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Photo du rédacteurGlady de Brégeot

Le château de la Renaudie à Saint-Front-la-Rivière - Périgord vert

Dernière mise à jour : 4 oct.


Au nord-ouest de Nontron à 13 km de Varaignes, un château fort en ruine nous incite à l’approcher. En fait il est à 200 m de la RD 3 sur la commune de Saint-Front-la-Rivière.

Ce château à l’état de ruines, dégage cependant, par le respect du lieu, sans la végétation inhérente à ces lieux abandonnés, sans nuisances humaines visibles, une impression de noblesse. Le château de la Renaudie du XVe siècle, aurait été construit sur les bases d’un repaire noble du XIIIe siècle qui appartenait à la famille Arnaud qui elle-même va revendre sa maison à Olivier Maurin qui sera probablement détruite pendant la guerre de cent ans.

Il faut imaginer une courtine quadrangulaire flanquée de quatre grosses tours circulaires l’une des courtines portant un vaste logis dont il reste des vestiges de cheminées et de fenêtres à meneaux de style Renaissance. La porte principale donnait sur la façade Est et deux tours de défense sont encore visibles, ainsi que les restes d’un donjon protégeant la façade côté Dronne.

Au XIVe siècle l’ancien repaire noble dépendait de la châtellenie de Nontron et aura jusqu’en 1760 haute justice sur Saint-Front-la-Rivière et Quinsac.

En 1507, Alain d’Albret érige en Châtellenie les fiefs de la Renaudie et de Saint-Front-la-Rivière pour récompenser son Chambellan Bertrand du Barry dont le père Guy du Barry dés avril 1454 avait rendu hommage au roi de Navarre.

La Renaudie est la seigneurerie du protestant Jean du Barry qui a épousé en 1555 Guillemette de Louvain. En 1560 il sera l’instigateur  de la conjuration d’Amboise (1)

Dès novembre 1562 leurs filles furent déclarées fort diplomatiquement, aptes à lui succéder.

Jeanne et Marie vont s’allier aux plus beaux partis. Jeanne épouse en 1573 François II de Saint-Aulaire de Beaupoil, et Marie épouse en 1583  Pierre de La Rochefoucauld puis en secondes noces François de Veyrinas pour qui ce sera le 3ème mariage. Leur fille Françoise de Veyrinas de la Renaudie épouse en 1609 François II de Peyrusse des Cars dit de Merville fils du grand Sénéchal de Guyenne et  ils auront 7 enfants dont Catherine de Pérusse d'Escars qui sera comtesse de Beauvais, Lussas et Fontroubade en épousant le 3 juillet 1627 Alain du Faure de la Roderie, de la Curée et de Beauvais, Baron de Saint Martial. Veuve , elle se remariera le 9 février 1652 à Pierre de Bonneval, vicomte de Château-Rocher. Enfin, le 11 juin 1663 elle épousera au chateau de Rochechouart, Jean de Rochechouart, vicomte de Bâtiment.

En 1789 Louis François Marie de Peyrusse des Cars propriétaire en titre de la Renaudie est  présent aux états généraux du Limousin mais il finira par s’exiler en Suisse puis en Angleterre.  Sa famille le rejoindra,  abandonnant leurs biens qui seront saisis puis vendus comme biens nationaux. Les terres seront vendues à part et le château à deux paysans Fanty et Lescure qui le destineront à une carrière de pierres.

De retour d’émigration les Peyrusse des Cars le laissent ruiné, aux adjudicataires et au XIXe siècle il est la possession des familles Ducongé et Dubuisson. Au XXe il appartiendra à la famille Alberny qui revendra cette ruine historique en 2024 à un passionné dont les origines familiales sont liées au château. Celui-ci se laisse le temps pour mener à bien un projet de réhabilitation pour lequel il a consulté et étudié des documents relatifs à l’histoire et à l’architecture du château qui est inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis 1946.

Le château est une propriété privée.

 





Nota - Avant de vous parler de la conjuration fatale à Jean du Barry, il est bon de savoir que le château Royal d‘Amboise est un palais grandiose qui domine la Loire du haut de ses 127 m. C’était une résidence des rois à la Renaissance et c‘est le lieu de sépulture de Léonard de Vinci.



(1) La conjuration d’Amboise de mars 1560

Les protestants se sentent menacés après l’exécution du jeune conseiller au parlement de Paris, Anne du Bourg. En 1559, celui-ci avait plaidé en présence du roi Henri II, la cause des protestants devant le Parlement de Paris. Il sera exécuté, malgré la mort accidentelle la même année du roi. Catherine de Médicis devient alors régente pour son fils le roi François II âgé de 15 ans mais le pouvoir effectif est aux mains du duc François de Guise, oncle maternel de la jeune reine Marie Stuart. François II a confié le gouvernement aux Guise, garants en France de la religion catholique, et partisans d'une politique d'une grande fermeté envers la religion réformée.

