La forteresse d’Hautefort est connue depuis au moins 987 d’après un texte qui dit « forteresse inexpugnable… qui aurait toujours existée…». la Seigneurie a appartenu successivement aux familles de Lastours, de Laron-Lastours, de Born (représentée notamment par le célèbre troubadour Bertran de Born seigneur de Hautefort qui épouse Hermengarde dite Raimonda de Lastours pendant que son frère Constantin épousait Agnès de Lastours créant une indivision confuse entre ces deux frères, le troisième frère Itier sera moine de l’abbaye de Dalon. Au XIVe siècle par mariage de la dernière héritière Marthe de Born avec Hélie de Gontaut, la maison de Gontaut-hautefort va obtenir en 1614 de Marie de Médicis, qu’Hautefort soit érigée en marquisat. Leur postérité substituera ses noms et armes par ceux de Hautefort.
Dressé fièrement sur son éperon rocheux, le château de Hautefort surplombe le village. Le château que nous voyons aujourd’hui, reconstruit au XVIIe siècle, a remplacé le château médiéval.
Au cours des XVIe et XVIIe siècles, le château connait ses plus grandes phases de transformation. Les travaux sont commandés par François d’Hautefort, dont la terre est érigée en marquisat en 1614. Décédé en 1640 à l’âge de 92 ans, c’est son petit-fils, Jacques-François, qui continue les travaux de modernisation sur les plans de Nicolas Rambourg. Un grand logis à trois niveaux avec fenestrages à meneaux encadré de pavillons soudés, côté cour, à des contre-pavillons en saillie qui se terminent par de grosses tours circulaires coiffées de dômes. À l’ouest, une immense esplanade précède un châtelet du XVIe siècle, flanqué de deux échauguettes crénelées et d’un pont-levis, confirmant sa vocation défensive. L’ensemble des constructions est orné de mâchicoulis et de chemins de ronde. Le quatrième côté est libre pour profiter de la vue sur le parc à l’anglaise et les terrasses fleurie à la Française. L’architecture classique va s’imposer par un majestueux corps de logis noble, central avec galerie et arcades donnant sur la grande cour-terrasse d’honneur ouverte vers le sud. Elle est flanquée par deux ailes, chacune prolongée d’une tour ronde chapeautée d’un dôme et d’un lanternon. Jean-François d’Hautefort consacrera aussi sa fortune à l’édification de l’Hôtel -Dieu du village qui comme le château sera terminé par l’architecte Jacques Maigret.
La famille d’Hautefort est toujours propriétaire du château à la Révolution. Jouissant d’une bonne réputation et très liée aux hautefortais, elle n’émigre pas. Pourtant, le 7 juillet 1794, après avoir été arrêtés à Paris, les propriétaires, Le vicomte Abraham-Frédéric et son épouse, la vicomtesse Marie-Bertrande, montent sur l’échafaud dans les derniers jours de la Grande Terreur. C’est leur petite-fille, Charlotte-Laure, qui hérite du domaine au XIXe siècle. Elle épouse, en 1818, Maxence, baron de Damas, ministre de la Guerre en 1823, puis ministre des Affaires étrangères de 1824 à 1828. Dans les années 1850, le fils du baron, le comte Maxence de Damas d’Hautefort, fait appel à un paysagiste de renom, le comte Paul de Choulot, pour redessiner les jardins à la française et créer un parc à l’anglaise de trente hectares.
En 1890, après la mort du comte Maxence, le château est vendu par sa veuve à un ingénieur des travaux publics, Bertrand Artigue qui meurt en 1908 sans enfant. Le château est alors vendu à des marchands de biens qui le vident. Dans un grand état de vétusté, il est racheté en 1929 par le baron et la baronne Henry de Bastard. Mme de Bastard est la fille de David-Weill, patron de la banque Lazard et grand mécène des musées de France. Une restauration complète, commencée en 1930, se termine dans les années 1960, quand Mme de Bastard ouvre les premières pièces au public et s’y installe enfin.
Cependant, dans la nuit du 30 au 31 août 1968, un incendie dramatique ravage le corps de logis et les pavillons d’angle. Aidée par sa famille, le ministère de la culture, le département et portée par un élan de solidarité nationale, Mme de Bastard voit son château renaître de ses cendres. En 1984, la Fondation du Château de Hautefort est créée. Reconnue d’utilité publique en 1990 et jouissant d’une dotation de la famille David-Weill, la Fondation est aujourd’hui propriétaire du château, comme le voulait Mme de Bastard, décédée sans descendance en 1999.
Le château est classé aux Monuments Historiques depuis 1958.
Document transmis par la fondation du château de Hautefort.
(1) Un peu d’histoire médiévale : Bertran de Born (1140 ?– 1215), serait né au château de Born, aujourd'hui disparu, sur la commune de Salagnac (Dordogne). En 1183 il soutient Henri Le Jeune (dit Court Mantel à cause de son goût pour les manteaux courts) contre son père Henri II Plantagenêt, Constantin lui est pour Richard … Quand Henri le jeune meurt à Martel, Henri II le tient pour responsable. Tombé entre les mains du roi d'Angleterre Henri II, il n‘eut pour obtenir son pardon qu'à déclamer un sirventès plaintif (poème à caractère satirique, politique ou moral que chantaient, en langue d’Oc les troubadours des XIIe et XIIIe siècles) à la mémoire de son ami et demander grâce à Richard… Immortalisé par Dante Alighieri (italien médiéval) dans sa Divine Comédie dans la partie consacrée à l’Enfer, on comprend que Bertran était surtout un chevalier-bretteur sans état d’âme. Son œuvre littéraire remarquable a cependant traversée les siècles le ramenant à l’imagerie du Troubadour.
(2) Ange Hyacinthe Maxence de Damas est né français en 1785 dans une famille de hauts-militaires - sorti premier au classement des élèves étrangers, il commence sa carrière au service du Tsar Alexandre. Il combat les armées napoléoniennes et c’est Louis XVIII qui est à l’origine de sa carrière militaire flamboyante. Lieutenant général en 1815 il est Pair de France et Ministre de la Guerre en 1823. En 1824 il devient Ministre des Affaires Étrangères remplissant ses Missions et en ouvrant des ambassades partout dans le monde occidental et oriental.
En 1836 nait au chateau de Hautefort Eugène Le Roy auteur de Jacquou le Croquant - Son père Jean-Pierre Le Roy est valet de chambre du baron de Damas.
Photo 1 à 10 château de Hautefort et 11« un mercredi 2022 en soirée »
Photo 12 et 13 l’Hôtel-Dieu voulu par jean-Francois de Hautefort -
Hôtel-Dieu de Hautefort
Yvonne Clergerie à côté de son œuvre exposée devant l’Hôtel-Dieu d‘Hautefort -
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