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Photo du rédacteurGlady de Brégeot

Le château royal d’Amboise - Val de Loire

En 1214, la Touraine est investie par Philippe Auguste (1165-1223), roi de France. La famille d’Amboise-Chaumont en devient la vassale…Mais en 1431, Louis d’Amboise (1392-1469) est condamné à mort pour avoir comploté contre La Trémouille le favori du roi Charles VII (1403-1461). Finalement gracié, Louis d’Amboise doit toutefois renoncer au Château d’Amboise, confisqué au profit de la Couronne.

Son fils, Louis XI (1423-1483), quant à lui, résidera en son château de Plessis-Lès-Tours (La Riche). Cependant, il choisit Amboise pour la résidence de la reine, Charlotte de Savoie (1441/1483), et du dauphin – le futur Charles VIII qui naîtra à Amboise (1470--1498) Charles VIII et son épouse, Anne de Bretagne (1477-1514), marquent durablement Amboise qui comptera 220 pièces puisque Charles VIII ordonne successivement l’édification de deux logis d’apparat, d’une chapelle à l’emplacement de l’oratoire érigé par son père. Il commande en outre la construction de deux tours cavalières aux dimensions exceptionnelles. Celles-ci permettent aux chevaux et aux attelages de relier la ville aux terrasses du château situées 40 mètres au-dessus, Mais la mort prématurée de Charles VIII, à 28 ans, l’empêche de voir achevé son grand projet.

Charles VIII étant décédé sans héritier mâle, son cousin, le duc d’Orléans, lui succède sous le nom de Louis XII (1462-1515). Afin de conserver le duché de Bretagne dans le giron français, ce dernier doit épouser la veuve du roi défunt. Ainsi, Anne de Bretagne devient la seule femme de l’Histoire de France à porter à deux reprises le titre de reine.

Le nouveau roi réside principalement en son fief de Blois tandis que son jeune cousin et héritier présomptif, François de Valois-Angoulême, le futur François Ier, est éduqué à Amboise. Après son enfance au château et avènement, le 1er janvier 1515, François 1er (1494- 1547) quitte la France pour l’Italie et remporte la bataille de Marignan en septembre de la même année. Il n’en oublie pas pour autant Amboise qu’il fait embellir : il rehausse l’aile Louis XII du Château et fait décorer les lucarnes selon le « goût italien »

La fascination de François 1er pour les lettres et les arts en fait un grand souverain mécène de la Renaissance. Il convie ainsi de nombreux artistes notamment transalpins à Amboise, à l’exemple de Léonard de Vinci (1452-1519) qui y séjourne de 1516 à 1519.

Après la mort d’Henri II fils de François 1er, Catherine de Médicis (1519-1589), sa veuve, assure la régence du royaume. Les trois fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, François II (1544-1560), Charles IX (1550- 1574) et Henri III (1551--1589) se succèdent sur le trône de France.

Sous le règne éphémère de François II, Amboise est le théâtre de la conjuration d’Amboise. Après cet épisode tragique, Catherine de Médicis fait renforcer les défenses à l’Est du Château en ordonnant la construction d’un bastion.

NB –La conjuration d’Amboise appelée « le tumulte d’Amboise » de mars 1560 est l’événement qui annonce les guerres de Religion à venir (1562-1598). »

Les protestants se sentent menacés après l’exécution du jeune conseiller au parlement de Paris, Anne du Bourg. En 1559, celui-ci avait plaidé en présence du roi Henri II, la cause des protestants devant le Parlement de Paris. Il sera exécuté, malgré la mort accidentelle la même année du roi. Catherine de Médicis devient alors régente pour son fils le roi François II âgé de 15 ans mais le pouvoir effectif est aux mains du duc François de Guise, oncle maternel de la jeune reine Marie Stuart. François II a confié le gouvernement aux Guise, garants en France de la religion catholique, et partisans d'une politique d'une grande fermeté envers la religion réformée.

François de Guise et son frère le Cardinal Charles de Lorraine, monopolisent le pouvoir. Leur influence déplait à Antoine de Bourbon roi de Navarre (père du futur Henri IV) et à son frère Louis ler de Condé, des princes du sang très proches du trône mais tenus à l’écart du fait qu’ils sont réformés et disciples de Jean Calvin comme d’ailleurs un tiers de la noblesse française.