François de Guise et son frère le Cardinal Charles de Lorraine, monopolisent le pouvoir. Leur influence déplait à Antoine de Bourbon roi de Navarre (père du futur Henri IV) et à son frère Louis ler de Condé, des princes du sang très proches du trône mais tenus à l’écart du fait qu’ils sont réformés et disciples de Jean Calvin comme d’ailleurs un tiers de la noblesse française.

« La conjuration d’Amboise également appelée tumulte d’Amboise de mars 1560, est la tentative d'enlèvement manquée de la personne du roi François II, organisée par des gentilhommes protestants. Ceux-ci voulaient soustraire le roi à la tutelle des Guise, qu'ils jugeaient trop proches de lui. L'événement annonce les guerres de Religion à venir (1562-1598). »

Antoine de Bourbon refuse de diriger la conjuration et Condé va la laisser s’organiser sous le commandement de Jean du Barry, seigneur de la Renaudie, gentilhomme du Périgord, qui a réuni d’autres gentilshommes venus de toute la France, ainsi que des bourgeois des villes d’Orléans, Tours et Lyon, et qui vont assiéger Amboise où la cour est installée. François Bouchard d’Aubeterre va particulièrement s’y impliquer allant jusqu’à vendre ses terres pour organiser cette conjuration.

Les Guise sont informés et font arrêter du 10 au 16 mars les conjurés arrivés en avance, leur laissant l’espérance d’exprimer leurs doléances, au roi.

Malheureusement Bertrand de Chandieu huguenot lance une attaque surprise le 17 mars, rapidement matée... La plupart des conjurés seront pendus aux balustrades du château, les autres sont noyés dans la Loire ou massacrés par la foule. Le 19 mars, Jean du Barry, Chef de la conjuration est tué dans la forêt de Château-Renault. Son corps est ramené à Amboise où sa dépouille sera massacrée et exposée. Les autres chefs de la conjuration seront exécutés à Amboise, devant la cour et des notables spécialement invités pour assister au supplice. Comme François Bouchard y échappera, un épilogue lui est consacré (1)..

La répression aura fait environ 1 200 morts.

Le prince de Condé qui désavoue ses partisans, est simplement gardé à vue eu égard à son rang.

Le 17 mars, le roi François II, aura confié au duc de Guise la lieutenance générale du royaume.

Au lendemain du tragique dénouement de la conspiration d’Amboise, une fête somptueuse est donnée par Henri II et Marie Stuart au château de Chenonceau avec concerts de canons et de tambours, jeux d’eau et « feux artificiels ».

Le 15 décembre 1560 le roi meurt de maladie

Le 14 août 1561 Marie Stuart, jeune veuve de l’éphémère roi de France François II et qui refuse de se remarier comme le veut la tradition repartira dans son Ecosse natale, réclamer le trône qui, le pense-t-elle lui revient de droit.



Nota Bene -(1) François II conseillé par sa mère Catherine de Médicis, va tenter de temporiser, en libérant les hommes emprisonnés pour avoir pratiqué leur religion grâce aux édits de tolérance d’Amboise et Romorantin.

François Bouchard sera fait prisonnier et ses biens seront confisqués au profit de Jacques d’Albon, maréchal de Saint-André.

En 1563 à la demande de Condé, il rejoindra les seigneurs huguenots à St-Jean-d’Angely.

Chef de la troupe de Saintonge il défendra Tours.

Il se retirera ruiné à Genève sous le nom de Saint-Martin-de-La-Coudre et épousera en 1566 à Genève, Gabrielle Lauresanne. Il rentrera dans sa patrie à la mort de son père, sans son épouse ni son fils David.

Soldat aguerri et glorieux, il reste un homme sur qui Condé et Henri IV comptent.

Le 6 avril 1569 le parlement de Bordeaux, prend un arrêt de mort contre lui et les autres chefs protestants de la Guyenne, de l’Aunis et de la Saintonge..

il finira assassiné par un chef catholique en 1573.

Son fils David a dix ans à la mort de son père et il sera rapatrié, abjurera le protestantisme et retrouvera le château d’Aubeterre en se mettant au service de la ligue catholique du duc de Mayenne puis d’Henri IV. Il se mariera avec Renée de Bourdeille et sera Sénéchal du Perigord de 1582 à 1593.

Photos - Bernard Séris

Sources

Document transmis par le nouveau propriétaire Jean-Marie Soulard




château de la Renaudie à Saint-Front-la-Rivière







Jean du Barry Seigneur de la Renaudie -

















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