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  • Photo du rédacteurGlady de Brégeot

la réhabilitation en cours du Château de l’Herm en Périgord Noir et son histoire

Dernière mise à jour : 15 févr.

Arriver depuis le village de Rouffignac-Saint-Cernin-de-Reilhac par le D31 laisse augurer à la vue de la silhouette du château de l’Herm, au cœur de la forêt Barade (canton de Montignac) la vision d’une magnificence passée. Alors y arriver en louvoyant entre de modestes demeures, tellement l’accès est improbable, pose questionnement sur la taille du domaine qui aujourd’hui est d’un hectare.

Le château est une belle ruine, entourée d’une douve ronde pleine d‘eau et on y accède par un pont dormant, remplaçant le châtelet d’entrée défendant un pont-levis.

Le portail d’entrée est de style flamboyant ouvrant sur une tour hexagonale contenant le seul escalier à vis du château, qui se termine par une voûte d’ogives en étoile. Cet escalier dessert un logis rectangulaire sur trois étages qui mesure 25 mètres de long sur 10 mètres de large. Les deux tours rondes abritaient les chambres, mais aussi des oubliettes. Des photos montrent également des cheminées Renaissance impressionnantes de beauté.

Trois générations de Calvimont sont à l’origine de l'édification du château de l'Herm. Tous portent le prénom de Jean.

Hermus a été bâti par Jean II de Calvimont au début du XVIe siècle sur les fondations d’une ancienne maison forte attestée avant 1367.

Jean III de Calvimont le terminera et deviendra un seigneur influent, Président du parlement de Bordeaux, ambassadeur de François ler auprès de l’empereur germanique Charles Quint, il affichera à l’Herm sa réussite sociale. Il avait épousé en 1536 Marguerite de Talleyrand qui ne lui donna pas d’enfant, puis Marguerite de Farges.

Le XVIIe siècle n‘est pas loin avec sa « tragique histoire«  faite de guets-apens, de duels de morts violentes. Le 22 septembre 1582 Jean IV de Calvimont (fils de Jean III de Calvimont) seigneur de l’Herm, de Tursac, de Saint-Paul et de la Double épouse Anne d’Abzac de la Douze et ils ont une fille Marguerite de Calvimont qui n’a que 4 ans au décès de son Père. Veuve en 1588. Anne se remarie en 1588 avec Foucault d’Aubusson seigneur de Beauregard qui meurt en 1600 lui laissant un beau-fils de 16 ans prénommé François II d’Aubusson. Anne, pragmatique, décide de marier les deux jeunes gens. Marguerite Dame de l’Herm est l’héritière en titre d’un patrimoine très important mais Anne ne peut empêcher son beau-fils et gendre de dépenser sans compter, de contracter des dettes qui l’empêchent d’acheter la seigneurie de Rouffignac. En 1605 Il trouve la solution pour effacer ses dettes, se faire octroyer tous les biens de sa jeune épouse et la faire assassiner. Sa belle-mère, Anne de la Douze, dame de Beauregard l'accuse de ce meurtre. Les plus grands noms de la province sont mêlés à cette affaire évoquée, plusieurs fois au Conseil du roi. François II d’Aubusson est condamné à mort mais réussi à s’échapper et à revenir vivre à l’Herm. Il se remarie tranquillement le 28 septembre 1608 avec Marie de Hautefort, et ils auront deux enfants, Charles et Françoise.

En 1608, Anne de la Douze retire sa plainte contre une partie de l'héritage de sa fille mais les Calvimont de Saint-Martial crient au scandale et l'obligent à plaider contre son gendre. François d'Aubusson se livre alors à nouveau à la justice, il est incarcéré et meurt en 1618.

Tous les éléments de la tragédie déjà bien rôdée sont en place et cette fois-ci c’est Marie de Hautefort qui tirera les ficelles-

Marie de Hautefort fait assassiner les deux frères de Calvimont de Saint-Martial et obtient la propriété du château.

Son fils Charles est assassiné en 1636. Pour se protéger, Marie de Hautefort se remarie avec un complice Henri Bertrand Raphaël de Beaudet, seigneur du Peuch, dont c'est le troisième mariage et promet sa fille à Louis de Beaudet, fils d’Henri. Mais cette dernière a déjà été promise à Godefroy de La Roche-Aymon. Françoise se marie avec Godefroy et ils auront une fille, Jeanne-Armande de La Roche-Aymon.

Pas de problème Henri Bertrand de Beaudry sera tué dans un traquenard en 1644 et son fils Louis en 1649.

Après la mort de son épouse en 1641, Godefroy de La Roche-Aymon se remarie en 1642 avec Henriette-Madeleine des Grillets de Brissac, veuve de Jean de Rilhac.

En 1642, la seigneurie de l'Herm est mise en vente suite à de trop nombreux assassinats, beaucoup de familles annexes prétendaient détenir un droit sur ces terres.

Marie de Hautefort décédera au château de l’herm en 1652 en laissant tous ses biens à sa petite fille Jeanne Armande de la Roche-Aymon.

Une adjudication a lieu en 1679 et la vente est réalisée en 1682. C'est la nièce de Marie de Hautefort (dénommée elle aussi Marie de Hautefort) qui l'acquiert, mais elle n'habitera jamais le château. Cette Marie de Hautefort naquit au château de Hautefort le 7 janvier 1616. Elle était la fille du marquis Charles de Hautefort et de Renée du Bellay et plus jeune sœur de Jacques-François de Hautefort. Attirée par la cour, elle devint fille d’honneur de la reine Marie de Médicis. Louis XIII la fit passer au service de son épouse, Anne d’Autriche dont elle devint une amie fidèle et une confidente dévouée. Elle reçut le surnom de la Belle Aurore.

L’Herm est peu à peu délaissé et sert de carrière aux villages voisins.

Abandonné par les Hautefort eux-mêmes, la ferme principale de la seigneurie est érigée en siège de juridiction. Celle-ci fonctionne jusqu'en 1830, date à laquelle les Hautefort vendent le domaine, qui est alors démembré en plusieurs lots.

Bâti au XVe siècle, le château de l'Herm est inscrit au titre des Monuments historiques depuis le 10 août 1927. Il a subi peu de modifications majeures si ce n'est une protection indispensable sur la tour d'escalier; il était ouvert au public régulièrement depuis 1988 par les propriétaires de l’époque Marie et Dominique Palué. Aujourd’hui une page se tourne puisque le château a été acheté en 2020 par une SCI derrière laquelle se trouve un esthète qui se donne plusieurs années, pour racheter les terres qui agrandiront le domaine et redonner au Château de l’Herm toute sa magnificence.

nota - « Nicolas de Laâge de Meux a racheté le château de Jacquou le Croquant (1) en juin 2020. Il se donne six à sept ans pour le restaurer dans sa totalité. » (journal Sud-Ouest du 18 Septembre 2021). (1) Eugène Le Roy par son roman « Jacquou le croquant » a châtié les seigneurs de L’herm au cœur de la forêt Barrade, marquant l‘imaginaire local, au point d’en faire une réalité.



Février 2022 -



juin 2022




juin 2022

Juin 2022

juin 2022


Cet article sur le Courrier Français Edition Dordogne du 9 septembre 2022 -

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