockages divers. Au rez-de-chaussée se trouvent les pièces de réception, prolongées en retrait par le cabinet médical. les chambres au premier étage, sont desservies par un grand escalier central formant mezzanine avec un dernier étage au niveau des combles pour le logement du personnel. L’ensemble était connecté par un système d’interphones et de passe-plats.
l’Hôtel de Laurière, inscrit au titre des Monuments historiques en 2006, est un témoignage intact d'une demeure aristocratique du début du XXe siècle tant par son architecture que par ses décors et son mobilier.
Il a été entièrement restauré pour la première fois en 2013 par Alain de la Ville.
Son dernier occupant Patrick de Brou de Laurière (1928-2010) aura été tout au long de sa vie un mécène, vivant entre Paris, Tanger (2 ha au cœur de la ville, vendus au roi du Maroc lors de la succession) et à Périgueux dans son magnifique hôtel particulier construit en 1911 par ses grand-parents le médecin Marie Antoine de Brou de Laurière dont la mère était une Mèredieu, Officier de la Légion d'honneur, il avait épousé en 1893 Eugénie Héloïse Marie Cécile Daubrée de la famille fondatrice des pneus Michelin. Leur fils Pierre Paulin Paul Marcel naîtra le 22 avril 1895, sera médecin comme son père et épousera en 1919 Marie Odette Aline de Fayolle. Ils sont les parents de Patrick.
Pianiste, cet homme fantasque tout en restant discret, descendant d’Henri Bertin ministre de Louis XV et de Louis XVI, sera surtout l'héritier par le jeu des alliances, du plus gros portefeuille d'actions Michelin.
Le journaliste Alain Bernard dont la mémoire a été honorée le 6 septembre 2025 par le dévoilement d’une plaque installée Place du Coderc, revenait le 26 mai 2010 pour le journal Sud-Ouest, sur la vie de ce périgourdin flamboyant.
« Les fêtes costumées de Tanger, dans des décors du peintre Jean-Jacques Giraud, ont contribué à travers l'émission « Zone interdite » de M6 à nourrir la légende de Patrick de Brou de Laurière, autant que les séquences télévisées sur sa demeure « hantée » de l'avenue Frochot à Paris. Par sa famille des Fayolle et Flaujac, il possédait des terres et des biens dans le Cantal, à Cendrieux et dans la Double… Son ami Jean-Jacques Giraud témoigne le mieux de son mécénat touchant aussi bien l'Opéra de Paris, l'art-thérapie, les concerts d'Agonac et Sorges (où il fit venir son ami Fontanarosa), les rallyes-auto et la lutte anti-cancer. Lui-même lors de fameuses soirées il se mettait au piano et chantait, rappelant ses études de musique chez Nadia Boulanger et son accompagnement de la soprano Denise Duval avec déchiffrage à vue des opéras de Francis Poulenc.
Il accompagnait volontiers ses hôtes, au garage de son hôtel particulier, pour admirer son exceptionnelle collection de voitures anciennes : des Bugatti et des Renault, et surtout la Delaunay-Belleville que son grand- père avait achetée en 1913 à Raymond Poincaré, la destinant au Tsar Nicolas II. A cause de la guerre, elle ne partira jamais à Saint-Pétersbourg et a pétaradé longtemps, dans Périgueux ». Cette voiture sera vendue aux enchères en 2012, 471 760 € par Artcurial Motorcars avec mention « Delaunay-Belleville 06 Rothschild & Fils Torpédo 6563 de 1913 - Entre les mains de la famille Michelin depuis près d'un siècle. »
Avant 2010 se sachant très malade, il a voulu faire perdurer ce mécénat après sa mort en créant un Fonds de Dotation qui porte son nom. Il a désigné son cousin et banquier Jacques Larcher pour poursuivre son œuvre. Il a fait le choix de donner comme objet au Fonds, l'aide à la recherche médicale dans les maladies telles le cancer, Alzheimer, Parkinson, les maladies dégénératives, en incluant en outre la promotion de l'art-thérapie, reconnue par la communauté scientifique depuis 1986 lors d'un congrès médical international.
Depuis trois années, l’Hôtel est ouvert pour les Journées Européennes du Patrimoine qui se tiennent en Septembre. Des évènements musicaux et culturels s’y organisent ponctuellement.
Les photos Bernard Séris - Photos 10 et 11 Arcurial 2012
Photo 9 du grand Salon (Grand Périgord













Jacques Émile Blanche a peint Francis Poulenc (cela aurait sans doute fait plaisir à notre Périgourdin)

PAru sur le Coyrrier Français Edition Dordogne du 12 Septembre 2025.

Quel bel article que celui consacré à l’Hôtel de Brou de Laurière à Périgueux, véritable trésor du patrimoine périgourdin ! Ce lieu, chargé d’histoire et d’élégance, incarne à lui seul tout un pan de la mémoire locale, entre grandeur aristocratique et passion pour l’art. En parcourant le site https://www.doudoushop.fr/, on retrouve ce même souci du détail, de la transmission et de la beauté des choses simples.
L’article met en lumière la richesse architecturale de cette demeure, avec ses façades sculptées, ses salons raffinés et son toit à la Mansart. Mais au-delà de la pierre, c’est surtout l’âme du lieu qui transparaît à travers la figure de Patrick de Brou de Laurière, mécène passionné, musicien, collectionneur et amoureux de la culture.…