Le château de Gageac est considéré comme l’un des plus importants du Sud Bergeracois, sur la route des coteaux de Saussignac à 18 km de Bergerac et 12 km de Sainte-Foy-la-Grande. Il appartenait aux ducs de Duras et faisait face au duché de la Force.
Le château, dominant la plaine de Gardonne, avec ses douves sèches et ses marécages au nord, était au XIIe siècle un poste avancé constitué d’une tour carrée en pierre (donjon) avec fortifications en bois, destiné à prévenir le château de Duras sous domination anglaise, à une vingtaine de kms (déjà en Lot et Garonne), Gageac et Duras seront la propriété d’Arnaud II de Durfort à l’époque où les Anglais vendangeaient en Aquitaine puisque le traité de Paris en 1259 avait partagé le Périgord et le Quercy entre le roi de France Saint-Louis et celui d’Angleterre Henri III.
La domination anglaise comportait des avantages pour les anglo-gascons qui y trouvaient leur compte du fait des échanges commerciaux avec l’Angleterre et des charges moindres que sous domination française.
Lors de la guerre de Cent-Ans (1337-1453) les Durfort-Duras ont su tirer leur épingle du jeu au gré des alliances et des avantages financiers.
Gageac entouré de fossés et de remparts fut renforcé au XIVe siècle pour devenir une place forte des Durfort-Duras de plusieurs centaines d’hommes avec un corps de bâtiment accosté d’une grosse tour à l’Est et séparé à l’Ouest de la vieille tour en pierre du XIIe siècle appelée donjon qui ne devenait accessible que par une passerelle amovible au niveau du premier étage.
En 1370, l’armée française, conduite par le duc d’Anjou, le Connétable Du Guesclin et le maréchal de Sancerre vient libérer la Guyenne du joug anglais et une partie des troupes va faire le siège de Gageac qui se rendra le 9 octobre 1370 après seulement 5 jours de siège car les anglais craignaient Du Guesclin qui ne faisait pas de prisonniers. Gageac passera au comte Archambault V de Périgord. Sans doute pas par hasard puisque Gaillard II de Durfort en 1371 avait épousé Éléonore de Périgord, sœur d'Archambaud IV de Périgord.
En 1490, Gageac, mal au point est racheté par Michel de Chasseignes, seigneur de Génissac.
Durant les guerres de religions de 1562 à 1598 Gageac ne semble plus être stratégique.(1)…
Au XVIe il passera aux d’Essenault de Castelnau, puis aux Reclus qui le conserveront jusqu’à la Révolution.
En 1650, de grands travaux sont réalisés. Le corps d’un haut logis verra l’étage intermédiaire supprimé et de grandes ouvertures percées, avec à gauche le donjon du XIIe et à droite la tour carrée équilibrant l’ensemble. le toit sera agrémenté de deux magnifiques lucarnes simples au sud et trois doubles côté nord, le château sera protége par une enceinte crénelée munie d’un chemin de ronde et flanquées d’échauguettes. Un pigeonnier sera également construit.
En 1760 cet ancien repaire noble avait encore, haute justice sur Gageac..
En 1824, il appartient au baron Michel Doussault de la Primaudière qui mariera sa fille Mathilde à Geoffroy de la Verrie de Vivans, originaire de Siorac en Perigord et depuis plus de six générations le château de Gageac est la propriété de la famille de la Verrie de Vivans, descendante du glorieux capitaine Geoffroy de Vivans.
Au XIXe le père de Goeffroy, Charles de la Verrie de Vivans va déplorer la destruction intempestive par des charpentiers-couvreurs des lucarnes, n’en sauvant qu’une seule.
Toujours au XIXe les marécages ont été asséchés et des travaux ont suivis, la face nord devenant l’entrée principale du château.
La sériculture deviendra l’affaire de la famille. Les mûriers plantés vers 1873 pour nourrir l’élevage du ver à soie, sont encore présents sur l’ancienne allée au lieu-dit « le Martinaud ». La filature se tenait à Lyon.
Depuis plus de six générations et deux siècles, le château de Gageac et Rouillac est la propriété de la famille de la Verrie de Vivans, descendante du glorieux capitaine Geoffroy de Vivans (1543-1592).
…(1)Nota Bene - Cependant, un descendant illustre des propriétaires actuels mérite d’être raconté et c‘est Jacquelin de Verrie de Vivans qui en parlera dans le grand salon du haut logis Grand Siécle, où trône un tableau peint en 1876 représentant le roi de Navarre au chevet de « son plus affectionné et parfaict amy », Geoffroy de Vivans, Gouverneur du Périgord et du Limousin, blessé grièvement par un fer de lance à l’abdomen lors de la bataille de Coutras le 20 octobre 1587. Au coté d’Henri IV se tient son célèbre chirurgien Guillaume Loyseau (né à Bergerac) qui guérira miraculeusement Geoffroy de Vivans que tous pensaient perdu... Un an plus tard, le 25 octobre 1588, Geoffroy de Vivans prendra la bastide et le château de Domme, en tant que capitaine protestant de la garnison de Castelnaud et ce jusqu’en 1592.
Geoffroy de Vivans 1543-1592 est né à Castelnaud et est le fils de Charles de Vivans, et de Louise de Cazenac de la Beauze. Il sera élevé dans la foi protestante. Dès l'âge de 24 ans, il va rencontrer sur son chemin Henri de Navarre…
Le château est inscrit aux Monuments Historiques depuis le 27 septembre 1948.
l‘allée des muriers lieu-dit « Le Martinaud »
tour gauche du XIIe siécle appelée donjon.
Intérieur de la tour du XIIe. ( cheminée dans la petite salle de garde) -
L’escalier (étroit et à hautes marches) de la tour du XIIe
vue d’ensemble du château (Croix occitane à droite, sur la face nord, rendue moins visible en cette période de sécheresse) -
vierge « Notre-Dame du Pont de Soirac en Périgord » - sur le terre-plein devant le château de Gageac -
Le pont de Soirac étant régulièrement emporté par les crues de la Dordogne, Charles de la Verrie fut chargé de sa reconstruction après 1847 mais auparavant il fit un pèlerinage à Notre-Dame de Peyragude rapportant une pierre qu’il mit dans le pilier central et posa cette vierge à l’entrée.
Durant vingt-cinq ans ce pont devint aussi un lieu de pelerinage car il résista à toutes les crues En 1905 au moment de la séparation de l’église et de l’état, elle fut ramenée dans la propriété familiale puis en 1936 Geneviève de la Verrie et son fils Pierre la destinèrent au château de Gageac.
Tour XVIIe à droite et chemin de ronde -
Face Nord - devenant entrée principale au XIXe siécle (le marécage a été asséché)
Cuisine médiévale du château ouvrant sur la face nord -
le Pigeonnier -
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