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Photo du rédacteurGlady de Brégeot

Michel de Montaigne au cœur de son œuvre parfaite écrite en Périgord

Dernière mise à jour : 17 avr.

Sur le commune de Saint-Michel de Montaigne en Dordogne, le château bâti à la frontière du Périgord et du Bordelais, à proximité de Bergerac et de Saint-Emilion était une maison forte du XIVe siècle acquise en 1477 par Ramon Eyquem riche négociant en vins du bordelais et armateur accédant ainsi au noble statut de Seigneur de Montaigne.

son petit-fils Pierre Eyquem gentilhomme ayant accompagné le roi François ler lors de sa campagne d'Italie, passionné par les beaux-arts et la littérature, s’y installera avec son épouse Antoinette de Louppes et leurs huit enfants dont Michel est l’ainé. L’éducation des enfants fera que le jeune Michel parlera le latin dès l’âge de 7 ans et fera des études brillantes.

Ses études de droit et les relations de son père Pierre Eyquem élu maire de Bordeaux en 1554, l’amèneront à seulement vingt et un ans, à lui succéder dans sa charge de conseiller à Périgueux, puis trois ans plus tard au Parlement de Bordeaux où il siégera durant 16 ans. Il fera la connaissance en 1557 d’Etienne de la Boétie de trois ans son aîné et leur amitié qui prendra fin à sa mort due à la peste en 1563 à l’âge de 32 ans, inspirera à Montaigne cette célèbre phrase « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ».

Il épousera en 1565 Françoise de la Chassaigne dont le père était lui aussi conseiller au parlement de Bordeaux et ils auront six filles dont seule Eléonore survivra.

En 1568 héritier universel de son père emporté par la gravelle, maladie héréditaire, il se retrouve à la tête de sa famille et d’une grosse fortune ainsi que du domaine de Montaigne où il se retire deux ans plus tard, pour se consacrer à la lecture des quelques mille ouvrages de « sa librairie » aménagée au dernier étage de sa tour. Celle -ci devient son repaire et il fait graver sur les poutres du plafond 57 maximes grecques et latines tirées de l’Écriture Sainte et commence ses Essais dont le premier recueil est publié en 1580.

Atteint de la gravelle il quittera pour quatorze mois, sa retraite pour tenter des cures thermales, avec son plus jeune frère Charles-Bertrand dont il aura été tuteur et trois jeunes nobles et présentera d’abord ses Essais au roi Henri III avant de se rendre à Plombières, puis en Suisse, en Allemagne et en Italie ( Venise, Florence, Rome) où il apprend l’italien et obtient la citoyenneté romaine. Il rédige un journal de voyage retrouvé en 1774 dans un de ses coffres de voyage. C’est en Italie en septembre 1581 que l’annonce de son élection à la mairie de Bordeaux, succédant à Biron, le fit revenir et assumer sa charge, deux fois deux ans. Cette charge, il l’abandonnera sans gloire, car la peste fera quatorze mille morts à Bordeaux, le ramenant sur ses terres.

En 1588 il publiera une nouvelle édition des Essais augmentés d’un troisième livre et pour cela se rendra à Paris où il rencontrera Marie Le Jars de Gournay qui assurera plus tard, avec l’accord de sa veuve, la postérité de l’écrivain en faisant publier en 1595 une édition posthume des Essais grâce à un travail de corrections des « allongeailles » qu’elle seule était capable de déchiffrer.

Michel de Montaigne mourra le 13 septembre 1592.

Il aura servi fidèlement Henri III dont il fut gentilhomme ordinaire de la chambre. Pris part à la guerre civile en 1577. Le 29 novembre 1577, Montaigne est nommé gentilhomme de la chambre du roi de Navarre, le futur Henri IV et Henri III l’en félicitera.

Il tenta de rapprocher Henri III et son beau-frère Henri de Navarre qui vint chez lui à deux reprises en décembre 1584 chercher de sages conseils et le 23 octobre 1587 après sa victoire de Coutras le roi de Navarre dînera et couchera à Montaigne. Montaigne restera catholique, mais deux de ses soeurs et l'un de ses frères seront des réformés.

Montaigne (1533-1592) est représenté, se consacrant à l'écriture de son livre mais, le maire de Bordeaux (1581-1585) s'est au contraire mêlé « des affaires du monde ». Au milieu des troubles de son temps, il a accompli avec constance les devoirs de son état, celui d'un noble de robe que la finesse de son esprit a fait sortir du rang.

