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Photo du rédacteurGlady de Brégeot

La beauté unique des poteries artisanales du château de Fratteau à Neuvic s/L’Isle en Périgord.

Dernière mise à jour : 3 déc. 2021

De ma visite à Fratteau, j’ai surtout envie de vous parler des potiers qui y habitent et pour cela je commence directement à l’époque où le site a été anéanti.

En 1794, le « vieux château de Fratteau » est vendu comme bien national, démantelé pour en faire une carrière de pierres, la chapelle et d’autres structures disparaîtront. Le reste du château est revendu en fermes indivises (qui ne peuvent être revendues sans l´accord de tous).

Au XIXe, le site est peu à peu abandonné. La présence d’un potier est attesté, ce qui peut paraître un présage pour le potier qui va s'intéresser au lieu à qui il faudra impérativement du bois, de l’eau et de l’argile car une carrière existe.

XXe siècle : dans les années 1980, Daniel Piron va être le sauveur. Il est diplômé de

L’école pratique des hautes études de la céramique Française des XIVe et XVe siècles. Il quitte la Provence où il exerce et va s’employer à faire revivre l’ancienne industrie potière de la vallée de l’Isle.

Fratteau est inscrit « site pittoresque de Dordogne » le 11 octobre 1984.

Aujourd’hui, l’ancien fief des Bertin a retrouvé ses cheminées des XVe et XVIe siècles, son porche du XVIIe, ses fenêtres à meneaux et un cluzeau creusé dans la falaise par lequel on accède à la salle commune du logis. C’était un souterrain de défense piégeux avec orifices de tirs, réservé aux gens du château mais peut-être aux habitants qui recherchaient un refuge. Une source à 12 degrés dédiée à Marie-Madeleine sert encore de nos jours.

Fratteau revient de loin, car il aura fallu la volonté farouche et 35 années à cet homme passionné pour redonner à des ruines sur lesquelles la nature avait repris ses droits, l’apparence d’une maison noble. L’ameublement du logis périgourdin a été pensé en esthète.

Une maison sans femme est une maison sans âme et Delphine Piron, céramiste diplômée de l’Ecole de Limoges l’habite « corps et âme ». En effet, jolie magicienne, elle transforme l’argile selon la tradition ancestrale dans une reproduction de four de la fin du moyen âge, qui atteint plus de 1050 degrés pour la création de majolique et de s’graffiato (qui veut dire « incisé à main levée » pour un effet de contraste avec la partie lisse). Pour la salle médiévale du musée souterrain de poterie de Saint-Emilion (Gironde) fermé depuis le 31 septembre 2017 faute de repreneur, Daniel Piron a consacré 18 mois de sa vie de céramiste, pour la réalisation de 50 plaques en reprenant la technique du s’graffiato (gravure à main levée) exactement comme on le faisait au moyen-âge qui racontent l’ histoire de St- Émilion et du Sud-Ouest de 1140 à 1450 à partir de documents d’époque.

Je ne peux pas vous épargner le passage à la carrière présente à Fratteau car ce serait oublier que l’argile avant de devenir tournable est extrait à la bêche, broyée par des rouleaux et malaxée dans une boudineuse à double hélices et seulement après le tournage des poteries artisanales à usage domestique peut commencer.

Il faudrait être présent un matin d’ouverture de la double porte en briques, quand le four est encore à 250 degrés ou revenir pour le défournement en début d’après-midi, Daniel Piron vous expliquerait que depuis son premier four en 1969 construit à l’identique de ceux des potiers de l’antiquité jusqu’au XIXe siècles, Il en est à son 35eme « vieux » four à bois et en a toujours plusieurs à l’extérieur.

La veille, la cuisson d’un dégourdi de poteries après un séchage de plus de deux mois aura été le préambule. Un dégourdi consiste en des pièces précuites. La température devra s’élever doucement jusqu’à 900 degrés sous une surveillance qui aura duré 12 heures.

