Aux XIVe et XVe siécle une maison forte avec deux hautes tours de défense surplombant la vallée, servait à protéger les guets de passage entre le Périgord à l’ouest et le Limousin à l’est et ce jusqu’à la fin de la guerre de cent ans.
En 1521, Alain d’Albret comte de Perigord et vicomte de Limoges, autorise le Béarnais Pascal Dolce à établir une première forge au bord de l’Auvézère, dominée par ce château rappelant l’origine seigneuriale de ses premiers propriétaires.
Le lieu avec des forêts de châtaigniers pour faire le charbon de bois, l’Auvézère pour faire tourner les roues et du minerai à proximité, semble en effet posséder tous les ingrédients pour une possible industrie sidérurgique….C’est le périgourdin Noël Souvelin qui apportera la prospérité aux gens de la forge. Il installe sa famille au château et y fait faire de grands travaux, et il obtient en 1541, droit de château, de châtellenie et de justice sur la forge, la paroisse de Savignac et une vingtaine de hameaux des alentours, qu’il devra rétrocéder à la demande de Jeanne d’Albret. Sa fille Marguerite épouse en 1539 François Pasquet et ce sont eux qui lui succéderont. Le château et la forge restera la propriété des Pasquet durant plusieurs générations.
La forge figurait depuis sa création parmi les grosses forges à bois qui produisaient de la fonte et du fer. Le minerai de fer, le charbon de bois et la force hydraulique des rivières firent longtemps la richesse des maîtres de forge du Périgord qui fabriquaient notamment la fonte des canons de marine. En 1691 Louis XIV est en guerre et a grand besoin de bouches à feu. il rêve de régner en maître sur terre comme sur les mers… Pour ce faire, il lui faut un lieu pour construire et armer ses vaisseaux de guerre. Il choisira Rochefort et la Charente, pour y installer le plus bel arsenal du royaume et fera ainsi la richesse des maîtres de forges dont ceux du pays d’Ans.
L'ère des Pasquet s‘achève en 1665 par le mariage de Françoise fille d’Antoine Pasquet et de Marguerite de Bonneval avec le marquis Pierre de Lubersac et celle des Lubersac se termine en 1796 quand leur fils le marquis Jean-Louis de Lubersac voit le domaine de Savignac-Lédrier vendu comme bien national au maître de forge Boisset-Mimaux fermier des lieux. À son tour il le revendra en 1819 à son fermier Louis Combescot.
A Savignac-Ledrier et son haut-fourneau la fonte grise sera produite jusqu’en 1860 pour les fonderies de Ruelle près d’Angoulême à destination de l’Arsenal. Les paysans constituaient l’essentiel de la main-d’œuvre. Le travail à la forge n’était pas une aliénation car les conditions de vie s’améliorent pour les ouvriers métallurgistes de métier et les paysans qui choisissent de consacrer sept mois de leur vie aux forges, en quête de revenus complémentaires. Les forges apportent du travail et des revenus, aux charbonniers, forgerons, charpentiers, ingénieurs et tout un monde de transporteurs souvent asiniens, ainsi qu’au fourmillement des tâcherons, que génère cette industrie.
La Forge verra plusieurs générations de maîtres de forge en la famille Combescot innovant et inventant sans cesse pour gérer au plus près l’exploitation des forêts et l’approvisionnement en minerai dans un rayon de 25 Kms. L’utilisation de tous les produits transformés par l’incandescence de la matière était rentabilisée au mieux de la technologie.
La plupart des sites de production avaient disparu au XIXe siècle, mais la forge de Savignac-Lédrier a tourné jusqu’en 1930. Au moment même où la forge entamait son inéluctable déclin, un atelier de tréfilerie, produisant des pointes longues, puis essentiellement des clés de boites à sardines perdurera jusqu’en 1975.
La Forge porte le label des Monuments historiques depuis 1979 et se visite et est la propriété du Département de la Dordogne qui y a créé un musée métallurgique.
le bâtiment qui servait de cantine aux « hommes du fer » -
Les bâtiments industriels
photo Alain Descombes DR
lieu de travail et de repos (les bancs de pierres ont vu dormir, bien des hommes du fer).
La force de l’Auvezère -
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