Il passa vingt ans à faire une œuvre parfaite, dont lui seul en est la matière. Après quatre siècles, il reste l’incontournable philosophe et penseur de la Renaissance, de langue française.

….

En 1860, Pierre Magne, Avocat puis Ministre des Finances de Napoléon III, acheta le château et le transforma en un véritable château de plaisance. Ce dernier fut détruit en 1885 par un incendie et reconstruit un an plus tard par la fille de Pierre Magne, Marie Thirion de Montauban.

Aujourd’hui ses descendants, la famille Mähler-Besse occupe les lieux et fait découvrir le château.(1)

Cette succession de « M » Montaigne, Magne, Montauban et Mähler-Besse justifie ce monogramme sculpté à divers endroits de la façade du château de style Renaissance.

Le château est inscrit par arrêté du 29 octobre 2009.

Depuis son acquisition en 1860, la famille s’attache à produire des vins qui expriment la qualité de ce grand terroir. Montaigne a écrit dans ses Essais « Il ne convient pas d’aimer le vin modérément. On pourrait croire que vous tenez ce don de Dieu pour peu de chose »

Le seul vestige du XVIe siècle est cette Tour de la librairie, dans laquelle Montaigne fit son refuge. Une citadelle construite par son père à des fins défensives (on aperçoit encore le chemin de ronde) est classée Monument Historique par arrêté du 28 mars 1952. Une belle occasion de parler de la dynastie des Magne au XIX et XXe siècle, m’est donnée :

Pierre Magne (1806-1879) fut Ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, et plusieurs fois Ministre des finances sous Napoléon III. Propriétaire du château de Lauterie à Trélissac, En 1841 il hérite avec son épouse Célestine du vieux château de Trélissac. Il finira sa vie sur sa nouvelle propriété du château de Montaigne en 1879. Pierre Magne fait partie des hommes qui ont marqué l’histoire contemporaine du Périgord. Il a rendu possible la restauration de la Cathédrale Saint-Front de Périgueux. Il a implanté en Périgord le chemin de fer. À Périgueux il a fait installer les ateliers de la compagnie Paris-Orléans. Ce site inauguré en 1865 fera entrer Périgueux et le quartier du Toulon dans l’ère industrielle. On y réparait les machines à vapeur, les voitures et les wagons qui circulaient sur le réseau de chemin de fer (la SNCF ne datant que de 1938).

Son fils Alfred Magne (1834-1878) marié à Mathilde Werlé, fut Trésorier-Payeur Général du Loiret et directeur du personnel au ministère des finances en 1873. Il occupa de multiples fonctions telles que Conseiller Général de Dordogne ou administrateur de la Compagnie d’Orléans.

Son petit-fils Napoleon Magne (1865-1933), filleul de Napoléon III, épousa sur le tard Isabelle Brocheton. Il se consacra à la gestion de ses terres au Mexique. Il Assura des fonctions politiques sur le département et se conduisit en bienfaiteur en léguant une partie de ses biens à la ville de Périgueux.

Pierre Magne, Alfred Magne et Napoléon Magne auxquels il est logique de rajouter le gendre de Pierre Magne, Albert Thirion-Montauban (1843-1900) haut diplomate sous le Second-Empire, représenteront une véritable dynastie de parlementaires d’Aquitaine.

photos 7et 8 DR


In the town of Saint-Michel de Montaigne in Dordogne, the castle built on the border of Périgord and Bordelais, near Bergerac and Saint-Emilion was a 14th century fortified house acquired in 1477 by Ramon Eyquem, a wealthy wine merchant. from Bordeaux and shipowner thus achieving the noble status of Lord of Montaigne. He will bequeath his property to his children and particularly to Pierre Eyquem, a gentleman who accompanied King François I on his campaign in Italy. Passionate about fine arts and literature, who moved there with his wife Antoinette de Louppes and their eight children, of whom Michel is the eldest. The upbringing of children will mean that young Michel will speak Latin from the age of 7 and make brilliant studies.

His law studies and the relations of his father Pierre Eyquem elected mayor of Bordeaux in 1554, will bring him at only twenty-one years old to succeed him in his office of councilor in Périgueux, then three years later in the Parliament of Bordeaux where he will sit for 16 years. In 1557 he met Etienne de la Boétie, three years his senior, and their friendship which ended with his death due to the plague in 1563 at the age of 32, inspired Montaigne with this famous phrase "Because it 'was him, because it was me'.

