« .L'histoire écrite du village débute en 1158, quand pour la première fois il est fait mention d'Ajat dans un cartulaire de Cadouin, sous sa forme latinisée d'Abzacum. Au XIIIe siècle, Ajat devient une commanderie de Templiers. A cette époque le village a déjà son église, construite au XIIe siècle. Ajat montre un château construit sur les bases d'un château du XIIIe siècle administré par les Templiers... »
A partir du XIIe siècle, le village d’Ajat (qui s’est appelé Abiat, Abzat, Ajac d’Hautefort) a été une étape sur une voie secondaire pour les pélerins qui se rendaient à Saint-Jacques de Compostelle.
Donc au XIIIe siècle Ajat devient une commanderie de Templiers. L’ abbaye de Bauzens leur appartient. A cette époque le village a déjà son église Saint-Martin construite au XIIème siècle avec le renforcement du système de défense de l’église. Le chevet polygonal rehaussé est devenu un donjon. Au matin du vendredi 13 octobre 1307, tous les Templiers de France, soit plusieurs milliers, sont arrêtés sur ordre du roi Philippe IV Le Bel, petit-fils de Saint Louis.
En Dordogne, ce sont soixante-dix templiers, qui avaient refusé de contribuer à la rançon de Saint-Louis, qui furent emprisonnés à la « Porte de la Tour« à Domme.
Ce sera la fin d’une période de prospérité générée par la mise en culture des terres et des causses autour d’Ajat. les Templiers payant mieux, les paysans choisissaient de les rejoindre.
En 1340 débute la Guerre de cent ans, Ajat tient une position stratégique verrouillant l’est, le Sud et le Nord..
les seigneurs de la Cropte qui se sont illustrés aux croisades seront seigneurs d’Ajat jusqu’en 1517.
Le château a été édifié aux XIVe puis XVIIe siècles sur les bases d’un château-fort. Deux corps de logis couronnés de mâchicoulis et de chemin de ronde subsistent. Un pont-levis reliait le château à l’église Saint -Martin qui effectivement semblent encore ne faire qu’un édifice. Alain d’Albret comte de Perigord vendra nombre de ses fiefs du Périgord et du Limousin, dont Ajat à Dauphin Pastoureau et Javerlhac au tout début du XVIe siècle.
A la fin du XVIe siècle, Ajat devient une possession de la puissante Maison de Hautefort –
François premier Marquis de Hautefort (1547-1640) compagnon d’armes d’Heni IV devient seigneur d’Ajat. Décédé à l’âge de 92 ans après avoir vécu à la Cour, gentilhomme de la chambre d’Henri III et Capitaine de cent hommes d’armes de ses ordonnances , il aura servi sous quatre rois (Charles IX (1560-1574)-Henri III (1574-1589) - Henri IV (1589-1610)- Louis XIII ( 1610-1643), Il est dit qu‘il aurait laissė ici et là de nombreux batards. Sa sépulture est toujours dans l’Eglise Saint-Martin.
fin XVIIe - 1691 Louis XIV est en guerre et a grand besoin de bouches à feu.
François de Hautefort Troisième fils de René de Hautefort de la branche cadette et de Jeanne de Marqueyssac d’Ans et petit-fils du premier Marquis de Hautefort, est l’homme de la situation. il rachète le moulin à papier de la Boissière d’Ans profitant du site propice à ses futures installations hydrauliques et y fait construire un haut-fourneau double. Le château de Vaudres à Gabillou (pays d’Ans) au centre d‘un domaine de quelques 1195 hectares possession de la branche cadette de la famille d’Hautefort depuis 1405 (mariage d’Eric d’Hautefort avec Marthe de la Chassagne, dame de Gabillou) est le fief de la branche cadette de la famille de Hautefort.
Le Château de Vaudres connaîtra son apogée en devenant le centre névralgique de cette industrie métallurgique grâce à la rectitude des chemins. Le causse où les sites d’extraction du minerai ou de la castine (pierrailles calcaires servant de fondant) s’y trouve toujours.
Le Roi rêve de régner en maître sur terre comme sur les mers… Pour ce faire, il lui faut un lieu pour construire et armer ses vaisseaux de guerre. Il choisira Rochefort et la Charente, pour y installer le plus bel arsenal du royaume et fera ainsi la richesse des maîtres de forges dont ceux du pays d’Ans tout proche et de la fameuse route des canons qui fera travailler toute la population dont les conditions de vie s’améliorent pour les ouvriers métallurgistes de métier et les paysans en quête de revenus complémentaires, mais aussi les charbonniers, forgerons, charpentiers, régisseurs et ingénieurs et tout un monde de transporteurs souvent asiniens (avec des ânes), des gabariers, ainsi que le fourmillement des tâcherons, que génère cette industrie.
la fortune de la grande et petite noblesse est liée à l’activité de maîtres de forge, un des rares métiers que la noblesse pouvait exercer sans déroger à sa condition.
François « Monsieur d’Ans » Marquis d’Ans-Hautefort, chevalier, seigneur d’Ans, Abzac, Ajat et Bauzens, formera la branche d’Ajat qui se trouve sur le trajet qui conduit au port de Peyzac-le-Moustiers sur la Vézère. Marié en 1661 à Jeanne d’Abzac de Ladouze, ils habiteront le château d’Ajat qui verra ses dernières transformations.
Leur fils Bernard nouveau marquis d’Ajat, va devoir céder la forge en 1738 à un ancien camarade de régiment Louis Chapon du Bâtiment qui lui réclame une créance. Cette créance sera revendue à Jean Bertin maître de forges qui a pour fils Henri Léonard Jean Bertin Ministre des finances de Louis XV et Louis XVI. Jean Bertin et son illustre fils feront connaître aux forges, une belle prospérité. Cependant, la fille de Bernard Marie-Thérèse de Hautefort qui avait épousé en 1741 le comte Jacques Arlot de la Roque et sa petite-fille la Marquise Suzanne-Thérèse de Taillefer récupéreront les forges d’Ans après un long procés.
La Forge passera en 1791 à Jean Festugière qui en était déjà gestionnaire.
Les descendants de Marie-Thérèse d’Hautefort et de Jacques Arlot de la Roque conserveront le château jusqu’en 1870. Un portail du XVIIIe siècle porte les armoiries des Hautefort et des Arlot.
Jules-Armand de Cézac le rachètera ensuite.
Les intérieurs du château ont conservés leurs anciens plafonds à solives et des boiseries du XVIIe siècle. Il a fait l’objet d’une importante restauration à la fin du XXe siècle par des propriétaires privés, qui n’ouvrent le château que ponctuellement.
Le château a été inscrit aux Monuments Historiques en 1925.
En 2020 Les abords du château et de L’église Saint-Martin ont bénéficié de l’embellissement récent du Centre Bourg.
photo 2- Camille Glc
La partie cachée du château d’Ajat -
La croix templière dans l’Eglise Saint-Martin
blason des de la Cropte - et également en Sicile villa romana del Casale.
oratoire de Lespinasse
église XIIe Saint-Barthélémy de Bauzans - la partie derrière le porche est restée »sans toit » - rattachée à l’abbaye Saint -Pierre es-Liens de Tourtoirac
partie sans toit -
ce sera mon rendez-vous sur le Courrier Français Edition Dordogne du 16 avril 2021 -
Je vous remercie pour cet article remarquable.
Vous mentionnez la présence des seigneurs de la Cropte aux Croisades; pouvez-vous m'indiquer la source que vous avez utilisée : une chronique ancienne ? une charte ?
Bien cordialement,
Alain de Bézenac
Magnifique PERIGORD et ses châteaux