top of page
Photo du rédacteurGlady de Brégeot

A la fin du XIXe siécle Jules-Honoré Sécrestat sur son domaine Perigourdin, apporte la modernité -

Dernière mise à jour : 30 déc. 2022

Le château de Lardimalie s’aperçoit au-dessus de Saint-Pierre-de-Chignac à 15 km de Périgueux sur la route de Brive-la-Gaillarde.

Avant de vous parler de Jules Honoré Sécrestat, dont la fin de vie au château de Lardimalie fut un exemple d’humanisme (1) c’est par l’origine de cette terre de la seigneurerie des Foucault de Lardimalie que je dois commencer.

Au XIVe siècle Jean de Foucault de Lardimalie nommé par Henri III à la fonction de gouverneur du comté du Périgord et de la vicomté de Limoges, va implanter sa lignée sur cette portion du territoire et possédera entre autres, ce repaire noble maintes fois attaqué pendant la guerre de cent ans, constitué par un corps de logis flanqué d’un donjon carré….

Au début du XIX° siècle, une fois passée la grande tourmente Révolutionnaire, le dernier Marquis Louis Foucault de Lardimalie qui avait été une des hautes voix de la noblesse pendant la Révolution, mais aussi un viticulteur avisé, entreprit de rajeunir la vieille forteresse de ses ancêtres qui avait connu toutes les guerres et en conservait les marques. il se risqua sous une tour branlante qui s’effondra et l'ensevelit…


- La gloire de Jules-Honoré Sécrestat (1822-1905)

(1) Avant de devenir propriétaire des terres de Lardimalie, Jules-Honoré Sécrestat aura eu le temps de se construire « une légende ». Né à Montignac en1822, sa vie professionnelle s’oriente vers la distillation vinicole. Inventif, ses recherches dans ce domaine lui font créer un apéritif à la gentiane « le bitter Sécrestat » recommandé par le corps médical pour contrer la consommation dévastatrice de l’absinthe. D’autres inventions suivront, tel le Toni Kola faisant de lui un industriel aisé. En 1851 il fonde sa propre entreprise aux Chartrons à Bordeaux et en 1857 il revient en Périgord où il se marie avec Berthe Deiche dont les parents possèdent une propriété au Puy d’Eyliac proche de Saint-Pierre de Chignac. Il se lance dans la politique et devient conseiller général. Précurseur, il allie les bienfaits du progrès à l’aide sociale, instaurant entre autres, des mutuelles pour son personnel.

Aprés le défaite de Sedan, en 1872 il crée des clubs de tirs et des centres pour gymnastes, destinés aux jeunes militaires sportifs du Périgord. De 1882 à 1995 une belle salle à Périgueux sera à la disposition des jeunes, avant de les installer à Boulazac où la mémoire du bienfaiteur est toujours honorée.

Il sait que la ligne de chemins de fer Brive-Bordeaux va faciliter les affaires et en1875 il achète aux enchères la propriété de 400 ha avec le château de Lardimalie. Il fait raser l'aile sud-est et le donjon, remplace la toiture et, avec les matériaux de démolition, fait édifier les terrasses actuelles. Actuellement, le château se compose d'un pavillon central en avant-corps cantonné de deux ailes qui ont, à leur extrémité, chacune un pavillon en légère saillie. Sur le côté nord-est, une tourelle relie le pavillon central au pavillon nord. Une véranda comble le vide entre les deux ailes. L'épaisseur des murs et le gauchissement de l'aile sud-est sont le seul souvenir du château précédent. A l'intérieur, la décoration néo-classique dans le style de l’époque est somptueuse. Le hall d'entrée conserve la porte du jubé de l'abbaye de Vauclaire.

En 1878, il fait appel à Ernest Minvielle meilleur architecte vinicole de son temps pour édifier son usine cours du Médoc à Bordeaux. En 1895, lors de sa venue à Périgueux, Félix Faure remet la légion d’honneur à Jules-Honoré Sécrestat.


En 1897 cet homme d’affaires possède plus de 1 860 ha (15 métairies et 26 fermes) . il va développer non seulement le vignoble mais mettra en place un cheptel de bovins.

Il décide de monter un vignoble de 43 hectares en choisissant, preuve de son génie, les cépages merlot, malbec et cabernet-sauvignon pour le vin rouge – Sauvignon, Sémillon et muscatelle pour le vin blanc, tous greffés sur plants américains. Il plante donc des vignes « au nez du phylloxera » qui sera vaincu.