In 1565, he married Françoise de la Chassaigne, whose father was also a councilor in the parliament of Bordeaux and had six daughters, of which only Eléonore, survived.

In 1568, when his father died of gravel, a hereditary disease, he found himself at the head of a large fortune and the Montaigne estate where he retired two years later, to devote himself to reading the few thousand works from “his bookshop” on the top floor of his tower. This became his den and he had 57 Greek and Latin maxims from Sacred Scripture engraved on the beams of the ceiling and began his Essays, the first collection of which was published in 1580.

Suffering from gravel (kidney stones) he will leave for fourteen months, his retirement to try thermal cures, with his brother and three young nobles and will first present his Essays to King Henry III before going to Plombières, then to Switzerland. , in Germany and in Italy (Venice, Florence, Rome) where he learned Italian and obtained Roman citizenship. He wrote a travel diary found in 1774 in one of his travel boxes. It was in Italy in September 1581 that the announcement of his election as mayor of Bordeaux, succeeding Biron, made him return and assume his office, twice for two years. This charge, he will abandon it without glory, because the plague will kill fourteen thousand in Bordeaux, bringing him back to his land.

In 1588 he will publish a new edition of the Essais augmentés d'un third livre and for that will go to Paris where he will meet Marie Le Jars de Gournay who will ensure later, with the agreement of his widow, the posterity of the writer in making publish in 1595 a posthumous edition of the Essays thanks to a work of corrections of the "extensions" which only she was able to decipher.

Michel de Montaigne died on September 13, 1592.

He faithfully served Henry III, of whom he was ordinary gentleman of the chamber. Took part in the civil war in 1577. On November 29, 1577, Montaigne was appointed gentleman of the chamber of the King of Navarre, the future Henry IV and Henry III congratulated him.

He tried to bring Henri III and his brother-in-law Henri de Navarre together, who came to his house twice in December 1584 to seek wise advice and on 23 October 1587 after his victory at Coutras the king of Navarre would dine and sleep in Montaigne. He himself will remain Catholic, but two of his sisters and one of his brothers will be Reformed.

Montaigne (1533-1592) is represented, devoting himself to the writing of his book, but the mayor of Bordeaux (1581-1585), on the contrary, got involved in “world affairs”. In the midst of the troubles of his time, he performed with constancy the duties of his state, that of a noble of the robe whom the delicacy of his mind has brought out of rank.

He spent twenty years making a perfect work, of which he alone is the subject, which after four centuries remains the essential French-speaking philosopher and thinker of the Renaissance

….

In 1860, Pierre Magne, Lawyer then Minister of Finance of Napoleon III, bought the castle and transformed it into a real pleasure castle. The latter was destroyed in 1885 by fire and rebuilt a year later by Pierre Magne's daughter, Marie Thirion de Montauban.

Today his descendants, the Mähler-Besse family occupy the premises and show the castle. (1)

This succession of “M” Montaigne, Magne, Montauban and Mähler-Besse justifies this monogram carved in various places on the facade of the Renaissance-style castle.

The castle is registered by decree of October 29, 2009.

Since its acquisition in 1860, the family has worked to produce wines that express the quality of this great terroir. Montaigne wrote in his Essays, “It is not appropriate to love wine moderately. One might think that you take this gift of God for little ”

The only vestige of the 16th century is this Tower of the bookstore, in which Montaigne made his refuge. A citadel built by his father for defensive purposes (the rampart walk can still be seen) is classified as a Historic Monument by decree of March 28, 1952.

And more https://perigordalentour.wixsite.com/website/post/le-château-magne-et-la-naissance-du-nouveau-bourg-de-trélissac



Seuls vestiges du château de ses ancêtres -


Rue des Ecoles à l'avant du square Paul Painlevé, juste en face de la Sorbonne, la statue de Montaigne signée Paul Landowski (1875-1961), fait l’objet d’un rituel superstitieux.

Les étudiants en quête de chance avant les partiels et autres examens, caressent le pied droit du philosophe en proclamant «Salut Montaigne ! ».

château rebâti dés1887 par la fille de Pierre Magne (Mme Marie Thirion de Montauban) aprés l’incendie accidentel du château construit par son père.






la salle haute de la Tour avec ses maximes gravées sur les poutres -


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