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  • Photo du rédacteurGlady de Brégeot

Hautefort - une noblesse bienveillante

Dernière mise à jour : 12 avr.

La forteresse d’Hautefort est connue depuis au moins 987 d’après un texte qui dit « forteresse inexpugnable… qui aurait toujours existée…». la Seigneurie a appartenu successivement aux familles de Lastours, de Laron-Lastours, de Born (représentée notamment par le célèbre troubadour Bertran de Born seigneur de Hautefort qui épouse Hermengarde dite Raimonda de Lastours pendant que son frère Constantin épousait Agnès de Lastours créant une indivision confuse entre ces deux frères, le troisième frère Itier sera moine de l’abbaye de Dalon.

Au XIVe siècle par mariage de la dernière héritière Marthe de Born avec Hélie de Gontaut, la maison de Gontaut-hautefort va obtenir en 1614 de Marie de Médicis, qu’Hautefort soit érigée en marquisat. Leur postérité substituera ses noms et armes par ceux de Hautefort.

Le château est situé sur un éperon rocheux qui domine le village de Hautefort.

Il est construit à partir du XVIIe siècle sous la direction des architectes Nicolas Rambourg puis Jacques Maigret pour la famille des marquis de Hautefort. Quand Charles de Hautefort meurt en 1616, sa veuve Renée du Bellay épousée en 1607 décide de faire construire « un château neuf ». La marquise meurt en 1631 c’est son fils Jean-Francois de Hautefort émancipé le 25 novembre 1633 qui va convaincre son grand-père François propriétaire des lieux mais qui vit à la Cour où il a été gentilhomme de la chambre d’ Henri III et capitaine de cent hommes d’armes de ses ordonnances, d’en faire un château « à la moderne ». En 1644 le projet de Nicolas de Rambourg abandonnant progressivement les fonctions défensives est accepté. Hautefort ressemblera plus à un château de la Loire qu’aux châteaux forts de la région. Jean-François fréquente la Cour de France où il est conseiller du Roi, premier écuyer de la reine-mère Anne-d’Autriche puis de la reine Marie-Thérèse. Il sera chevalier du Saint-Esprit en 1661. Célibataire, peu tourné vers le luxe de la Cour il consacre sa fortune à la construction de son château et à celle de l'hôpital du village confiée à Jacques Maigret qui terminera aussi le Château, après le décès de Nicolas Rambourg.

Jean-François meurt en 1680.

fin XVIIe - 1691 Louis XIV est en guerre et a grand besoin de bouches à feu.

François de Hautefort d’Ajat (1627-1718) de la branche cadette est l’homme de la situation. François est le troisième fils de René de Hautefort et de Jeanne de Marqueyssac. La grande et petite noblesse du pays d’Ans verront leurs fortunes liées à l’activité de maître de forges, un des rares métiers que la noblesse pouvait exercer sans déroger à sa condition. Le peuple quand à lui trouvera tous les emplois que génère l’industrie des forges.

Le travail à la forge n’est pas une aliénation et les paysans vont pouvoir choisir, vivre des produits de la ferme avec en plus un salaire. Leurs conditions de vie s’améliorent pour les ouvriers métallurgistes de métier mais aussi les charbonniers, forgerons, charpentiers, régisseurs et ingénieurs et tout un monde de transporteurs souvent asiniens, des gabariers, ainsi que le fourmillement des tâcherons, que génère cette industrie.

La famille de Hautefort est très appréciée des populations locales pour sa générosité envers les pauvres.

À la Révolution, certainement en 1793, le vicomte Abraham-Frédéric de Hautefort la vicomtesse et son beau-frere Armand-Charles font le choix malheureux de se rendre à Paris. La vicomtesse sauvera son beau-frère en convaincant d’une erreur de transcription sur la liste des nobles destinés à l’échafaud. Le château laissé seul est défendu par les habitants de Hautefort. Une armée conventionnelle d'Excideuil projetant de le détruire en tant que symbole de la féodalité de l'Ancien Régime, les habitants du village font fondre leurs cuivres pour en faire des armes et sauvent leur château de la destruction. Néanmoins, pour le préserver d’une nouvelle attaque, on le transformera en prison durant la Terreur, avant de redevenir la propriété de Sigismond-Charlotte-Louise de Hautefort, fille du dernier marquis de Hautefort, Amédée-Louis-Frédéric-Emmanuel de Hautefort.