La même année le domaine obtient le prix d’honneur de la grande culture et le premier prix pour ses vins rouges.

C’est en 1902 qu’il refera appel à Minvieille, quand il décidera de faire construire deux chais à Lardimalie pour le vin rouge et à Taboury pour le vin blanc.

Le plan général du bâtiment est en U, le cuvier occupe le centre de la composition et les deux ailes des chais en retour d'équerre délimitent une «cour d'honneur».

Adepte du modernisme, l'eau courante, des rails, une plaque tournante, des chariots roulants. étuveuse à vapeur, fouloir égrappoir, filtre à vin, en font un édifice industriel.

L'extérieur du bâtiment et son cuvier sur deux niveaux qui contient onze cuves en chêne.

Ses techniques de promotion sont avant-gardiste - les médailles obtenues ornent les étiquettes des bouteilles. Ses démarcheurs parcourent la France entière pour une promotion commerciale et publicitaire. Ses affiches et objets publicitaires esthétiquement choisis vont aussi rajouter à la renommé de sa production.


Il partagera avec son village les acquits techniques de cette fin de siècle tels l’eau courante et l’électricité mais aussi une ligne téléphonique doublée d’une ligne télégraphique au château et dans la commune de Saint-Pierre-de-Chignac. Un soin particulier est apporté aux métairies avec citernes. il fait construire l’écurie, l’orangerie, des serres… les mares sont cimentées, les enclos pour le fumier sont hors de la cour, les étables sont rénovées.

Ses descendants maintiendront le vignoble et commercialiseront leurs vins jusqu‘à la seconde guerre mondiale.

En 1939, plusieurs familles d’Alsaciens évacués de Strasbourg, y trouvriront un refuge.


Depuis 2009 le chai est devenu un musée consacré à la culture de la vigne et à la mémoire de Monsieur Sécrestat décédé en 1905 peu de temps après la construction des chais. Il est inscrit aux monuments historiques depuis le 3 avril 2010.

Ouvert à la visite le chai de Lardimalie est resté dans la même famille depuis cinq générations.

Il est à l’heure actuelle la propriété de la famille de Mullenheim (Christian et Jacqueline descendante des Sécrestat).


En mars 2021, l’agglomération vient de reprendre la gestion du site de Saint-Pierre-de-Chignac et espère faire du temple du vin et de la vigne du Périgord blanc un épicentre du tourisme local.

Chai de Lardimalie - 05 53 35 44 96 ou l’Office de Tourisme Intercommunal du Grand Périgueux - 05 53 53 10 63



Nota bene -Comment ne pas parler de l’illustre Charles de Foucault (1858-1916) qui visita le nouveau château de Saint-Pierre-de-Chignac à l’été 1884, celui même qui disait « Je veux habituer tous les habitants à me regarder comme leur frère, le frère universel ». La vie de Charles de Foucauld est marquée par la conversion et le désir d’aller vers les plus lointains. Il a été béatifié en 2005 par Benoît XVI. Dimanche 15 mai 2022, il a été canonisé à Rome, par le pape François.








la maison du gardien (photo ci-dessus)

Ce pavillon polychrome auquel une tour sera ajoutée aura la fonction de château d'eau avec des bassins d'élévation par centrale électrique à pétrole. Destinée au jardin d'agrément, le bassin relie la maison au château qui comporte 22 pièces sur 3 niveaux.


Le pavillon de pêche en briques et céramique, réservé aux invités, allégorie au vin avec sur le fronton une bouteille de bitter Sécrestat - (sur la route du cimetière et du lavoir) Le pavillon a été construit par Ernest Minvielle également architecte du chai, en 1897.

à la fin du XIXe siècle est créé un lavoir-abreuvoir avec deux grands bassins symétriques (le lavoir de l’ emprunt) à 500 m du bourg, alimenté par une canalisation au niveau du sol. L’évacuation des eaux usées était mécanique.

Des agenouilloirs taillés dans la margelle ont certainement été appréciés.


la maison Sécrestat à l’heure de la publicité -




le château de Lardimalie (vu à l‘arrière)




Son mausolée au cimetière de Saint -Pierre-de-Chignac -




395 vues0 commentaire

Comments


bottom of page