Antoine de Bourbon refuse de diriger la conjuration et Condé va la laisser s’organiser sous le commandement de Jean du Barry, seigneur de la Renaudie, gentilhomme du Périgord, qui a réuni d’autres gentilshommes venus de toute la France, ainsi que des bourgeois des villes d’Orléans, Tours et Lyon, et qui vont assiéger Amboise où la cour est installée.

Les Guise sont informés et font arrêter du 10 au 16 mars les conjurés arrivés en avance, leur laissant l’espérance d’exprimer leurs doléances, au roi.

Malheureusement Bertrand de Chandieu huguenot lance une attaque surprise le 17 mars, rapidement matée... La plupart des conjurés seront pendus aux balustrades du château, les autres sont noyés dans la Loire ou massacrés par la foule. Le 19 mars, Jean du Barry, Chef de la conjuration est tué dans la forêt de Château-Renault. Son corps est ramené à Amboise où sa dépouille sera massacrée et exposée. Les autres chefs de la conjuration seront exécutés à Amboise, devant la cour et des notables spécialement invités pour assister au supplice.

La répression aura fait environ 1 200 morts.

Le prince de Condé qui désavoue ses partisans, est simplement gardé à vue eu égard à son rang. Le 17 mars, le roi François II, aura confié au duc de Guise la lieutenance générale du royaume.

Au lendemain du tragique dénouement de la conspiration d’Amboise, une fête somptueuse est donnée par Henri II et Marie Stuart au château de Chenonceau avec concerts de canons et de tambours, jeux d’eau et « feux artificiels ».

Le 15 décembre 1560 le roi meurt de maladie

Le 14 août 1561 Marie Stuart, jeune veuve de l’éphémère roi de France François II et qui refuse de se remarier comme le veut la tradition repartira dans son Ecosse natale, réclamer le trône qui, le pense-t-elle lui revient de droit.



Puis sous Charles IX et Henri III, les séjours au Château se font plus rares. Amboise cesse donc progressivement d’être le siège de la Cour de France.

Louis XIII (1601-1643) ordonne en 1620 la construction de nouvelles défenses. Mais faute d’entretien, le Château se dégrade progressivement. Amboise sert par ailleurs de prison. Des prisonniers célèbres y sont détenus, à l’exemple de Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des Finances de Louis XIV, disgracié en 1661. Il est escorté par le célèbre capitaine des mousquetaires d’Artagnan (vers 1615-1673) lors de ce séjour.

Amboise sort finalement de son sommeil au XVIIIème siècle avec Étienne-François, duc de Choiseul (1719-1785), puissant ministre de Louis XV (1710-1774). Il en devient le propriétaire en 1763 en même temps que du domaine de Chanteloup tout proche où il fait édifier un château somptueux dans le goût du moment. Aussi préfère-t-il y résider plutôt que dans la citadelle d’Amboise où il installe des manufactures. À la mort de Choiseul, son immense propriété est rachetée par la Couronne pour être cédée en 1786 à Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre (1725-1793), petit-fils légitimé de Louis XIV. Il y aménage des appartements à partir de 1789. La Révolution change définitivement le destin du Château. En 1793, les autorités confisquent le Château et son mobilier afin d’en faire un centre de détention ainsi qu’une caserne pour les vétérans des campagnes menées par les armées révolutionnaires. Dans ce démantèlement l’essentiel de la décoration du Château : lambris, cheminées, statuaire, peinture, ferronnerie, menuiserie, etc… tout disparaît. Après un espoir éphémère de récupérer leurs biens, l’héritière du duc de Penthièvre, Louise-Marie-Adelaïde, duchesse d’Orléans s’exile à la suite du Coup d’État du 18 fructidor de l’An V (4 septembre 1797) et en vertu d’un décret qui oblige les Bourbons à quitter la France.



Amboise est offert en 1803 au Sénateur Roger Ducos (1747-1816), ancien membre du Directoire, que le Premier Consul Napoléon Bonaparte (futur Napoléon 1er) (1769--1821) . Pour « rénover le Château », le Sénateur ordonne dès 1806 la destruction des bâtiments en ruine (le logis des Sept-Vertus et des bâtiments attenant) ou inutiles. Il fait notamment abattre l’aile Henri II et la Collégiale Saint-Florentin (édifice du XIème siècle) et la maison canoniale. Le jardin est également remanié. Tous les travaux sont achevés en 1811.

En 1814, lors de la première Restauration, le Château est restitué à l’héritière du duc de Penthièvre, Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon, duchesse d’Orléans (1753-1821) revenue de son exil espagnol. Après avoir temporairement – durant les Cent Jours – retrouvé sa vocation de forteresse carcérale, Amboise est rendu définitivement à la famille d’Orléans en 1815.

