A une dizaine de kilomètres de Sarlat, le château de Castelnaud-la-Chapelle surplombe la Dordogne faisant face au château de Beynac-et-Cazenac.
Au XIIe siècle, le premier château est entre les mains de Bernard de Casnac fervent défenseur de la foi cathare, qui possédait les places fortes de Domme, d’Alliac et Montfort. Ce premier Castelnaud sera détruit durant la croisade des Albigeois en 1214 menée par les armées de Simon de Montfort. En 1259, le traité de Paris partage le Périgord et le Quercy entre le roi de France Saint-Louis et celui d’Angleterre Henri III. Un nouveau château est alors rebâti pour consolider les positions des deux partis. La défense de Castelnaud est alors toute entière tournée vers la colline nord qui surplombe l’éperon rocheux sur lequel il est bâti. A l‘Est depuis sa falaise dominant la Dordogne, le château de Beynac son rival, semble le défier.
Louée durant quelques années au roi d’Angleterre, les seigneurs de Castelnaud réinvestissent leur forteresse à la fin du XIIIe siècle.
En 1368 la dernière héritière de Castelnaud, Magne de Castelnaud épouse Nompar de Caumont. ils auront un fils Guilhem. Les Caumont deviennent alors seigneurs de Castelnaud, de Berbiguières et de ses six paroisses. i
Nous sommes alors en pleine guerre de cent ans et Castelnaud est une place d’autant plus stratégique que Nompar « tient pour l’Anglais ». Il meurt en 1401 et sa veuve va se trouver contrainte contrainte d’épouser Pons de Beynac.
Quarante ans plus tard, Castelnaud est définitivement pris sans coup férir pour le compte du roi de France Charles VII. Pascal de Theil capitaine de la place, s’est en effet rendu contre la vie sauve et quelques centaines d’écus, après trois semaines de siège. Charles VII l’attribue à Brandelis (1417-1461) fils de Guilhem de Caumont et de Jeanne de Cardaillac.
C’est avec la dot Marguerite de Blois-Chatillon épousée en 1444 que Brandelis fera reconstruire Castelnaud démantelé en 1442.
Leur fils François de Caumont (1445-1513) sera le bâtisseur du château des Milandes.
Castelnaud ne semble pas avoir joué un grand rôle lors des premières guerres de religion, bien que son capitaine ait été l’un des principaux chefs protestants du Sud-Ouest, le fameux Geoffroy de Vivans.
Jusqu’au début du XVIIe siècle, les seigneurs de Caumont continuent d’adapter leur forteresse aux évolutions militaires et aux progrès de l’artillerie. Les impératifs de défense demeurent et une nouvelle enceinte percée de canonnières protège désormais la basse-cour et un bastion vient barrer le côté nord. Une imposante tour ronde dite « tour d’artillerie » achève de verrouiller les accès à la forteresse, car les Caumont devenus ducs de la Force ne négligeront pas complètement Castelnaud qui sera réaménagé jusqu’en 1700.
A la Révolution, les Caumont qui détiennent toujours Castelnaud sont dessaisis de leurs biens.
Le château est alors vendu comme bien national et utilisé comme carrière de pierres.
En 1965 Véronique Née Seydoux et Philippe Rossillon énarque, diplomate et maire de Beynac-et Cazenac, rachètent la ruine du château de Castelnaud pour la restaurer et l’ouvrir à la visite. L’édifice est classé en 1966.
Par la suite leur fils Kléber Roussillon, polytechnicien, quitte sa carrière dans l’aéronautique pour se consacrer à cette passion héréditaire.
En 1985, le château ouvre au public. Il abrite désormais le musée de la guerre au Moyen Âge, déployé dans les salles du logis seigneurial. Le fonds de la collection est aujourd’hui constitué de plus de 250 pièces d’armes et d’armures du XIIIe au XVIIe siècle, ainsi que d’imposantes reconstitutions d’engins de siège grandeur nature positionnés pour l’attaque. Mobilier, décors peints et de courts films animent ce musée devenu une référence. Il reçoit chaque année plus de 200 000 visiteurs.
En 1996, Kléber Rossillon ouvrira également les jardins de Marqueyssac puis en 2005 l’Institut de France lui confiera les clés du château de Langeais en Indre et Loire.
Mural dans le massif du Sancy, Suscinio en Morbihan et la tour de Crest dans la Drôme, concrétiseront l’attachement de Kléber Rossillon au patrimoine castral. Défendant la cause des propriétaires de vieilles pierres, il présidera également la Fédération Patrimoine Environnement.
L’entreprise de gestion culturelle qui lui doit son nom accueille désormais 1,4 millions de visiteurs et gère également des lieux aussi emblématiques que le musée de Montmartre, la réplique de la grotte Chauvet et la reconstitution de la bataille de Waterloo.
Photo1 Bernard Mazeau DR
photo 2 Guy Lallement photo 2- Castelnau la Chapelle
photos 3 et 4 village de Castelnau
photo 5 - Beynac
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