Château de Grignols des comtes de Périgord - Périgord blanc -

Dès le Ve siècle, un château fort fut érigé à l’endroit où subsistent trois mottes castrales et les vestiges d’une tour du Xe siècle. Les vicomtes de Grimoard le possédèrent puis leurs descendants, les Taillefer, les Barrière et les Talleyrand-Périgord.

Le château est construit au XIe siècle par Bernard Boson III de Périgord qui épouse en 1032 en secondes noces, Aina de Montignac, fille de Géraud de Montignac et de Nonia de Grignols qui a apporté la terre de Grignols aux comtes de Périgord. Cette première famille s’éteindra à la fin du XIe siècle.

En 1135, Boson IV comte de Grignols devient comte de Périgord après le décès de son cousin Hélias V Rudel et le « castrum novum de Granholio » est édifié à la pointe de l’éperon naturel triangulaire sur quatre plateaux défensifs reliés par des pont-levis. La demeure élevée sur une terrasse entre deux douves, est organisée autour d’une cour.    

En 1166, Hélie V dit de Talleyrand-Périgord, comte de Périgord et seigneur de Grignols et de Montignac, né en 1152, mort en terre sainte en 1210, avait succédé à son père, lui-même croisé à la 4e croisade. Ce 9^ème comte de Périgord est l’auteur de la branche des comtes de Grignols, devenus princes de Chalais. 

Au début du XIIIe siècle, Archambaud II Talleyrand de Périgord, abandonne à son neveu Boson ler de Talleyrand de Grignols, tous ses droits sur le château et la châtellenie.

Hélie II de Talleyrand, seigneur de Grignols et de Chalais, fils de Boson ler de Talleyrand et de Marguerite de Malemort, prend le parti du roi d’Angleterre et s’installe à Chalais après son mariage en 1277, avec Agnès de Castillon, princesse de Chalais, seule descendante. Les Talleyrand prennent alors le titre de princes de Chalais. Cette orgueilleuse et puissante famille plante sa bannière aux lions d’or grimpant sur fond de gueules. Leur devise est  « Re que Diou ». Elle signifie « il n’est de Roi que Dieu ».

La forteresse de Grignols est un « Bourg Castral », siège d’une châtellenie qui compte 27 chevaliers des comtes de Grignols, habitant dans des logis, allant du XIIIe au XVIIe siècle dans « le fort » du château qui voit se multiplier les tours, les courtines, les fossés, les salles voûtées. Un donjon carré crénelé et deux enceintes secondaires défendent une partie du village et les demeures des coseigneurs.

En 1376, le maréchal de Sancerre fait le siège de Grignols et des châteaux vassaux et obtient la soumission des Talleyrand qui resteront fidèles aux rois de France.

Jean de Talleyrand (1473-1514), chambellan de Charles VIII et chevalier d’honneur d’Anne de Bretagne (la cheminée de la cuisine en porte les roses et les hermines) est à l’origine des deux pavillons d’esprit Renaissance.

En 1584, Grignols est assiégé sans succès par des huguenots de Bergerac mais Turenne prendra le château en 1587, l’année où Daniel de Talleyrand, marquis d’Excideuil, baron de Beauville, de Mareuil et de Grignols, épouse Jeanne-Françoise de Lasseran-Massecôme, fille de Blaise de Monluc. Ils auront neuf enfants. André né vers 1605 sera l’héritier universel de sa mère et recevra la terre de Grignols.

En 1594, quinze mille croquants vont assiéger Grignols pour délivrer les leurs.

Le 6 septembre 1613, par lettres patentes, Daniel de Talleyrand obtient le titre officiel de prince de Chalais et Grignols sera érigé en comté.

Durant la Fronde (1648-1653), le château de Grignols, qui avait résisté à tant de sièges et traversé sans dommage un siècle de guerre anglaise et vingt années de guerres protestantes, va trouver sa ruine lors de cette guerre civile.

En mai et juin 1652, le capitaine Balthazar, qui commande l’armée du prince de Condé, va prendre la ville de Saint-Astier qui tient garnison pour le roi et le château de Beauséjour où le comte de Grignols, André de Talleyrand, seigneur de cette terre, a mis 80 hommes de garnison.

Il tient et maintient le siège devant Grignols qui, durant huit jours, se défend vaillamment. Balthazar va aussi prendre le château de Montanceix du baron d’Argence. Charles de Sainte-Maure, marquis de Montaussier, maréchal de camp des armées du roi, informé de ces évènements, va rassembler ses troupes et se portera à la rescousse du château vassal avec un millier de cavaliers et cinq à six cents fantassins. Mais, le 17 juin, Balthazar avec des forces équivalentes fait tomber aux mains des vainqueurs cinq cents cavaliers sans compter les tués et les blessés.

André de Talleyrand, blessé d’un coup de fusil, réussit à s’échapper. Après cette série de victoires, Balthazar, sans perdre un instant,  revient à Grignols qui capitule le 20 juin 1652, laissant les coseigneurs quitter la place.

Seul, un corps de logis Renaissance est épargné. La comtesse Marie de Courbon, veuve d’André de Talleyrand depuis 1663, y habitera jusqu’en 1681.

En 1789, les révolutionnaires terminent la destruction de la fortification comtale, martelant les blasons. 

L’an 1879 inscrit la fin des Talleyrand à Grignols quand le prince Hélie Louis Roger (1809-1883), sans descendance directe, 3e et dernier duc de Périgord, comte de Grignols, marquis d'Excideuil, prince de Chalais et Grand d'Espagne, en fait la donation effective aux hospices de Chalais. En 1902, les hospices de Chalais vendent cette ancienne forteresse en ruine à André Jouanel qui sauvera Grignols. En 1960, c’est le docteur Pierre Sigaux qui fait reconstruire la tour et les défenses du XIIIe siècle puis revend Grignols à une famille hollandaise qui ouvrira ponctuellement les lieux.

Au début des années 2000, des propriétaires américains achètent le château, restaurent le logis seigneurial et font réouvrir l’entrée d’origine.

Le château fait l’objet d’une protection au titre des Monuments Historiques depuis le 31 mars 1928.

Sources numériques habituelles dont

www,rempart,com - La Fronde « Mémoire du Comté de Grignols »,

- coupure de presse d’un article de 1949 de Monsieur André Jouanel -