la chartreuse des Fraux à La Bachellerie -Périgord Noir -
- Glady de Brégeot

- il y a 1 jour
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Dernière mise à jour : il y a 7 heures
Vendredi 5 décembre 2025, un incendie a quasiment détruit la chartreuse des Fraux à la Bachellerie, inscrite en totalité aux Monuments Historiques par arrêté du 1er juin 2010, anéantissant l’œuvre à laquelle les propriétaires se consacraient.
Rentré avant son épouse, vers 21 h, c’est le propriétaire qui a aperçu des flammes dans les combles et a averti les secours. Malgré l’intervention d’une cinquantaine de pompiers équipés pour ce genre de sinistre, la toiture d’ardoises de schiste de Corrèze couvrant les 500 m2 de la propriété ainsi que le premier étage et 70 % du rez-de-chaussée ont été détruits. Une aile a été sauvée par les secours et les pompiers ont évité que l’incendie ne se propage au reste du hameau des Fraux qui surplombe la Bachellerie.
Le domaine avait été racheté, il y a une dizaine d’années par les actuels propriétaires, toujours en activité et très investis officiellement dans la conservation du patrimoine périgourdin. Ils avaient été séduits aussi par l’indéniable beauté de ses toitures restaurées par les vendeurs en choisissant avec application des ardoises corréziennes. Toutes les toitures étaient chapeautées de lucarnes de pierre à fronton segmentaire ou plein cintre. Les toitures à longs pans brisés pour le corps de logis et à longs pans brisés et croupes pour les pavillons, appartiennent désormais au passé.
Il est intéressant de revenir sur son histoire fort ancienne, car le site était occupé au Magdelénien « phase comprise entre environ 17 000 et 14 000 avant le présent (AP) ». Le nom a été donné d’après le site préhistorique de la Madeleine à Tursac. En atteste une peinture en grisaille de la même époque que Lascaux. Des vestiges de l’époque romaine sont encore observables dans le remploi de pierres de la grange datée du XVIIIe siècle.
Sa construction dans le hameau des Fraux existant à ce jour, est due à un propriétaire terrien qui a fait confiance au XVIIIe siècle, à un architecte visionnaire.
Le domaine élevé sur la pente d’un vallon appartenait à Pierre Labadie du Fraud et à sa famille. construite à partir d’un édifice du XVIIe siècle, la chartreuse est posée sur un niveau de soubassement qui cache des caves voûtées contenant d’importants chais. La chartreuse et quatre maisons formant hameau en font l’ensemble rural d’un domaine important. Trois beaux portails classiques dont deux sont datés 1770 et 1789 en commandent l’accès.
L’édifice est entouré de deux pavillons. Le pavillon nord-ouest de la chartreuse, créé à partir d’un édifice plus ancien, n’utilise en largeur que les trois-quarts de l’ancien bâtiment, dont l’angle d’origine est ainsi noyé dans le corps central. La fenêtre ancienne sur le bâtiment initial au rez-de-cour sert de base à la travée unique du pavillon qui se trouve désaxée. Le pavillon opposé comporte volontairement le même positionnement de son unique travée. Les autres travées sont régulièrement espacées percées de baies à larges chambranles plats. Des linteaux segmentaires les couronnent.
Côté cour deux ailes viennent s’appuyer sur les pavillons formant un plan en U, les deux petites tourelles d’angle en poivrière sont postérieures
Des dépendances, dont certaines existaient encore au début du XIXe siècle,composaient une enceinte mentionnée sur le plan cadastral de 1825.
La famille Monégier du Sorbier en était propriétaire.
Depuis quelques années, le domaine se consacrait à la location saisonnière de gites et de chambres d’hôtes et aux événements culturels.

photo du site de la Chartreuse des Fraux

photo prise par Bernard Séris le 9 décembre 2025,

site de la Chartreèse des Fraux

photo du 6 décembre pour le journal Sud-Ouest

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