-un peu d’histoire sur le village de la Tour Blanche-Cercles : Un village qui s’appelle La Tour Blanche-Cercles, à 35 km au nord- ouest de Périgueux donne déjà par son nom, l’envie de s’y arrêter. Je voulais m’approcher du château de Fongrenon pour raconter la valeureuse histoire des vitraux cachés durant la seconde guerre mondiale, dans les carrières sous ce château… mais…
Dés l’entrée du village, les ruines magistrales du château de la Tour Blanche du XIIe siècle, dominant le village à l’est en culminant à 150 m, me stoppe... Il ne reste du château fort qu'une grande tour carrée érigée en pierre blanche, un mur de courtine et une tour secondaire bâtis sur une motte remplaçant vraisemblablement un fortin en bois.
La butte artificielle est entourée d’un large fossé, alimenté par le ruisseau de la Julie dit de Buffebale. Un pont-levis, aujourd’hui disparu, assurait l’accès au bourg depuis l’ouest. La ville étant située au carrefour des deux routes importantes de Périgueux à Angoulême et de Limoges à Bordeaux dites « la diagonale d’Aquitaine », des faubourgs se développèrent en dehors des remparts. Quatre portes permettaient de pénétrer dans le bourg, la porte de Limoges à l’est, la porte du Cheval Blanc à l’ouest, la porte du Marché Dieu au nord et la porte de Périgueux au Sud. Foires et marchés, moulins et fours banaux, carrières et garennes, et même une léproserie y sont attestés.
Le château fort dominé par sa tour maîtresse présentait une enceinte percée d’une porte côté occidental et trois tours carrées angulaires. Une seule subsiste, située dans l’angle ouest, elle conserve une échauguette du XVIIe reliée extérieurement à la tour maîtresse par une courtine où on voit encore les corbeaux à triple consoles des mâchicoulis.
Aujourd’hui éventrée la tour principale ou donjon possède des vestiges de contreforts plats percés reliés par des arcatures gothiques.
Aux XIIe et XIII siècles est cité le « Castri de Turre » ou « Turris alba » et les seigneurs de la Tour depuis Adhémar de la Tour, Évêque de Périgueux (1187), y exercèrent leur puissance de 1100 à 1370. Autres célèbres seigneurs de Tour, le troubadour Guillaume de La Tour qui rencontrera le succès en Italie vers 1250 et Itier de La Tour qui partira aux croisades avec Saint-Louis de 1249 à 1254. La Chatellenie s’étendait entre la Dronne au Sud et la Lizonne au nord et à l’est jusqu’à Mareuil.
De 1370 à 1701, transformée en baronnie, la Tour-Blanche reviendra aux Bourdeille.
Ensuite elle passera aux Sainte-Maure de 1701 à 1731 et enfin aux La Brousse de Verteillac de 1731 à la Révolution.
Guerre de cent ans (1337-1453)
Vers 1350, la Tour-Blanche sera assiégée et occupée plusieurs dizaines d’années par les garnisons anglaises ou des seigneurs français pour le compte des anglais, puis repris par Du Guesclin en 1376. Archambaud de Bourdeille , dépouillé par les Anglais de tous ses biens à Bourdeilles, sera réintégré et deviendra propriétaire des terres de La Tour-Blanche. Son fils, Arnaud, sera le premier à porter le titre de seigneur de La Tour-Blanche. Les seigneurs de Bourdeille resteront barons de la Tour-Blanche jusqu’en 1701. Pierre de Bourdeille (1540-1614), abbé de Brantôme considérera que ce château était sa troisième maison, avec Bourdeille et Saint-Crépin de Richemont.
Les Guerres de Religion (1562-1597).
En 1569, l’église Saint-Sébastien située dans le bourg au pied du château, sera incendiée. Les guerres de religion en Périgord vont être encore plus sanglantes que les guerres contre les anglais, au détriment de la paysannerie qui subira en plus, la famine, la peste. Le siège de 1652 durant la Fronde , sera fatale au Château.
En 1738, la seigneurie de la Tour-Blanche passera à Thibaut de la Brousse, chevalier, comte et marquis de Verteillac, baron de la Tour-Blanche, gouverneur et sénéchal du Périgord. Le château sera confisqué et vendu comme bien national en 1794 à plusieurs habitants de la ville.
Le logis remanié à la Renaissance et au XVIIe sera finalement détruit au XIXe pour être remplacé par une demeure à un étage et combles. De belles caves voûtées avec silos existent toujours.
Sur le point d’être démoli en 1906, c’est grâce à son classement le 20 novembre 1906 que le château de la Tour-Blanche sera au contraire restauré de 1907 à 1909.
En 1970, l’intérieur de la tour maîtresse a brûlé et dans la nuit du 11 au 12 octobre 2015 un incendie a détruit la partie habitée, faisant un mort.
Racheté en 2017 par un homme d’affaires allemand, tombé sous le charme de cette forteresse, qui envisage de la restaurer sur une dizaine d’années, la Tour-Blanche pourrait bien reprendre sa place dans le patrimoine médiéval périgourdin.
Au coeur du village, la mairie remarquable détourne encore mon chemin. De style Renaissance, sa construction commence au XVIe siècle et s'achève en 1617. Ses différentes appellations se réfèrent à ses occupants successifs : au XVIIe siècle, hôtel Mérigat puis manoir de Nanchapt, avant de porter le nom de château (ou manoir) de Roumailhac au XIXe siècle, il est également appelé "maison du marché Dieu" au XVIIe siècle...Il fait l'objet d'une protection au titre des MH...(sources:Wikiwand)...
