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  • Photo du rédacteurGlady de Brégeot

Le château de la bastide de Molières - Périgord Pourpre

 

En 1272, Guillaume de Biron, seigneur de Montferrant fait don d’une terre dans cette paroisse pour fonder la bastide en 1284 « bastide Santus Johannis  de Molerii », par le sénéchal Jean 1er de Grailly à la demande d’Édouard 1er d’Angleterre.  La charte, qui caractérise les bastides, est octroyée par le souverain de passage à Agen, le 20 novembre 1286.

Plus petite que celles  de Lalinde, de Beaumont ou de Monpazier, elle est confirmée par François ler en 1533 et par Henri II en 1551. Son plan est respecté, orthogonal (à angle droit), en damier avec deux rues charretières et des rues piétonnes, des carreyrous.  Le réseau de rues se prolonge dans la campagne par de nombreux chemins qui existent encore. Une très grande place orne le centre de la ville neuve, destinée aux foires et aux marchés. À Molières, le couvert qui protège les boutiques, s’appelle  « le porche ». C'est l'unique couvert, mais des indices laissent penser qu'il y en eut d'autres. Nous n'avons aucune preuve qu'il y eut une halle sur la place. L'espace couvert destiné au marché était très vraisemblablement situé sur la face sud de l'église, où l'on voit encore les « corbeaux » soutenant une structure en bois et une couverture. Ces éléments, ainsi que la très grande église, prouvent qu'il y avait là un projet citadin important. Molières n'a pas de fortifications telles qu'on se les représente, murailles et tours, elle ne manque tout de même pas de protection : son église, très grande, est fortifiée grâce à deux tours reliées par un escalier caché et diverses autres installations. La population en 1320 est de 1000 habitants qui pouvaient s'y réfugier en cas d'attaque. Il y avait un puits à l'intérieur et des réserves de nourriture dans les tours.

 Avant la guerre de cent ans, des troubles et des brigandages agitent la région et  vers  1314 le sénéchal Guilhem de Toulouse, se plaint de ne disposer d'aucune maison forte à Molières. Il n'a qu'une petite tour centrale à trois niveaux pour la garde des prisonniers et elle lui paraît insuffisante pour assurer la sécurité des localités environnantes. Il est vraisemblable que cette tour soit devenue le donjon de la forteresse. C’est avec l’accord d’Edouard II que débute en 1315 la construction qui s’arrête en 1320. Le 3 décembre 1317 Feydit de Montbreton est nommé garde de la garnison.

La forteresse de Molières va s’avérer remarquable avec son enceinte carrée de 45 m de côté ceinturant un donjon de 6 mètres de côté qui pourrait être antérieur aux courtines de deux mètres d’épaisseur, renforcées par des contreforts placés à mi-chemin de chaque angle avec 4 tours carrés à chaque angle reliées par un large chemin de ronde sur lequel on pouvait monter par deux  escaliers intérieurs  construits  sur trois arcs en plein cintre. Avec des latrines domestiques, mais aussi deux latrines de chemin de ronde pour les soldats, on  y trouve les vestiges d'une très grande salle à vivre (l'aula) dont les structures ont brûlé et d'un sous-sol ouvrant sur l'extérieur grâce à une poterne. Un puits indispensable profond de 50 pieds (soit un peu plus de 13 mètres), creusé dans le rocher, s’ouvre dans la cour.

 Le donjon aurait pu servir de prison lors des secondes guerres de religion quand  les protestants furent chassés du bourg par les armées de Blaise de Montluc. Sa base aveugle à l’origine  abrite de très intéressantes peintures colorées,  un peu primitives, qui représentent deux figures du  Christ, des orants, plusieurs soldats armés…. La date n'est pas certaine, peut-être du XVIe siècle  ?…

Pour terminer l'histoire du château, il est indispensable  d’évoquer la légende tenace de la  Reine Blanche. La  princesse française  Blanche de Bourbon (1339-1361) devient reine de Castille en épousant  en 1353 Pierre le Cruel (1334-1369). Le roi qui en aime une autre,  l’aurait fait accompagner à Molières chez un allié.  Emprisonnée dans la forteresse , elle y serait morte soit empoisonnée soit jetée dans un puits et  de temps en temps, son fantôme revient hanter ses  vieilles murailles. La vérité historique est qu’ elle a été assassinée en 1361 à l’âge de 22 ans au Palais de Cadix bien loin de cette bastide (Prosper Mérimée a écrit une biographie sur Pierre le Cruel). 

Si la  bastide de Molières  n'a pas eu le développement de ses voisines, elle n'en a pas moins vaillamment existé. Après les troubles du Moyen Âge et de la Renaissance, les grandes périodes de la ville furent les XVIIIe et XIXe siècles. La plupart des maisons sont de cette époque ou du moins en présentent des vestiges encore visibles. En 1856, la commune était peuplée par 980 habitants. La vie de la bastide reste animée l’été car tout est fait pour attirer les visiteurs et redevient  calme et douce  en arrière-saison, dans un environnement historique et paysager, préservé.

la forteresse fut certainement habitée durant la Renaissance.

À la Révolution, le château fut vendu comme bien national et démoli petit à petit pour vendre les matériaux.

 Le château de Molière appartient à un propriétaire privé, passionné par ce patrimoine, qui ne l’ouvre que durant les journées du patrimoine.


Sources – SHAP tome CXXII année 1995 « au château de la bastide de Molières par Pascal Raux. SHAP tome CXIX année 1992 « les peintures du donjon de Molières » Brigitte et Gilles  Delluc, Claire Veaux.

Geneanet.org et recherches numériques -

Photos Père Igor sous licence Créative commons 2011


la forteresse de Molières





 



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