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Photo du rédacteurGlady de Brégeot

Le château de Bretanges des de Monëys d’Ordières et l’affaire de Hautefaye en Périgord vert.

Dernière mise à jour : 12 juil.

Le petit village de Beaussac (165 habitants) à 6 km de Mareuil et 13 km de Nontron, comporte 6 châteaux (1) et un manoir et une maison-forte tous privés et bien sûr des terres, des forêts et la rivière Nizonne.

La construction du Château de Bretanges au nord-ouest de Beaussac date du XVIIe siècle.

Aujourd’hui, c’est la propriété privée de la famille d’origine et les noms ont changé car les passations se sont faites par les femmes.

Après avoir franchi le portail d’entrée du parc qui lui-même est clos par des grilles en façade et par les communs, la gentilhommière composée d’un logis rectangulaire s’offre aux regards.

Modifiée par Gaston de Monëys d’Ordières, Prêtre, curé des Graulges, après la mort de son frère, la gentilhommière en effet possédait une partie dont le toit avait été rehaussé en ardoises « à la Mansard », flanquée de deux poivrières. Le toit est désormais en tuiles. Les poivrières sont toujours présentes et sont intégrées sur le pignon ouest de la gentilhommière, lui conférant un charme supplémentaire.

Le château de Bretanges a toujours vocation d’exploitation agricole.

Les familles apparentées se fréquentaient et leurs lignées s’étendaient par mariages.

Au XIXe siècle, le Comte Amédée de Monëys d’Ordières épouse Magdeleine-Louise de Conan, ils auront six enfants et Alain de Monëys sera leur second fils.

En 1870, Alain de Monëys a 32 ans et exploite les terres de ses parents. Le département cultive le froment, le seigle, le maïs, le sarrasin, le baillarge (orge de printemps), les légumes, les pommes de terre, l’avoine, les châtaignes, la vigne. Membre du comice agricole, il cherche à faire évoluer les méthodes pour faire valoir ses terres et se lance dans la sylviculture.

Il est connu et apprécié des villageois pour sa générosité. Légitimiste fervent,comme tous les membres de sa famille, il s'effraie néanmoins de la tournure de la guerre, et prend la décision de s'engager. Le 16 août 1870, comme de nombreux villageois, il se rend à la Foire de Hautefaye, voisine de 4 km de Beaussac.

Son injuste destin se raconte encore.

L’affaire d’Hautefaye :

C’est dans le contexte de la guerre de 1870 appelée guerre franco-prussienne qui ne durera que six semaines et causera cent mille morts dans chaque camp, que le drame va se jouer.

La veille, le 15 août la fête de l’Empereur aura été fervente et joyeuse pourtant la situation économique en Dordogne est désastreuse pour les agriculteurs.

Le 16 août, jour de foire annuelle les affaires s’avèrent mauvaises et les paysans périgourdins craignent un complot ourdi par les « nobles et les curés« pour renverser Napoléon lll.

Arrivant de son château voisin de Bretanges à Beaussac, vers les quatorze heures, Alain de Monéys d’Ordières est pris à partie, après la fuite de son cousin, Camille de Maillard, qui aurait crié «À bas Napoléon ! vive la République »…

Alain de Monëys aura beau assurer être du côté des paysans, dire vouloir s’engager pour combattre les Prussiens… une mécanique monstrueuse s’est mise en marche. La foule va supplicier à coups d'aiguillons et de sabots durant plus de deux heures le jeune noble de 32 ans. Le délire est incontrôlable car les massacreurs considèrent avoir à faire à un traitre. Un bûcher est édifié et finalement il est brûlé plus ou moins vif.

Impossible de raisonner l’assistance et le Maire d’Hautefaye découragé, aurait alors dit « mangez-le si vous voulez ».

Vingt et un hommes seront inculpés dans cette affaire. Quatre seront guillotinés à Hautefaye le 6 février 1871, sur les lieux mêmes du crime en signe d’indignation. Un cinquième sera condamné à des travaux forcés à perpétuité et les autres protagonistes avérés, aux travaux forcés.

L’affaire fera grand bruit dans la presse. A la chute de l’Empire, rayer Hautefaye de la carte a même été proposé.

Ce drame terrifiant a inspiré de nombreux auteurs qui ont écrit :

Jean-Louis Galet 1970 « Meurtre à Hautefaye »

Alain Corbin en 1990 « le Village des cannibales »

Georges Marbeck en 1992 « un crime de braves gens. Hautefaye - Périgord 1870 » ainsi qu’une version corrigée en 2012.

et Jean Teulé reprenant cette affaire, en 2009 a écrit « mangez-le, si vous voulez ».


(1) Le Château d'Aucors du xve siècle, remanié au XVIle siècle inscrit aux Monuments Historiques depuis 1948, est privé,

le Château de Poutignac du XVe au XVIe siècle, modifié au XVIlle siècle, IMH depuis 1948, privé, Plutôt un manoir qui dresse les coiffes de ses tours et tourelles des XVe etXVIIe siècles il a appartenu auxVillars.

le Château de Bretanges, XVIIe siècle, privé, ancienne résidence des de Monéys d'Ordières, le Château de la Garde, attesté au XIXe siècle, le Château de Montchoisy, attesté au XVIlle siècle,

le Château de Puyloubard, édifié au XVIe siècle et transformé en ferme et

le Manoir de Coulougneix, ou Couluniex a appartenu aussi aux du Reclus.

La maison forte de la Côte, fut aux Reclus puis aux Dereix de Laplane..

photos - Bernard Séris






Un commun transformé en Chapelle par le Père Gaston de Monëys d’Ordieres.


Registre de l’état civil de la Mairie de Hautefaye - acte dressé le 17 août 1870 à 8 h du matin -




Après la proclamation de la troisième république en 1870, dans une Dordogne bonapartiste, Alcide Dusolier va la représenter au Parlement pendant trois décennies. (1) « Un nouveau palier dans l'opprobre sur le village est atteint quand, à la chute de l'Empire, Alcide Dusolier, devenu sous-préfet républicain de la Dordogne, voyant dans ce village un foyer de rébellion bonapartiste, conseille au préfet de rayer Hautefaye de la carte en effaçant son nom et en l'annexant comme arrondissement à Nontron. La proposition est transmise au ministre de

l'Intérieur. Mais face à l'opposition du maire par intérim et ensuite de Martial Villard, le nouveau

maire qui objectent que le droit ne reconnaissant que la responsabilité pénale individuelle, il ne

saurait incriminer tout un village pour des actes commis par des individus qui ne sont pas tous

originaires de Hautefaye - le projet de débaptiser le village est abandonné ».





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