Le Château de Fongrenon - donc nous y voilà -
Le château de Fongrenon édifié au XVIIe siécle était le fief des familles Achards, des Dejean de Jovelle puis des Joussain.
Il est érigé sur une falaise de 144 m, percée de carrières. La façade donnant sur la cour orientée au sud, est fortement restaurée et se compose d’un étage carré et d’un étage de comble dont les lucarnes percent le toit. A l’ouest un pavillon avec des corbeaux de mâchicoulis fait penser à une tour de défense médiévale. Un second grand logis est à l’Est.
Lors des guerres de religion (1562-1598) le château sera sérieusement endommagé et lors de la Fronde (1648-1653) il servira de garnison pour les frondeurs.
Deux dates donnent le nom de deux seigneurs propriétaires : en1488 (donc avant l’édification au XVIIe siècle du château tel quel ) Pierre de Jussac, seigneur d'Argentine et de Fongrenon et en 1616 Geoffroy Audier seigneur de Leyterie et du repaire noble de Fongrenon.
En 1768, le domaine est vendu à Marie-Andrée de La Croix, veuve Achard demeurant au
château de Jovelle, puis il passe par alliance aux Dejean, seigneurs de Jovelle et de Fongrenon.
En 1794 les de Jovelle ayant émigré pour l’Angleterre où François-Antoine de Jovelle deviendra Géneral dans l’armée anglaise et gouverneur de Dublin, les envoyés de Lakanal détruiront les tours crènelées.
En 1864, à la mort du dernier Dejean, le domaine passera à son gendre le Comte Galard de Béarn.
La date « 1894 « est celle de la reconstruction de la tour. Les constructions existantes aujourd'hui datent donc des 17°,18º et 19° siècles.
Le château comportait de grands chais détruits dans un incendie relativement récent.
- Les vitraux de la Cathédrale de Chartres –
La décision de faire déposer les vitraux de la Cathédrale Notre-Dame de Chartres et de les faire entreposer dans les cryptes, sera prise pour ne pas renouveler la triste expérience de 1914 qui a vu la destruction des vitraux et de la Cathédrale de Reims. Elle fut bombardée 280 fois.
Donc, il fallait sauver 172 vitraux médiévaux de Chartres illustrant la Bible et la vie des saints mais aussi celle des corporations, représentant 2600 m2 d’ouverture. « Un fabuleux trésor médiéval » puisque ces vitraux datent du XIIe et XIIIe siècles. A noter le vitrail appelé « « Notre-Dame de la Belle Verrière » de 1180, célèbre pour son bleu de Chartres, qui est à lui seul une rareté historique. La dépose des vitraux se firent dés 1937 et 1938. Entre fin août et début septembre 1939, 3000 m2 de verrières seront déposées et entreposées dans les cryptes de la cathédrale de Chartres.
En juin 1940, les troupes allemandes se rapprochant de Paris, il fut décidé de suivre la proposition de Paul Cocula architecte des monuments de France de les cacher dans la vaste carrière souterraine de Fongrenon. C’est Jean Moulin, préfet d‘Eure et Loir qui organisera le transport de 539 caisses qui partiront sur deux trains de la gare de Berchères-les-Pierres. L’arrivée en Périgord, sera assurée par les architectes Paul Cocula et Jean Maunoury.
D’autres caisses resteront dans les cryptes, les bombardements des voies de communications 4 jours après le départ du convoi, rendant une seconde opération impossible.
Ce sont les carriers de Fongrenon (supervisés par le gérant des carrières Alexis Moreau) qui transporteront les vitraux acheminés par des charrettes attelées à des boeufs et les disposeront à 300 m de profondeur, dans 5 salles condamnées ; l’activité continuant pour ne pas éveiller la suspicion des allemands.
…
Le retour à Chartres se fera le matin du 28 novembre 1945 par un convoi de 8 camions Pour 65 tonnes de vitraux. Quelques mois avant cette opération de rapatriement, le maître-verrier Lorin (ateliers Lorin et Gaudin) avait commencé la remise en place des panneaux conservés à Chartres dans les cryptes… Le travail colossal de repose de l’ensemble des verrières y compris celles rapatriées sera effectif en octobre 1948,
Le propriétaire de Fongrenon de nos jours est Frédéric de Monner -
La liste du patrimoine de La Tour-Blanche est tellement importante (manoirs – colombiers – Moulin à vent - ruines château de Jovelle XIIIe et grottes) que je vous conseille de passer une grande journée sur ce territoire riche d’Histoire.
photos 1- 2 - 3 et 4 - communication « Autour de Ribérac »
photo 5 - cathédrale de Reims 14-18 «Le Point »
Photo 6 - Notre-Dame de la Belle Verrière (1180)
Photo 7 -hommage à Jean Moulin - source Amis de la Fondation de la Résistance Délégation Aveyron - ANACR DORDOGNE PERIGORD
photo 8 et 9 château de la Tour Blanche XIIe siècle
Photos 10 - 11- 12 - Manoir de Nanchapt
Les carriéres de Fongrenon -
Cathédrale de Reims (bombardée 280 fois) Guerre de 14- 18 -
Notre-Dame de la Belle Verrière (1180) -
- In 1350, the English occupied it. In 1356 an army commanded by Duguesclin took over the castle for the Crown of France. At the beginning of the 15th century, the fortress was the seat of a barony and belonged to the Bourdeilles ... Hundred Years War, then attacked again during the Fronde, it was not spared by the revolutionaries who sold it as national property in 1792 ...
Un peu de douceur inattendue au château médiéval de La Tour-Blanche -
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