À Grand-Brassac en Périgord Vert, près de Tocane Saint-Apre, le château de Montardy domine une vallée splendide s'étendant sur plusieurs kilomètres. Il est en bordure d'un parc d'arbres séculaires et entouré d'une propriété de 300 hectares. C’est un ancien repaire noble des XVe et XVIe siècles construit sur d’anciens cluzeaux. Le château présente une équerre de logis divers, compénétrés par des tours carrées ou circulaires. La vaste terrasse est limitée par un rempart crénelé, piqué d’échauguettes. La noble famille du Lau, issue d’une famille originaire de Biscaye en Pays Basque espagnol,
installée en Perigord depuis la fin de la guerre de cent ans est à l’origine calviniste,
Elle possédait depuis 1418 les seigneuries de Boueix et de Mouton dans l'actuel département de la Charente.
La guerre de cent ans Guerre a vu les du Lau indifféremment au service des rois de France ou de la couronne d’Angleterre.
Au moment des guerres de religion (1562-1598) réunissant des forces armées, le futur Henri IV propose aux du Lau de se joindre à lui. Les membres de la famille qui se convertissent au catholicisme vers 1630-1640 deviennent d’assidus royalistes. Depuis le début du XVIIe siècle le château est toujours dans la même famille.
Au milieu du XVII° siècle Isaac du Lau maintenu noble en 1666, épouse en1642 sa cousine Gabrielle de Jaubert et ils ont deux fils Armand du Lau seigneur d’Allemans et de Montardit commune de Brassac et François seigneur de Boueix. Le marquis Armand du Lau (1651-1726) marié le 19 janvier 1675 avec Suzanne du Lau dont le père est seigneur de Champniers, est un seigneur-philosophe qui préfigure le Siècle des Lumières. Il entretient des relations avec tout un monde d’érudits. Arnauld et Fénelon sont reçus à Champniers, Bossuet et le célèbre Père Malebranche qui est venu en 1682 à Grand Brassac.
Armand du Lau est âgé seulement de 23 ans lorsqu'il le découvre. A partir de 1674, totalement acquis à ce que l'on appelle « la philosophie nouvelle », ou « la philosophie des idées », il devient le correspondant et l'ami du philosophe, son interprète, son avocat. A la mort de son Père Isaac considéré lui aussi comme un homme d’esprit, il achète une charge d‘écuyer de la Reine Marie-Thérèse (1638-1683) peu lucrative et à temps partiel « Par quartier d’octobre à janvier« et se trouve introduit à la cour. A la mort de la reine, Il se retire en Périgord à l'âge de 32ans échangeant par lettres avec l’oratien.
Le château de Montardy devient une véritable petite cour s’intéressant aux choses de l’esprit.
Son fils Jean-Armand marquis d’Allemans épouse Antoinette de Beaupoil en 1712 Au fil du temps la famille contracte de nombreuses alliances avec des familles limousines: La Fillolie, Beaupoil de Saint-Aulaire, Royère, Beauvais notamment. A la Révolution, tout ce qui peut rappeler la féodalité est détruit. La muraille qui entoure une grande cour est démolie. Un portail, un donjon, une tourelle, deux pavillons comportant des créneaux subissent le même sort, La tour carrée contenant un escalier monumental est arasée. Seul le vaste logis est épargné. En 1871 le château est la proie des flammes entraînant la destruction de son aile orientale qui contenait une magnifique bibliothèque. Au XIXe siècle, les ailes sud et ouest du logis des XVIe et XVIIIe siècles sont restaurées sur des bases remontant au XIVe siècle. L’aile ouest flanquée de deux tours et logeant l’ancien pont-levis est bordée d’un fossé. L’une des tours abrite la Chapelle située près d’un cluzeau. Elle conserve une piéta de pierre du XVIe aux armes de la famille. L’ensemble repose sur des caves voûtées sur croisée d’ogives. Comme il est de coutume depuis des siècles le château continue d’accueillir des hôtes du monde entier. L’aile droite du château a été restaurée à cet effet. Le roi Edward VII (1841-1910) venait y passer ses vacances et y chasser en ami. Peter Shaffer (1926-2016) a également été un personnage emblématique qui est venu séjourner à plusieurs reprises au château. Toutes ses pièces de théâtre, dont « Amadeus », ont été écrites au Château de Montardy. Aujourd’hui La même famille y demeure et regarde vers l’avenir en envisageant de développer à grande échelle, une école de tir avec un parcours de chasse. C'est une propriété privée.
Ref - bans et arrière bans Noblesse du Périgord 1689-1692 - Comte de Saint-Saud
SHAP 2005 tome CXXXII JRD de la R.
Les photos 1 - 2 et 3 sont de Maryanick Gaultier
photo DR
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