Depuis une année je visite les châteaux du Périgord autrement, puisque l’idée est de vous les raconter.
C’est au château de Bourdeilles que l’idée de vous parler de la saga des Bertin s’est imposée en découvrant qu’en 1699 le très riche maître de forge Jean Bertin acquiert Bourdeilles. La propriété de ce château passera à son fils Henri-Léonard Bertin Ministre des Finances de Louis XV et Louis XVI de 1754 à 1789, devenant l’un et l’autre barons du Périgord .
Puis au château de Fratteau à Neuvic (désormais propriété des potiers Delphine et Daniel Piron) qui était fief de la famille Bertin par le mariage en 1705 de Jean Bertin avec Lucrèce de Saint-Chamans.
Ensuite, au château de Badefols d’Ans qu’il acquit en 1726 et revendu en 1753.
Également Aux forges d’Ans à la Boissière d’Ans dont il devint propriétaire dés 1738, avec transmission jusqu’en 1791 à son fils le prestigieux Contrôleur Général des Finances du Roi, Henri-Léonard Bertin. Père et Fils feront connaître aux forges, une grande prospérité et une avancée technologique déterminante aux canons destinés à l’arsenal de Rochefort en imposant Maritz et sa machine à forer les canons.
Enfin au château de la Marquise de Pompadour à Arnac-Pompadour où ce même Henri-Léonard crée en 1763 la jumenterie royale, pour la favorite.
Et je ne serais pas étonnée de les retrouver sur d’autres châteaux ou réalisations économiques.
Donc tout semble brillant et pourtant l’histoire de cette famille comporte une part d’ombre.
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Tout commence en 1699 quand Jean Bertin (1679 - 1754) richissime maître de forges et Conseiller au Parlement de Guyenne, achète la baronnie de Bourdeilles pour devenir le premier baron du Périgord. En 1705, il épouse Lucrèce de Saint-Chamans qui lui apporte le domaine de Fratteau. Le couple aura 14 enfants dont l’aîné Louis-Mathieu, né en 1707, futur Marquis de Fratteaux et Henri-Léonard, né en 1720, futur Ministre de Louis XV et Louis XVI.
Le drame de Louis-Mathieu va se jouer sur une sordide rumeur d’enfant échangé :
« l’enfant mort de la nourrice est le petit Marquis de Fratteaux…. » L’infortune du fils aîné va commencer lorsqu’il atteindra ses seize ans. Son père veut le dépouiller de son droit d’aînesse pour favoriser un de ses frères puînés. Il veut que son aîné entre dans les ordres mais ce fils veut servir le roi dans les armées et il le fera très honorablement puisqu’il sera capitaine de cavalerie, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis et refusera respectueusement mais fermement de se laisser dépouiller. Par une succession de complots sordides, qui obligeront le fils clairement menacé de mort à se réfugier à Londres où son père le fera enlever et obtiendra de Louis XV une lettre de cachet, il finira par se faire embastiller, le 25 mars 1752.
Henri-Léonard, son frère, devenu le puissant Ministre de Louis XV, puis de Louis XVI, l’y maintiendra après le décès de leur père en 1754 et Louis-Mathieu restera en prison 27 ans jusqu’à sa mort le 3 mars 1779 à l’âge de 72 ans. Un détail édifiant, le gouverneur de la Bastille n’était autre que son beau-frère le comte de Jumilhac-Cubjac. Ses autres frères et sœurs tous bien dotés assisteront avec indifférence, à cette persécution orchestrée tant la puissance du père était indiscutable. Jugez-en voici les postes qu'a occupé Jean Bertin : Avocat au parlement de Bordeaux, en 1711 il est trésorier et contrôleur particulier du trésorier des Invalides, de la marine des ports et de l’amirauté de Bordeaux, en 1712 il est noté conseiller du roi au Parlement de Bordeaux. En 1719, il est président-trésorier de France, avant 1724 il était commissaire du roi, lieutenant du maire de la ville de Périgueux, en 1724 il est conseiller du roi, maître des requêtes ordinaires, maître de forge. En 1745, il désigne auprès du roi son fils Henri Léonard Jean baptiste et nul autre pour lui succéder.
nota - on retrouve Fratteau ou Fratteaux selon les sources d’archives -
entrée du château de Bourdeilles de nos jours -
DR - la Bastille au XVIIIeme siècle (Futura-Sciences)
Henri Léonard Jean Baptiste Bertin - (1720 - 1792)
En 1763 Le roi Louis XV va créer pour son ami un secrétariat d’État, le cinquiéme du ministère que l'on désignera comme "le département de Monsieur Bertin". Y sont affectés, pêle-mêle, les manufactures de porcelaine, l'agriculture, les mines, les canaux et la navigation intérieure, les carrosses publics et les fiacres, les messageries, le roulage et la petite poste, les dépôts des chartes, les loteries, la Compagnie des Indes, les manufactures de toiles peintes et de coton et certains biens propres du roi !
Bertin, qui la même année vient d'être élu à l'Académie royale des Sciences, aura ainsi à s'occuper de l'institution des concessions, de leur exploitation, sur les plans administratif et technique. Pendant près de dix-huit années encore, Bertin n'en poursuivra pas moins ses efforts dans deux directions pour lui essentielles, l'agriculture et les mines. Dans la première, après l'Ecole Vétérinaire de Lyon en 1762, il va créer celles de Limoges en 1766, de Maisons-Alfort en 1767. Dès 1765, quatorze sociétés provinciales d'agriculture ont été mises en place par les intendants sous son impulsion. il va veiller, à l'application aux mines de charbon de terre et aux mines métallurgiques de l’arrêt de 1744 qui favorise les compagnies concessionnaires, en dépit de l'hostilité persistante des petits propriétaires.
marque des armoiries des Bertin - photo DR
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