Château de la Rivière et la saga des Dujarric à Saint-Sulpice d’Excideuil - Périgord Vert
- Glady de Brégeot

- 25 avr. 2023
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Dernière mise à jour : 3 sept.
Le château de la Rivière sur des fondations très anciennes laissant apparaitre, au niveau de la cave actuelle, en direction de l’étang, des trous de tirs, est localisé dans le cours du Ravillou et de son affluent le ruisseau des Vaux.
Construite sur des douves, une tour médiévale surmontée d’un pigeonnier, avec une chapelle de plein pied et un plafond voûté, comporte de remarquables décors peints et atteste d’un repaire noble. Cette tour est le bâtiment le plus ancien du domaine.
Dès le XVIe siècle le château est la propriété de Pierre de Fayolle (1575-1625), écuyer qui épouse en 1598, Catherine Pasquet de Savignac. Ils pourraient être les constructeurs du château de style Louis XIII auquel est accolé à gauche une tour carrée d’esprit médiéval avec chemin de ronde sur corbeaux.
Leur descendante Anne de Fayolle des Combes (1730-1808), demoiselle de la Rivière en s’unissant en 1753, à Dominique de Brochard de Puymorin fait entrer cette dernière famille à La Rivière.
Avant la Révolution, le château revient par alliance à la famille de La Roche-Aymon, seigneur de Lespinasse et de Savignac. Par le jeu des alliances, les familles de Siorac et des Brouillets de la Boissière vivront au château de la Rivière.
A la fin du XIXe siècle, de grands travaux sont initiés par les nouveaux propriétaires René Combescot qui a épousé en 1889, Charlotte Picaud. Les initiales P et C se retrouvent sur la porte principale du corps de logis. En 1901, la tour de droite est édifiée pour équilibrer l’ensemble avec le réaménagement du corps de logis.
Le domaine est repris par Auguste Picaud avant de passer à la famille Dujarric qui orne son nom de « La Rivière ». René Dujarric de la Rivière est né en 1885 à Excideuil. Brillant biologiste, virologue et mycologue, il est le bâtisseur en 1953, de l’hôpital de Périgueux. Il épouse en 1925 Marcelle née Friedmann, pianiste et organiste faisant partie du Tout Paris musical et intellectuel. Leur fille Elisabeth née en 1930 artiste-peintre, Jean-René et François (1933-2018) mécène commandeur de l’ordre national du mérite qui s’implique dans la « Fondation pour l’avenir de la Dordogne » laissent le souvenir d’une glorieuse saga familiale.
Le château appartient ensuite à la famille Robin.
Désormais, cette propriété de 40 hectares est entre les mains d’un couple d’Américains qui s’investissent dans la conservation et la restitution de ce patrimoine et de son histoire.
Le château de la Rivière est un château privé qui ne se visite
un peu plus sur la famille Dujarric de la Rivière
Erudits, médecins, scientifiques, artistes, les membres de la famille Dujarric de la Rivière apporteront quelques lettres de noblesse supplémentaire au Périgord.
Le Père René Dujarric de la Rivière est né le 19 avril 1885 à Excideuil- décédé le 28 novembre 1969. Aprés de brillantes études de médecine il entre en 1911 à l'institut Pasteur à Paris. Il deviendra un brillant biologiste, virologue et mycologue, jusqu'à présider l'Académie des sciences dans l'entre-deux guerres et membre de l'Académie de Médecine en partie par ses découvertes sur la grippe Espagnole. Avec Son épouse Marcelle Friedmann (1899-1982) ils auront une fille Elisabeth, et deux fils, Jean-René (installé à Saint-Sulpice) et François. Marcelle Dujarric de la Rivière sera pianiste et organiste à l’origine de la fondation Nadia et Lili Boulanger en faisant partie du Tout-Paris musical et intellectuel.
Il faut parler de François Dujarric de la Rivière (1933 – Agonac 10 décembre 2018) qui connut de belles réussites professionnelles et mit ses moyens financiers pour aider la Dordogne et poursuivre l’œuvre de sa mère et de sa sœur. Il s'impliqua durant des années dans la Fondation pour l'avenir de la Dordogne fondée par le milliardaire périgordin Sylvain Floirat, afin de découvrir des lauréats à aider. C'était aussi un mécène pour le monde culturel. Il a également créé des résidences d'artistes à Sainte-Alvère, soutenu la Fondation Nadia-et-Lili-Boulanger, la cité d'artistes La Ruche Seydoux à Paris. il a été membre de la commission d'achat du Fonds national d'art contemporain (Fnac). Il avait par ailleurs participé à la restauration de l'orgue de l'église de la cité à Périgueux. Il était aussi commandeur de l'Ordre national du mérite.
La fille de René et Marcelle Dujarric de la Rivière, Elisabeth (1930-Excideuil 2005) était une artiste-peintre dont certaines oeuvres ornent l'église de Saint-Sulpice. Elle aura été une fervente protectrice de la cité d'artistes nommée « La Ruche », bien connue des amateurs d'art moderne.
Tout ceci pour mettre la lumière sur « l’homme de sciences René Dujarric de la Rivière »–
« Avant l'hôpital de Périgueux était en ville, sur la place Badinter, mais c'était un vieux bâtiment vétuste et trop petit. Le projet d'un nouvel hôpital datait des années 1850", raconte Jean-Marie Cazauran, pédiatre pendant plus de 30 ans à la maternité de Périgueux, ancien président de la commission médicale, et fin connaisseur de l'histoire de l'hôpital. "Dujarric de la Rivière, de par ses fonctions nationales, et parce qu'il était originaire du Périgord, a pris les choses en main. Il dit dans ses mémoires : j'étais content de réaliser mon rêve d'un hôpital moderne."
Le docteur Dujarric débloque l'argent pour construire l'hôpital. Une fortune, l'équivalent de 60 millions d'euros d'aujourd'hui, pris à l'époque sur les recettes du PMU. Le Périgourdin expatrié à Paris veut que "son" Périgord ait un hôpital de pointe. Spécialiste de l'hygiène médical, il imagine des blocs opératoires ultra-modernes pour l'époque : ventilation, salle de préparation, et même des pédales pour ouvrir les portes et éviter de toucher les poignées.
A l'inauguration en 1953, on donne à l'hôpital le nom de Dujarric de la Rivière, qu'il va garder jusque dans les années 80. Depuis, le bâtiment A, bâtiment historique en béton armé, a beaucoup vieilli. Les derniers lits d'hospitalisation sont parti l'an dernier. Sa destruction, plusieurs fois évoquée, s'est heurtée à son caractère emblématique de la ville. Il a même été classé au patrimoine du XXe siècle.
Ce samedi 22 avril 2023 le bâtiment a repris le nom de René Dujarric de la Rivière.
photos - Bernard Séris -


à gauche - la tour médiévale peinture avec chapelle au rez-de-chaussée surmontée d’un pigeonnier -




Les peintures médiévales dans la tour- chapelle-pigeonnier


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