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Photo du rédacteurGlady de Brégeot

1 000 ans de l’histoire d’Aubeterre-sur-Dronne en Charente, voisine de la Dordogne

Dernière mise à jour : 27 oct.

Aubeterre détient depuis 1993 la marque de « Plus Beaux Villages de France », et en plus, son histoire est inspirante.

En 1004, le château a été édifié sur la butte dans laquelle avait été creusée au VIIe siècle l'église monolithe. Albaterra » Alba terra signifie Blanche terre, car un roc à pic de craie blanche domine le bourg

En 1152, Aliénor d'Aquitaine épouse Henri Plantagenêt futur Roi d'Angleterre. Cet acte, bien loin de l'histoire de la petite commune d’Aubeterre, eut pour conséquence la scission de la France et le début de la guerre de Cent Ans. Le château positionné aux confins de 3 provinces (Angoumois, Saintonge, Périgord), est la cible de nombreuses attaques Anglaises et Françaises. Au XIIe siècle, Pierre de Castillon, seigneur d'Aubeterre, à son retour de croisade, fait agrandir considérablement l’église monolithe Saint-Jean, par une communauté de moines bénédictins.(1)

En 1278 la fille du seigneur d’Aubeterre épouse Pierre Raymond seigneur d’Ozillac. La famille Raymond conservera Aubeterre pendant tout le XIVe suècke et sera du côté du roi de France contre les Anglais pendant la guerre de cent ans.

Entre 1356 et 1412 la seigneurerie d’Aubeterre changera de mains entre les Anglais et les Français.

La petite fille de Gardrad Raymond épouse Guy Bouchard et Aubeterre restera aux mains des Bouchard pendant deux siècles.

En 1453, à la fin de la guerre de Cent ans, le Baron François II Bouchard seigneur d'Aubeterre, marié à Isabelle de Saint-Seigne, fait reconstruire le château qui en a bien besoin et redonne de la vigueur et de la puissance à la petite commune.

Son fils né en 1522 appelé également François III Bouchard d’Aubeterre, est un chevalier qui fera beaucoup parler de lui en participant à la conjuration d’Amboise également appelée tumulte d’Amboise de mars 1560. Il s’agit de la tentative d'enlèvement manquée de la personne du roi François II, organisée par des gentilhommes protestants. Ceux-ci voulaient soustraire le roi à la tutelle des Guise, qu'ils jugeaient trop proches de lui. L'événement annonce les guerres de Religion à venir (1562-1598).

Antoine de Bourbon refuse de diriger la conjuration et Condé va la laisser s’organiser sous le commandement de Jean du Barry, seigneur de la Renaudie, gentilhomme du Périgord, qui a réuni d’autres gentilshommes venus de toute la France, ainsi que des bourgeois des villes d’Orléans, Tours et Lyon, et qui vont assiéger Amboise où la cour est installée. François Bouchard d’Aubeterre va particulièrement s’y impliquer allant jusqu’à vendre ses terres pour organiser cette conjuration.

François Bouchard sera fait prisonnier et ses biens seront confisqués au profit de Jacques d’Albon, maréchal de Saint-André.

En 1563 à la demande de Condé, il rejoindra les seigneurs huguenots à St-Jean-d’Angely.

Chef de la troupe de Saintonge, il défendra Tours.

Il se retirera ruiné à Genève sous le nom de Saint-Martin-de-La-Coudre et se remariera en 1566 à Genève à Gabrielle Lauresanne. Il rentrera dans sa patrie à la mort de son père, sans son épouse ni son fils David.

Soldat aguerri et glorieux, il reste un homme sur qui Condé et Henri IV comptent.

Le 6 avril 1569, le parlement de Bordeaux prend un arrêt de mort contre lui et les autres chefs protestants de la Guyenne, de l’Aunis et de la Saintonge.

Il finira assassiné par un chef catholique en 1573. En novembre 1574 Pierre de Bourdeille est nommé responsable du château d’Aubeterre.

Le fils de François, David a dix ans à la mort de son père et il sera rapatrié, abjurera le protestantisme et retrouvera le château d’Aubeterre en se mettant au service de la ligue catholique du duc de Mayenne puis d’Henri IV. Il se mariera avec Renée de Bourdeille et sera Sénéchal du Perigord de 1582 à 1593 date de sa mort des suites d’une blessure reçue au siège de Lisle en Périgord par les ligueurs.


En 1597, François d'Esparbès de Lussan, aux idées protestantes, fidèle compagnon d’Henri IV, épouse la fille unique de Renée de Bourdeille et de David Bouchard, nommée Hippolyte et devient vicomte d’Aubeterre et Maréchal de France en 1620. ils auront 12 enfants dont 7 garçons. La ville élevée en Marquisat est très prospère et le faste qui ne durera que 70 ans, rejaillit aussi sur le magnifique château de Bonnes à quelques kilomètres, par un mariage entre Marie de Pompadour, demoiselle de Bonnes avec le cadet le comte François II d’Esparbes de Lussan d’Aubeterre.

