Mon propos va concerner Nicolas Rambourg architecte et sculpteur né en 1559 à Saint-Mihiel en Lorraine et décédé au château de Hautefort le 2 juillet 1649… une longévité remarquable à l’époque.
Des lettres de naturalité octroyées par Henri IV aux frères Rambourg Architectes ont permis de savoir que Nicolas s’est fixé dans le Périgord avant 1588 tandis que son frère aîné Jean s'est établi en Limousin vers la même date.
Son premier chantier périgourdin a été sur le château d’Excideuil à la demande de François de Pérusse des Cars peu après qu'il ait acheté le château à Henri de Navarre, en 1582. A Excideuil, le comte des Cars se fait construire un logement dans le goût de l'époque peu après sa prise de possession du château. Il semble que le gros œuvre ait été terminé en 1587. Nicolas Rambourg est intervenu sur le logis oriental et la chapelle castrale. Il est probablement intervenu pour modifier le pavillon d'entrée car on note une certaine similitude avec le châtelet du château de Hautefort. La fille de François de Pérusse des Cars avait épousé Charles de Hautefort, qui habitait le château du même nom. Charles de Hautefort embaucha l’architecte de son beau-père, et dès 1588, les fortifications étaient remises à neuf. Voyant ces magnifiques réalisations, inédites dans le pays, les seigneurs du voisinage voulurent aussi l’employer, comme Jean Foucaud de Lardimalie pour son château de la Sudrie en la paroisse de Cubjac, L’entrée porte la date de 1589, le manoir de La Rampinsolle, près de Périgueux, en 1599, aujourd'hui détruit.
Il a travaillé sur les ponts de Périgueux en 1623, à la reconstruction du château de Sauvebœuf et au portail de la maison du Consulat de Périgueux en 1636.
En 1643 au cours d’une crue le pont de Cubjac fut complètement détruit, Nicolas Rambourg qui avait travaillé sur les ponts de Périgueux dès 1623 a été choisi pour établir des plans pour remplacer le pont de Cubjac en bois et en très mauvais état (neuf piles, huit arcades) mais la reconstruction de 1655, sur les ordres du Parlement de Bordeaux, s'avère insuffisamment solide si bien qu'en 1659, des animaux tombent dans l'Auvézère en crue. Cette fois-ci, le pont en pierre rebâti dure jusqu'en 1783 quand, à l'occasion d'une importante crue, la moitié en est détruite, lui qui était réputé le plus beau de la province. L'édifice n'est reconstruit qu'au début du XIXe siècle , toujours en suivant les plans de Rambourg.
Les tâches à accomplir dans la région étaient infinies, Nicolas se rendit compte qu’il n’allait plus quitter cette contrée, et tout comme son frère en Limousin, il se décida à y fonder un foyer. Il épousa une jeune veuve originaire de Salagnac, Jeanne Goumard, qui habitait à La Genèbre en la paroisse de Saint Agnan-de-Hautefort, demeure familiale de son premier époux, François Pasquet. Par ce mariage, notre lorrain s’intégrait totalement à la bourgeoisie locale, avec notamment un beau-frère Goumard notaire, et désormais allié à cette famille Pasquet, très prolifique et influente dans la vallée de l’Auvézère.
Il connaît rapidement une notoriété puisqu’en 1633 Charles-Antoine de Ferrières fera
rebâtir son château de Sauveboeuf à Aubas de 1636 à 1637 dans le style classique Louis XIII, du palais du Luxembourg à Paris, d’après les plans de Nicolas Rambourg.
Quand Charles de Hautefort meurt en 1616, sa veuve, Renée du Bellay épousée en 1607, décide de faire construire « un château neuf ». La marquise de Hautefort meurt en 1631 et c’est son fils Jacques -François de Hautefort émancipé le 25 novembre 1633 qui va continuer les travaux pour lui donner son aspect actuel. Nicolas de Rambourg présente un mémoire sur le projet de construction du pavillon central du château le 5 mars 1644. François de Hautefort et son petit-fils Jacques-François travailleront successivement avec le lorrain, Nicolas Rambourg, puis avec un parisien, Jacques Maigret qui terminera les travaux du château et la construction de l’Hôtel Dieu. Le château abandonne alors progressivement ses fonctions défensives pour devenir un château « à la moderne », composé d’un corps de logis et de deux ailes en retour d’équerre, ponctuées de deux tours circulaires. Par son classicisme, Hautefort ressemble plus à un château de la Loire qu’aux châteaux forts de la région. Son imposante et majestueuse silhouette n’est que le reflet du rang et la puissance des seigneurs de Hautefort.
Les travaux de gros œuvre du pavillon central sont terminés avant la mort de Nicolas Rambourg survenue au château le 2 juillet 1649. Il a été inhumé dans l'église paroissiale de Saint-Agnan.
« Le 2 juillet 1649, dans le château de Hautefort, trépassa Nicolas Rambourg, maître masson du village de Genèbre, âgé de 90 ans, confessé, communié et muni du Saint Sacrement », Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1968.
Photo 1– La porte Nicolas Rambourg au château de la Sudrie - La baronnie d’Auberoche, sur laquelle était situé le Château de la Sudrie est mentionnée dans l’histoire depuis le XIIIe siècle. Détruit en 1345 lors d’une des premières batailles (bataille d’Auberoche) de la guerre de cent ans…
Le 3 juin 1600, Henri IV vendra la châtellenie d’Auberoche à son chambellan et conseiller Jean Foucauld, seigneur de Lardimalie, gouverneur du Périgord et de la vicomté de Limoges avec le titre de baron d’Auberoche. Cette châtellenie, sans château sera érigée en baronnie.
Jean Foucault fera reconstruire le château de la Sudrie et fera appel au célèbre architecte et décorateur de l’époque, Nicolas Rambourg.
photo 1et 2 - du jardin de sa maison Nicolas Rambourg avait vue sur le chantier du château d’Hautefort.
Photo 3 : La Sudrie
Photo 4 : Excideuil
Photo 5: Hautefort
Photo 6 : Sauveboeuf
Photo 7 :Pont de Cubjac
Photo 8 : Laxion à Corgnac l’édifice réédifié entre la fin du XVI et le début du XVIIe siècle porte la griffe de Nicolas Rambourg, Il cache derrière une apparence féodale, une cour intérieure toute de grâce et un escalier majestueux
sa maison à la Genèbre dont la vue depuis le parc donnait sur le château d’Hautefort -
Merci, pour cette magnifique retranscription du travail de Nicolas Rambourg