Elle épouse en 1818 Maxence, baron de Damas, ministre de la Guerre en 1823, puis ministre des Affaires étrangères de 1824 à 1828. Dans les années 1850, le fils du baron, le comte Maxence de Damas d’Hautefort, fait appel à un paysagiste de renom, le comte Paul de Choulot, pour redessiner les jardins à la française et créer un parc à l’anglaise de trente hectares. 

En 1890, après la mort du comte Maxence, le château est vendu par sa veuve à un ingénieur des travaux publics, Bertrand Artigue. Il meurt en 1908 sans enfants et le château est vendu à des marchands de biens, qui vident le château. Dans un grand état de vétusté, il est racheté en 1929 par le baron et la baronne Henry de Bastard. Mme de Bastard est la fille de David-Weill, patron de la banque Lazard et grand mécène des musées de France. Une restauration complète, commencée en 1930, se termine dans les années 1960, quand Mme de Bastard ouvre les premières pièces au public et s’y installe enfin.

Cependant, dans la nuit du 30 au 31 août 1968, un incendie dramatique ravage le corps de logis et les pavillons d’angle. Aidée par sa famille, le ministère de la culture, le département et portée par un élan de solidarité nationale, Mme de Bastard voit son château renaître de ses cendres. En 1984, la Fondation du Château de Hautefort est créée. Reconnue d’utilité publique en 1990 et jouissant d’une dotation de la famille David-Weill, la Fondation est aujourd’hui propriétaire du château, comme le voulait Mme de Bastard, décédée sans descendance en 1999.

Le château est classé aux Monuments Historiques depuis 1958.


(1) Un peu d’histoire médiévale : Bertran de Born (1140 ?– 1215), serait né au château de Born, aujourd'hui disparu, sur la commune de Salagnac (Dordogne). En 1183 il soutient Henri Le Jeune (dit Court Mantel à cause de son goût pour les manteaux courts) contre son père Henri II Plantagenêt, Constantin lui est pour Richard … Quand Henri le jeune meurt à Martel, Henri II le tient pour responsable. Tombé entre les mains du roi d'Angleterre Henri II, il n‘eut pour obtenir son pardon qu'à déclamer un sirventès plaintif (poème à caractère satirique, politique ou moral que chantaient, en langue d’Oc les troubadours des XIIe et XIIIe siècles) à la mémoire de son ami et demander grâce à Richard… Immortalisé par Dante Alighieri (italien médiéval) dans sa Divine Comédie dans la partie consacrée à l’Enfer, on comprend que Bertran était surtout un chevalier-bretteur sans état d’âme. Son œuvre littéraire remarquable a cependant traversée les siècles le ramenant à l’imagerie du Troubadour.

(2) Ange Hyacinthe Maxence de Damas est né français en 1785 dans une famille de hauts-militaires - sorti premier au classement des élèves étrangers, il commence sa carrière au service du Tsar Alexandre. Il combat les armées napoléoniennes et c’est Louis XVIII qui est à l’origine de sa carrière militaire flamboyante. Lieutenant général en 1815 il est Pair de France et Ministre de la Guerre en 1823. En 1824 il devient Ministre des Affaires Étrangères remplissant ses Missions et en ouvrant des ambassades partout dans le monde occidental et oriental.

Petite anecdote : en 1836 nait au chateau de Hautefort Eugène Le Roy auteur de Jacquou le Croquant - Son père Jean-Pierre Le Roy est valet de chambre du baron de Damas.


Photo 1 à 10 château de Hautefort et 11« un mercredi 2022 en soirée »

Photo 12 et 13 l’Hôtel-Dieu voulu par jean-Francois de Hautefort -

















Hôtel-Dieu de Hautefort


Yvonne Clergerie à côté de son œuvre exposée devant l’Hôtel-Dieu d‘Hautefort -

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