Ce dernier puis son fils Pierre, comte de Bonnes, d’Aubeterre et de Jonzac, furent Lieutenants Généraux des Armées du Roi, et créèrent les Régiments Aubeterre-Infanterie et Aubeterre-Cavalerie, participant à toutes les guerres contre l’Empire et les Habsbourg et l’Angleterre qui dessinèrent les frontières Nord et Est de la France.

Au XVIIIe siècle, la juridiction d’Aubeterre s’étendait sur 19 paroisses et 40 fiefs.

En 1817, le Chevalier Bourbon-Conti est propriétaire du lieu, il le revend à un marchand de biens qui le démantèle puis revend chaque pierre, chaque décoration.

Au XXe siècle, madame Moulinier va acheter les ruines et tenter de les sauver. Ensuite l'ensemble des vestiges sera encore vendu à un Britannique mister Horny qui en a fait dans les années 1970 une luxueuse résidence entourée de son parc.

La poterne, le logis, la chapelle Renaissance ainsi que les vestiges de l'enceinte et de la tour Saint-Jean ont été inscrits monument historique le 1er mars 1973.


Juste un peu d’histoire contemporaine - Roger Vivier styliste a chaussé pendant près de 60 ans, les pieds les plus prestigieux. Il fut propriétaire de 1976 à 1990 du château d’Aubeterre– Il y a reçu le gratin du monde des arts, grand collectionneur lui-même on pouvait voir sur les pierres du moyen-âge du château des œuvres d’Atlan, Poliakoff, Hartung, César… et des collections d’art africain sur un mobilier d’exception.

On vous parlera peut-être de François Mitterand qui entretenait avec Aubeterre un lien viscéral, car ses grands parents étaient originaires de Nabinaud petit village voisin . A l’Elysée, une photographie de la modeste église de Nabinaud trônait sur la cheminée de son bureau.

Ou encore en passant place Merkès-Merval on vous renseignera sur ce nom du à deux grandes vedettes de l'art lyrique des années 1940 à 1990, Marcel Merkès et Paulette Merval dont la famille conserve le domaine de Baisevigne. Vous emprunterez le passage voûté qui conduit à la place Trarieux, du nom de Ludovic Trarieux, fondateur de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen, natif d’Aubeterre.



(1)Cette église rupestre abrite un ensemble unique comprenant un imposant reliquaire en pierre (6 mètres de hauteur), joyau de l'art roman, une fosse à reliques, une cuve baptismale paléochrétienne ornée d'une croix grecque et une crypte. La chapelle primitive, creusée au VIIe siècle renferme près de 80 sarcophages médiévaux. Ces tombeaux ont été découverts entre 1958 et 1961.

L'église Saint-Jean est une des principales églises monolithes de France. Dans la région vous pourrez voir l’église monolithe de Saint-Emilion et la chapelle de l'ermitage Saint-Martial de Mortagne-sur-Gironde.

Elle est classée monument historique depuis le 3 septembre 1912.


Et puis, Aubeterre vous montrera tous ses autres sites historiques –

le charme du village qui semble un village Anglais en Aquitaine avec ses commerces « so british », incite à une flânerie qui permet de découvrir l'église Saint-Jacques, sérieusement endommagée durant les guerres de religion, qui a été presque entièrement reconstruite à partir de 1710. Elle conserve une imposante façade de style roman saintongeais, datée du XIIe siècle avec un portail dont un arc polylobé trahit des influences hispano-mauresques, classée monument historique depuis 1862.

La petite cité conserve encore plusieurs couvents, un ancien hospice, et un certain nombre de maisons pimpantes anciennes, accrochées au relief.

Le couvent des Minimes, avec un cloître jouxtant La Chapelle, fondé en 1617, est aujourd'hui une maison de retraite. L'ensemble est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 29 août 1991.

Le couvent des Clarisses, fondé en 1620, est aujourd'hui une propriété privée. la congrégation des Soeurs de Sainte-Claire s'installe dans le village...Elles accueillaient les filles de bonne famille venues se retirer dans ce couvent...Après la Révolution, l'ancien couvent comme les autres biens religieux sont vendus en biens nationaux....Depuis ce jour, l'ancien couvent des Clarisses est une grande propriété privée dont la façade s'ouvre par un porche surmonté d'une tour début XVIIe siècle surmontée de mâchicoulis sur consoles et d'un chemin de ronde témoignant du passé militaire du bâtiment.....(sources:aubeterre)..

L'ancien hospice Saint-François, qui date pour l'essentiel du XIVe siècle, fut édifié afin de porter secours aux pèlerins, malades et indigents.

La tour des Apôtres (ou tour Henri-IV) : c'est dans cette tour qu'Henri de Navarre aurait dormi le 19 octobre 1587, veille de la bataille de Coutras. Le futur Henri IV écrasera à Coutras l’armée d’Henri III, commandée par le duc de Joyeuse.

Photos 1 et 4 - Bernard Mazeau DR

Photos 11 et 12 Maryanick Gaultier - château et couvent des Clarisses





Place Merkès-Merval



Eglise monolithe Saint-Jean

Eglise Saint-Jacques et Buste d’Henri IV dans l’Eglise Saint-Jacques -

- Place Trarieux - buste de Ludovic Trarieux et façade d’une maison à l’angle gauche de la place -


château

Couvent des Clarisses

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