Le château de la Guionie à Lempzours - Périgord Vert

En 1139 Les abbesses de Ligueux font don aux Templiers de la paroisse de Lempzours, à charge pour eux d’en tirer des revenus pour alimenter la guerre en Terre Sainte. Ils occupent le château de La Sale, déjà bâti à cette époque, et s’établissent également sur le site de la Guionie, qui est alors selon toute vraisemblance une motte féodale déjà existante, dont les parties basses ont pour caractéristiques d’être monolithes. À 200 m plus au nord, le long du cours d’eau de la Rase, ils édifient une petite église qui existe toujours et qui devait être la chapelle de la commanderie suffisamment importante puisqu’elle constituera la préceptorie majeure templière des maîtres de l’ordre en Périgord, jusqu’à son transfert à Sergeac en 1250. Au matin du vendredi 13 octobre 1307 sur décision du roi Philippe le Bel toutes les commanderies de France sont cernées, les occupants arrêtés et leurs biens mis sous séquestre. Une bulle du Pape Clément V confirmera le sacrifice de l’ordre religieux-militaire et l’arrestation de tous les Templiers de la chrétienté.

À la fin du XVe siècle, le château de la Guionie est alors le fief de la famille Béron avant de passer aux Siorac au début du XVIIe siècle.

Guerre de Religion (1562-1598) - Après la bataille de Jarnac le 16 mars 1569 et la mort du prince Louis de Condé, l’Amiral Gaspard de Coligny prend le commandement et choisit d’amener son armée à Saint-Yrieix afin d’y rejoindre les 3000 mercenaires amenés par le duc des Deux-Ponts Wolfgang de Bavière. Ils marchent sur Thiviers, Saint-Jean de Côle et font charger 260 paysans catholiques qui se réfugient dans le château de La Chapelle-Faucher où Coligny les fait égorger un à un. C'est à cette occasion, en octobre 1569, que Lempzours est envahi par des soldats de la garnison protestante d'Angoulême. Cette troupe attaque le château-repaire de Lempzours, situé à proximité de l’église, qui est incendié. Son seigneur, Pierre de Chalup parvient néanmoins à se réfugier avec ses gens dans une des tours et à tenir jusqu'à ce que la garnison catholique de Périgueux vienne à son secours... L’église est également incendiée, de même que la Guionie..

La famille Siorac Seigneurs de la Guionie, de Lempzours et de La Matassière en sont propriétaires depuis 1619 et elle a donné entre 1660 et 1720 la forme générale sous laquelle le château, alors qualifié de repaire noble, se présente actuellement, c’est-à-dire un logis central rabaissé par arasement de la moitié de ce qui fut le second étage du bâtiment antérieur, flanqué de deux pavillons à l’est et à l’ouest. Les dépendances, de même que le pigeonnier, sont contemporains de la même époque.

Peu à peu réduit au rôle de simple exploitation agricole à partir du XIXe siècle, le château de la Guionie (terme apparu au XVIIIe siècle) se transforme progressivement en une simple exploitation agricole, avant d’entamer un déclin progressif après la Seconde Guerre mondiale. Les Jarjavail, qui descendaient des Béron et des Siorac, très attachés au lieu et à son histoire seront les derniers occupants jusqu’en 2005, date du décès de Madeleine Jarjavail dont le souvenir reste encore très présent à Lempzours.

Inoccupés pendant 15 ans, les bâtiments ont souffert du manque d’entretien. En 2020 un couple passionné par le patrimoine a su insuffler son énergie à un groupe de bénévoles et une campagne de restauration de la structure et de réhabilitation de ses intérieurs, s’est engagée. Lauréats du prix départemental des VMF en 2022 et avec le soutien depuis le départ de la Fondation du patrimoine une collecte de dons est lancée.Les travaux intérieurs (salon et ancien vestibule XVIIIe) devraient se terminer au printemps 2024. Le site est ouvert ponctuellement à la visite et participe aux événements culturels du département.

La chapelle templière du XIIe siècle est classée par arrêté du 2 juin 1938

Photos - crédit photo Christophe Dutrône

Recherches – « les amis de la Guionie »

SHAP tome CXXXII année 2005 (Brigitte et Gilles Delluc)

Historique : D'après la tradition, cette église serait l'ancienne chapelle de Templiers dont la Commanderie s'élevait à proximité. Elle comprend trois travées sur plan carré, recouvertes de coupoles sur pendentifs, celle du centre étant plus élevée. Celle de la première travée n'existe plus et a été remplacée par un plancher. La coupole centrale était apparente à l'extérieur, mais a été recouverte par une toiture à quatre pans, probablement lors d'une réparation. L'abside, qui devait être semi-circulaire, a été remplacée par un choeur carré.

Périodes de construction : XIIe siècle

Propriété de la commune

Pierre tombale dans la chapelle templière.