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  • Photo du rédacteurGlady de Brégeot

Quand Brantôme « l’énigmatique » vous est contée -Périgord vert -

Dernière mise à jour : 12 sept. 2023

Le sérieux magazine Géo a écrit sous forme de charade, un brin sarcastique quand même : « Mon premier est une église abbatiale mainte fois détruites mais dont la fondation est censée avoir été commandée par Charlemagne en personne pour abriter les reliques supposées de Saint-Sicaire, un nourrisson qui fut l’une des victimes du massacre des Innocents dans la région de Bethléem, ordonné par Hérode après la naissance de Jésus. Mon deuxième est une vaste grotte aux cavités bistres suintant l’occulte, un refuge troglodytique où des illuminés sculptèrent jadis dans le plus grand secret une scène du jugement dernier, qui fait encore froid dans le dos… » On peut en sourire et raconter l’histoire de Brantôme, de façon traditionnelle :

Brantôme est blottie entre deux bras de la Dronne au nord de la Dordogne.

A l'époque préhistorique, les hommes occupaient les surplombs rocheux creusés par cette rivière. Le dolmen de Peyrelevade (dit "Pierre Levée") est le témoignage des rites religieux de cette époque. Dès le 8e siècle, les moines bénédictins profitent de l'abri naturel offert par la falaise pour s'y installer et sculptent d’étranges fresques dans la pierre. La tradition nous dit qu'elle fut consacrée par Charlemagne qui y déposa les reliques de Saint-Sicaire, enfant martyr. On lui attribue la construction du plus ancien campanile de France, clocher édifié sur le surplomb rocheux, jamais modifié depuis le XIe siècle.

Détruit lors des invasions normandes de la fin du premier millénaire, L’abbaye subira les assauts anglais et sera reconstruite au XVe siècle dans un style gothique. Au XVIe siècle, l'abbaye continue à se développer avec un palais et un jardin abbatial de style Renaissance.

Pierre de Bourdeille dit de Brantôme (14 avril 1535- 5 juillet 1614), est le fils du Baron François de Bourdeille et d’Anne de Vivonne dont la mère Louise de Daillon du Lude était dame d’honneur de la reine de Navarre Marguerite d’Angoulême sœur de François ler.

C’est pour honorer les services de son frère puiné Jean, tombé à Hesdin en 1553, qu’Henri II en 1556 lui donnera en commende l’abbaye Saint-Pierre de Brantôme dont il devra porter le nom. Il en prendra possession le 15 juillet 1558 devenant abbé et seigneur de Brantôme, assurant ainsi la succession de son cousin Pierre de Mareuil évêque de Lavaur et abbé de Brantôme de 1538 à 1556.

Les réformés vinrent deux fois au monastère de Brantôme. Présent en octobre 1569 il accueille l’amiral de Coligny qui vient d’être battu à Moncontour par le duc d’Anjou, venu avec Guillaume le Taciturne prince d’Orange et son frère le comte Ludovic de Nassau, pour piller l’abbaye fort riche et prospère, comme tous les lieux catholiques sur leur chemin, le futur Henri IV âgé de 15 ans fait partie de l’expédition.

Pierre de Bourdeille obtient que l’abbaye soit protégée mais en compensation, il fermera les yeux sur les 260 paysans qui seront massacrés dans une salle basse du château de La Chapelle-Faucher situé à 10 km à l’Est.…. absent la seconde fois, les protestants respectèrent cependant l’abbaye.

En 1582 il va rompre avec Henri III qui malgré sa promesse de le nommer Sénéchal du Périgord à la mort de son frère André, lui préféra David Bouchard Vicomte d’Aubeterre, chevalier des ordres du Roi (gendre de Jacquette de Bourdeille que Pierre de Bourdeille aura adulé ne pouvant épouser la veuve de son frère).


Le Seigneur de Brantôme est un écrivain français surtout connu pour ses écrits relatant sa vie de courtisan et de soldat. Abbé laïc (ou séculier) ll s’illustra aussi bien par les armes que par la plume. La plume fut sans doute un exutoire , quand vers 1584 une mauvaise chute de Cheval le condamna à l’inaction. Il se réfugia en son château de Richemont, devenu misanthrope parce qu’il avait dû quitter le monde et misogyne parce qu’il avait dû renoncer aux femmes. Les «vies des dames » accumulent les anecdotes scandaleuses, puis les « Vies des grands capitaines«  sont des biographies peu sûres, mais très vivantes.

