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  • Photo du rédacteurGlady de Brégeot

En Périgord noir le Château de Losse à Thonac - les Losse au service des Valois puis des Bourbons -

Dernière mise à jour : 12 oct. 2022


A 5 km de Montignac-Lascaux sur la D706 en direction des Eyzies, le château situé à Thonac, domine la Vézère. A l’origine, c’était une place forte médiévale datant du XIe siècle qui portait le nom de Peyre-taillade. Un cadet de la famille de Losse, originaire de Bruges en Flandre (attachée à la couronne de France) fait allégeance au seigneur de Montignac qui concédait en fiefs des portions de son territoire à des membres de la chevalerie pour verrouiller et contrôler le trafic fluvial et l’accès aux terres, par des péages. La présence des Losse est attestée en continuité depuis Guillaume Ier en 1248. Ces chevaliers se sont illustrés au service des rois de France dans toutes les batailles tant à Crépy (1346), Poitiers (1356) qu’à Azincourt (1415)…

La tradition militaire trouvera son aboutissement en la noble personne du marquis Jean II de Losse (1504-1580) qui a vu son destin se dessiner alors qu’encore mineur, il sera placé à la tête de la Maison de Losse suite au double décès de son père et de son frère engagés dans la première guerre d’Italie de François ler.

Après avoir été page de François ler, puis capitaine. Il sert aussi tous les fils de Catherine de Médicis : François II, Charles IX, Henri III. Nommé gouverneur, il défend plusieurs places et villes stratégiques dans le Nord de la France avec mission de défendre des places fortes contre les troupes de Charles Quint et est cité pour son courage. Gentilhomme de la chambre du roi, il est, sous Charles IX, le premier capitaine français de la garde écossaise du Louvre. Il fut aussi tuteur du futur Henri IV, obtenant de hautes fonctions, des charges ainsi que l’octroi de propriétés.

Gouverneur de Guyenne sous les règnes des derniers Valois et des premiers Bourbons, en 1541, il acquiert du roi et de la reine de Navarre, tous les droits de justice haute, moyenne et basse sur le bourg et la paroisse de Thonac. Le domaine de Peyre-taillade s’appellera désormais « Losse ». Il épouse en 1542 Anne de Saint-Clar et trouve, en plus des charges et des prises de guerre de ses campagnes militaires, de nouveaux revenus liés au domaine élargi apporté par sa jeune épouse, fille du seigneur de Puymartin et de Cramirac.

Entre 1543 et 1550 la forteresse médiévale flanquée de hautes murailles, bordée de douves profondes, va voir ses premiers grands travaux. Un grand corps de logis en L, et la reconstruction du Grand Pavillon va affirmer l’élégance de l’architecture de la Renaissance.

Ayant acquit tous les honneurs et reconnaissance pour une carrière militaire bien remplie, c’est en 1573 qu’il va retrouver son château lorsqu’il a été nommé Gouverneur du Limousin et du Périgord.

Il fera gravé au plafond à clefs de voute de la pièce principale le millésime symbolique « 1576 «  A cette date, les travaux reprennent pour transformer la forteresse médiévale en un élégant château de plaisance. Les fossés secs creusés dans la roche vont dégager une vaste plate-forme protégée par une enceinte renforcée par cinq tours, une tourelle et l’un des plus grand châtelet fortifié du sud de la France.

Outre le millésime, il existe au total huit devises dans le château, faisant écho de sa vie. Au fronton intérieur du Châtelet d’entrée «lorsque croyais terminer commençois » » et du côté extérieur « l’homme fait ce que peut, la fortune ce que veut ».

De style Renaissance, le nouveau château va être construit à l’intérieur des murs de la forteresse médiévale, mais fort de son expérience de défense des places fortes, il assurera la défense du château avec de nouvelles bouches à feu, à partir d’orifices dans les tours et la muraille avec le renfort d’une échauguette.

Le logis des seigneurs est à l’avenant des magnificences italiennes tant par l’architecture des éléments construits que du mobilier et décors. Un vaste jardin très organisé en terrasse, inspiré de l’art des jardins de l’Italie de la Renaissance (XIVe et XVe siècles) est créé. La naissance des jardins à la Française au XVIIe siècle en sera la suite.

Le château fera régulièrement l’objet de réfection et d’embellissement de la part des héritiers qui auront obtenu la transmission d’une partie des charges royales. La grande terrasse surplombant la Vézère a sans doute été érigée dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

Un autre militaire s’illustre dans la famille, Jean Cyrus Adélaïde (1757-1822) fils de Marie-Louise de Losse et de Vincent Sylvestre de Trimbrune de Valence, il est général en chef des armées, sénateur et commandeur de la légion d’honneur sous Napoléon, sous Louis XVIII il sera pair de France et grand officier de la légion d’honneur. Cependant c‘est la fin de la lignée des Losse qui ne sera plus propriétaire du château à partir de 1792. Ensuite, Le château subira plusieurs fois l’abandon, expliquant les pillages et la destruction de certains éléments.

Après 1856, le château passe à la famille Laloë. C’est Marcelle Laloë (1884-1974) qui apporte en dote, le château à l’Empereur d’Annam Ham Naghi, dont elle aura trois enfants et qui décédera en 1944. la Princesse Nhu May d’Annam exploitera les terres et vivra au château jusqu’en 1965. Vendu à un marchand de biens, le domaine sera racheté par les propriétaires actuels en 1976.

En 2004 l’ensemble du site s‘est vu accorder le statut de « jardin Remarquable », par le ministre de la culture.

L’intérieur du château, grâce à un inventaire très détaillé datant de 1602, a été mis en scène par de véritables esthètes.

Classé aux monuments historiques en 1928 tant pour l’édifice extérieur que pour son intérieur et ses abords, ce château est ouvert à la visite de mai à Septembre.
















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