Le site avec la poterie et un musée de pièces anciennes sont visitables par groupes de 8 personnes minimum avec une porte ouverte le mercredi à 15h ( 06 66 24 26 36 - 06 68 41 89 21)

Voici donc L’histoire du château de Fratteau avant l’arrivée des potiers -

Entre le XIIe et le XIIIe siècle, sur la paroisse de Neuvic, un repaire noble est construit par la famille Frastel, sur une motte castrale occupant la butte de Fratteau.

Il sera confisqué, durant la guerre de 100 ans, par le seigneur de Grignols.

En 1432 et pour trois siècles, il passe dans la maison de Grimoard. Vers 1600, François de Grimoard, seigneur de Fratteau, épouse Lucrèce de Fayolle de Mellet, fille du seigneur de Neuvic. En 1632, leur fils Jean IV Grimoard est nommé Maréchal des camps et armées de Louis XIII. Il aura trois filles qui se partageront les biens. Gabrielle l’une de leurs filles, épouse en 1683 Louis-Mathieu de Saint-Chamans. En 1705 leur fille prénommée aussi Lucrèce épousera Jean Bertin, maître de forges en Périgord, apportant le domaine de Fratteau à la puissante famille de notables de Périgueux.

Des quatorze enfants issus de ce couple deux laisseront une trace dans l’histoire. Louis Mathieu Bertin ne cessera de s’opposer à son père qui finira par le faire embastiller jusqu’à sa mort, après 27 ans d’enfermement. L’autre, plus conforme, Henri Léonard Bertin sera celui sur lequel son père s’appuiera. Henri Léonard Jean Baptiste Bertin est né en 1720, il sera avocat puis conseiller et intendant du Roussillon en 1749 puis de Lyon en 1754 également lieutenant général de police puis contrôleur général des finances. A Partir de 1763 contrôleur des finances, il essaye de lancer une politique économique en France et se fait remarquer sur deux thèmes, création des écoles vétérinaires de Lyon et de Maisons-Alfort et pense créer une école des mines. A cette date, il était considéré comme l’un des meilleurs spécialiste de la métallurgie. Il s'est opposé à Montalembert et a imposé Maritz et sa machine à forer les canons. Les premiers essais furent faits avec succès à la forge d'Ans. Son père était intendant à Limoges et avait déjà des intérêts dans la forges d'Ans sous Louis XIV.

Henri Léonard est également nommé commissaire du roi auprès de la manufacture de Sèvres en 1767 et protecteur de la faïencerie de Bergerac. -

La vie de son père Jean Bertin a tout d’un roman historique avec l’éclat et l’obscur d‘un entrepreneur du XVIIIe siècle. En 1726 il est même propriétaire des terres et seigneureries de Badefols d’Ans et Châtres et fera couler les larmes des Hautefort lorsque Bernard de Hautefort, fils de François, devra revendre les forges de la Boissière d’ans, pour honorer une dette de jeu, à Jean Bertin, au grand damne et procès des filles et petites filles de Bernard qui récupéreront la forge sous Louis XV. Et encore plus impressionnant :

Sous Louis XV de 1720 à 1754, Jean Bertin puis son fils Henri-Léonard Bertin de 1754 à 1789, Ministre des Finances du Roi, seront propriétaires du domaine entier du château de Bourdeilles.

Proche des physiocrates, passionné de culture orientale, de sériciculture, Henri Léonard Bertin tente de créer à Bourdeilles, un élevage de vers à soie et une filature.

Durant son ministère, on lui doit également un Cabinet des Chartes, réunissant un début de collection de documents antérieurs au XVe siècle pour ce qui deviendra le département des manuscrits de la Bibliothèque nationale.

Ensuite arrivera l’époque Révolutionnaire….

Vous pouvez prendre connaissance de mon précédent post concernant Fratteau https://perigordalentour.wixsite.com/website/post/les-potiers-qui-ont-sauvé-le-chateau-de-fratteau-à-neuvic-s-isle-en-périgord














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