A sa mort, la duchesse transmet le domaine d’Amboise à son fils Louis-Philippe (1773- 1850), futur roi des Français. Il fait procéder à des rénovations afin de transformer le château en lieu de villégiature. Ces travaux sont confiés à l’architecte de renom Pierre-François-Léonard Fontaine (1762-1853) et à son disciple, Pierre-Bernard Lefranc (1795-1856). Le roi Louis-Philippe défenseur du patrimoine français, soutient le classement des monuments emblématiques de l’Histoire nationale, au premier rang desquels figure Amboise, classé dès 1840

La Révolution de 1848 provoque l’exil de Louis-Philippe et le château est placé sous séquestre. Ce lieu est de nouveau affecté à la détention d’un prisonnier de marque, l’Émir Abd el-Kader (1808-1883) chef déchu de la rébellion algérienne, qui y est incarcéré avec sa suite à partir de novembre 1848.

La promesse faite à l’Émir lors de sa reddition de le transférer en terre d’Islam ne sera honorée que quatre années plus tard par le prince-PrésidentLouis-Napoléon Bonaparte (1808-1873), venu lui signifier sa libération à Amboise en octobre 1852.

L’Emir quitte la France pour Brousse, Constantinople (Turquie) puis Damas (Syrie). Mais il laisse derrière lui des amitiés sincères nouées avec les amboisiens et le souvenir de 25 membres de sa suite décédés puis inhumés au Château. Les amboisiens contribuent d’ailleurs à l’édification d’un mausolée sur une terrasse du château en 1853 (le « Jardin d’Orient », conçu par Rachid Koraïchi, fut aménagé sur le lieu même des sépultures et du mausolée en 2005).

La chute du Second Empire (1852-1870) et l’avènement de la IIIème République (1870-1940) marquent le retour du domaine dans le patrimoine des Orléans. Un vaste programme de restauration du château est engagé à l’initiative de Philippe (1838-1894), Comte de Paris et petit-fils de Louis Philippe. L’état désigne un architecte afin de mener le chantier. Il s’adresse à Victor-Marie-Charles Ruprich-Robert (1820-1887) et à son fils Gabriel après lui, tous deux inspecteurs des monuments historiques. Ils réalisent un travail de restauration remarquable sur la Chapelle Saint Hubert, le logis Charles VIII et la Tour des Minimes (1874-1879), puis de l’aile Renaissance (1896- 1897) et de la Tour Heurtault (1906).

Le duc d’Aumale (1822-1897) fait diligenter les travaux. Il meurt trois ans plus tard et le château, qui abritait déjà un hospice, est transformé selon ses vœux en un dispensaire pour les anciens serviteurs de sa famille en 1901. Le Château d’Amboise est intégré dans le patrimoine de la Société civile du domaine de Dreux créée en 1886 pour gérer le patrimoine historique de la Maison de France.

Le dernier épisode tragique pour le Château et la ville d’Amboise a lieu pendant la Seconde Guerre mondiale. Dès le 4 septembre 1939, le château est réquisitionné. L’accès des touristes à la chapelle et au chemin de ronde de la Tour Heurtault est maintenu jusqu’au 22 mai 1940. Les 18 et 19 juin 1940, un régiment de tirailleurs sénégalais résiste avec une remarquable bravoure à l’entrée des troupes allemandes à Amboise. Les dégâts matériels sont importants (une centaine d’obus tombent sur le château) et touchent la Chapelle, la tour Garçonnet et celle des Minimes. Après son évacuation, le château souffre pendant 15 jours de l’afflux incontrôlé de réfugiés et de troupes allemandes. Puis il est utilisé par les troupes d’occupation comme entrepôt d’armes et de poste de communication et détection aérienne.

En juillet 1944, il subit un bombardement allié qui endommage les façades du logis, les vitraux et toiture de la chapelle Saint-Hubert. Le 1er août 1944, le château est déserté par les dernières unités de l’armée allemande.

L’inventaire des dégâts est réalisé quelques jours plus tard. L’État apporte son concours à la campagne de restauration engagée à partir de 1952.

La Société civile du domaine de Dreux est transformée en 1974 en Fondation Saint-Louis à la faveur de l’évolution de la législation sur la gestion de biens culturels. La Fondation propriétaire des lieux lance un important programme de restauration et de mise en valeur du monument.


Ref – notice de visite du Château Royal –www.château-Amboise.com












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