Et encore -

La vieille ville oscille entre moyen-âge et Renaissance avec des bâtisses telles que la Porte des Réformés ou l'ancienne église Notre Dame. Les ruelles bordées de maisons du XVIe siècle avec des jardins de curés sont très prisées par nos amis anglais. A proximité de l'abbaye on appréciera les anciens jardins de l'abbaye où se dresse la fontaine Médicis ainsi que la tour St Roch. Elle fut construite au XIIe siècle et fermait autrefois l'enceinte de l'abbaye. Elle était sans doute complétée par une seconde tour qu'a remplacé l'élégante bâtisse du Pavillon Renaissance.

Ce n'est pas pour rien que Raymond Poincaré, en visite officielle en 1913, la surnomma la Venise du Périgord, nom qui lui restera.



Mais Brantôme l’énigmatique continue à inciter à découvrir encore l’histoire. Rue Joussen (ancienne rue de la Miséricorde), Sur une centaine de mètres, il faudra lire les panneaux didactiques apposés sur les maisons ayant pignons sur rue, et vous vous prendrez au jeu qui consiste « à en imaginer plus ».

- Au 4 une maison Renaissance récemment ravalée avec ses pilastres sculptés,

- Au 7 une bâtisse XIVe de style italien dont il faudra faire le tour pour admirer les vestiges des cheminées monumentales. Rien que son nom interpelle « maison dite des Marchands Vénitiens » ou « masures nobles de Bourzels» - le panneau dit qu’aux XIIIe et XIVe siècles beaucoup de maisons de ville étaient ouvertes au rez-de-chaussée pour servir d’échoppes, avec de grandes baies en galerie en étages. Une magnifique fenêtre avec son remplage gothique, subsiste. Les autres ont été transformées en fenêtres à meneaux au XVe siècle.

- Rue Lacouture, rejoignant la rue Joussen, l’ancien hospice civil et militaire du XVIIIe siècle,

- avant la Passerelle Eiffel, enjambant la Dronne, l’ancien couvent des « Dames de la foi » datant du XVIe siècle.

Devant vous, au bout de la passerelle, le château de la Hierce caché, dans les arbres, s’entrevoit. Si vous avez la chance d’y entrer, vous serez charmés par l’élégance originelle du lieu, bâti à la Renaissance en bordure de la Dronne, dans un site occupé depuis plusieurs milliers d’années, comme en témoignent les habitats troglodytiques attenant au château.

Et si vous êtes passés devant le point de vue sur le pont coudé, ne repartez pas sans voir, le jardin d’agrément de Pierre de Mareuil et son pont coudé du XVIe siècle,

Pierre de Mareuil abbé de Brantôme de 1538 à 1556, était très attaché à ce jardin d’agrément. Trois reposoirs aux motifs Renaissance Italienne viennent orner ses allées. Ses cousins le surnommaient « mon cousin du Pont » ou « Monsieur du Verger ».

Un pont coudé du XVIe siècle, dont l’entrée est marquée par un élégant pavillon Renaissance permet d’y accéder. Il doit sa forme originale à la nécessité d’enjamber la Dronne et son bief qui enserrent la cité.

Un bief est un Canal qui sert à conduire les eaux à la roue d’un moulin à eau.

Celui de Brantôme date du XVIe siècle, le Moulin de Vigonac est baigné par les eaux de la Dronne. Ancienne dépendance de l’Abbaye de Brantôme, il était exploité par les moines bénédictins et on y produisait de la farine mais aussi de l’huile. Il sera ensuite vendu à la révolution française.

Le Moulin de Vigonac renaîtra au début du 20° siècle dans une activité de confection de chaussures et de pantoufles… Désormais le lieu entièrement réhabilité est un hôtel restaurant 4 étoiles qui honore Brantôme.


l’Abbaye

le pont coudé et le jardin du cousin Pierre de Mareuil


la maison dite « des Marchands Vénitiens »









Le château de la Hierce





Abris naturels dans la falaise -

le jugement dernier

en haut le pigeonnier -

À droite Gravure XVIIe dans la roche -

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