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  • Photo du rédacteurGlady de Brégeot

La tentation du Lot - Castelnau-Bretenoux

Dernière mise à jour : 5 janv. 2023


Le Périgord avec ses 1000 et un châteaux reste mon territoire, mais juste avant le confinement de mars 2020, j’ai eu envie de voir Collonges la Rouge, et ma route de retour a croisé celle du château de Castelnau Bretenoux situé sur le territoire de la commune de Prudhomat, dans le département du Lot.

Mentionnée dans le cartulaire de l'Abbaye de Beaulieu sur Dordogne dès le VIIIe, la baronnie s'affirme avec l'édification du premier château neuf dès 1100, par Hugues, puis Gerbert, puis Gerbert II qui fut évêque de Cahors. Après d'âpres luttes féodales avec les Turenne, les Castelnau obtinrent de relever directement des Rois de France en 1280 (Philippe II Le Hardi, puis Philippe IV le Bel en 1308). Castelnau était alors une place stratégique, et c'est au XIIIe que furent édifiés la tour-résidence et le donjon, de pierre rouge et ocre, qui dominent toujours le site. Cette famille va connaître alors une forte ascension, d'abord par son alliance avec les Calmont d'Olt, seigneurs d'Espalion et de St-Côme en Rouergue, puis par le mariage d'Hugues de Castelnau avec la nièce du pape Jean XXII au début du XIVe, enfin au XVe avec les Caylus. En 1530, l'héritière des Castelnau-Caylus apporte la baronnie aux Clermont-Lodève

Les constructions initiales furent complétées tout au long des XIVe, XVe et XVIe siècles, suivant les charges des barons de Castelnau, Jean II Chambellan de Louis XI, puis Jacques, auprès de Louis XII pendant les guerres d'Italie. Le château acquit alors sa configuration quasi-définitive, avec l'adjonction de trois corps de logis cantonnés de tours, complétés d'une puissante tour d'artillerie, l'ensemble protégé par une enceinte basse et des fossés. Une troisième enceinte entourait le bourg entier. Le corps de logis accolé au XIVe à la tour-résidence comporte au rez-de-chaussée, ouvrant sur la cour intérieure par une large porte gothique, la chapelle castrale. Constituée de deux travées voûtées de croisées d'ogives, elle était entièrement peinte de scènes de la Passion et de la Résurrection dont il reste seulement des traces. Elle a toutefois conservé l'essentiel de ses boiseries et de son mobilier gothique, notamment le magnifique panneau d'autel polychrome. De cette époque aussi, reste le châtelet d'entrée, avec au-dessus du passage une salle haute voûtée de fines ogives retombant sur d'élégants chapiteaux à feuillage. Les logis est et nord, ajoutés au XVe, ferment la cour intérieure et donnent à l'ensemble son plan triangulaire. A la fin du XVIe, suivant l'évolution des techniques, des casemates équipées de chambres de tir, et des bastions à canonnières carrées « à la française » ont renforcé le chemisage des tours et les courtines, rendant très difficile toute approche du château. Les Clermont-Lodève, en particulier Alexandre, menèrent pendant tout le XVIIe d'importants travaux transformant l'austère château-fort en résidence luxueuse, dotée de larges ouvertures, d'un grand balcon d'honneur ouvrant sur la vallée, et d'une grande galerie sur arcades où se donnaient des fêtes dont le poète François de Maynard et des Capitouls toulousains étaient des habitués.

En 1715, la succession échoit à la baronne Jeanne d'Albert de Luynes, puis aux Ducs de Luynes en 1756. Les Luynes vendront finalement le château et les terres en 1830. leurs descendants se désintéressèrent de Castelnau, préférant leur hôtel parisien à leur château amputé des défenses du châtelet et du pont-levis en 1793, partiellement démantelé et pillé de ses archives. Le château évita la démolition totale en 1844 grâce à l'intervention du préfet du Lot, et de l'Inspecteur Calvet, de la récente Commission des monuments historiques. Il fut hélas victime d'un incendie ravageur au début de 1851, qui détruisit l'essentiel des aménagements du XVIIe siècle.

Classé monument historique en 1862, le château-fort ruiné fut enfin racheté en 1896 par celui qui allait le sauver, Jean Mouliérat, ténor de l'Opéra-Comique de Paris. Celui-ci consacra sa fortune et son énergie à relever le château, à en restaurer et aménager l'intérieur, ainsi qu'à le meubler. Il y réunit une importante collection très diverse de mobilier, peintures, tapisseries, statuaire et objets d'art de toutes les époques, ainsi qu'un dépôt lapidaire remarquable. Quelques jours avant sa mort survenue le 20 avril 1932, le chanteur fait don du château à l’état d’une valeur estimée aujourd’hui à 4 200 000 €, en demandant que l’aménagement de ses pièces soit conservé intact.

Jean Mouliérat, artiste, amateur d'art et humaniste, était un mondain qui reçu à Castelnau, Rodin, Colette, de grands noms de la vie politique et culturelle, ainsi que la dernière reine de Madagascar, Ranavalo.... Selon sa volonté, les appartements que l'on visite aujourd'hui présentent l'ensemble du mobilier et des objets d'art dans la disposition qu'il avait lui-même choisie. Cela place le visiteur à s’interroger sur le mode de vie d’un mécène, dans un château-forteresse au XXe siècle. En remettant son château en état, Jean Mouliérat préparait un “écrin”, comme beaucoup l’ont écrit, pour sa collection d’objets. Etant donné son importance, 899 objets répertoriés dans l’inventaire réalisé pour la donation, sans doute réalisé avant l’acquisition du château. Castelnau lui permit de disposer librement de ses salles pour en faire un des premiers châteaux-musées, un peu dans la lignée de mécènes tels que le duc d’Aumale au château de Chantilly (Oise).

Jean Mouliérat né le 13 novembre 1853, meurt le 20 avril 1932 à Paris. Il sera inhumé au cimetière Montparnasse. Le Figaro du 22 avril 1932 lui rend hommage : »Jean Mouliérat vient de mourir, il avait 79 ans. Son nom restera inséparable de notre Opéra-Comique où il fut pendant un quart de siècle le magnifique interprète du répertoire français […] Il laissera d’unanimes regrets et dans son pays natal, le plus beau château-musée médiéval qui existe en France, ce manoir de Castelnau-Bretenoux »

Castelnau-Bretenoux est la forteresse médiévale la plus imposante du Quercy. Elle appartient à l'État, et est affectée au Ministère de la culture. 0uverte au public par le Centre des Monuments Nationaux.

photos 1 - 2 et 3 Eric Ozeel


Photos 4 et 5- G de B

Photo 6 - Nadar










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