Le château de Grateloup est implanté à mi-hauteur, au nord d'une colline dominant le vallon du Caudeau (petit affluent de la Dordogne). Au milieu des vignes de Pécharmant, le château de Grateloup verra naître Maine de Biran (1766-1824), reconnu comme fondateur de la psychologie française.
On accède au château par une allée de platanes centenaires , à un porche à mâchicoulis seul vestige de la maison forte du XVe siècle.
Vers 1590 Raymond de Faure de Lussas mariée en 1612 à Jeanne de Gachon, fait construire le premier corps de bâtiment central avec ses dépendances en lieu et place de la maison forte. Leur fils Pierre de Faure de Lussas sire de Grateloup épouse en 1647 Marthe de Bacalan et Marguerite du Faure de Lussas, sœur de Pierre, épouse en 1657 Thomas de Bacalan . Ces deux unions sans postérité amènent une donation à leur neveu par alliance, Timothée de Bacalan, seigneur de Maisonneuve. Ce dernier se marie avec Anne de Vergnon en 1696 et Grateloup sera entièrement remanié et deux ailes seront ajoutées. Le tout est traité avec noblesse et discrétion et donne l’impression d’une gentilhommière rustique avec en façade arrière donnant sur un jardin en terrasse, deux pavillons plus hauts accolés au corps de logis.
Le 14 juillet 1718 Timothée de Bacalan vend la seigneurie de Grateloup aux frères d’Alba. David Daniel d’Alba la revend en viager à Joseph Deville marié à Marie d’Orange qui agrandiront encore le château. La façade arrière donne sur un jardin en terrasse.
A la mort de Joseph Deville en 1747 le château revient à son fils Joseph Deville de Vermont marié en 1721 avec Rose de La Haye. C’est leur fille Jeanne Rose qui hérite de Grateloup et épouse Pierre Daniel Robert de Taillefer en 1757. Leur fils François Robert de Taillefer le lègue par testament le 16 juin 1792 à son neveu François-Pierre Gontier de Biran dit Maine de Biran (nom d’une terre limousine paternelle).
Maine de Biran ne fut pas seulement un penseur mais aussi un homme d’action qui va se consacrer à ses réflexions philosophiques qui seront d’ailleurs couronnées par les académies de Berlin et de Copenhague ainsi qu’à des fonctions de plus en plus humanistes Pendant cinq ans (1806-1811) sous-préfet de Bergerac il innovera en se consacrant à la paupérisation régionale. Deux problèmes le préoccupent « la vaccine » et « l’instruction publique », il créera l’école secondaire de Bergerac et il fondera la société médicale de Bergerac.
Son fils Félix Maine de Biran (1796-1879) né de sa première union avec Louise Fournier, hérite du domaine à la mort de son père; Il réorganisera lui aussi, le corps de logis. De son mariage en 1823 avec Caroline Valleton de Garraube il a une fille, Éléonore Maine de Biran qui hérite du domaine en 1879. Elle s'est mariée en 1854 avec Pierre-Jules Savy.
L'aile sud du château n'existe plus et La chapelle a été construite en 1880.
Le dernier propriétaire, par le jeu des alliances, doit sa légitimité à la fille d’Eléonore Maine de Biran, Madeleine Savy qui a épousé en 1879 René Durand de Ramefort.
Les façades et les toitures du château et du châtelet d'entrée sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 24 mars 1997. Le site comprenant le château et ses abords a été inscrit le 24 mars 1973.
sources -
Info. Transmises par le propriétaire rencontré.
Monumentum.fr »saint-sau.. - pop.culture.gouv..fr - Wikipedia.org »wiki »C… et M…
Un peu plus pour comprendre le philosophe - homme politique
Le ler janvier 1785 Maine de Biran à l’âge de dix-neuf ans sera enrôlé à Paris comme garde du corps du roi, compagnie de Noailles et sera blessé lors de la défense du château de Versailles des 5 et 6 octobre 1789.
A la mort de son père en 1792 il revient en Dordogne et s’installe pour deux années avec sa mère à Grateloup qu’il fera réaménager et où il écrira sa première œuvre philosophique.
Après thermidor an II (juillet 1794), le conventionnel Boussion, médecin et député du Lot-et-Garonne, est envoyé en Dordogne, avec la mission d'épurer le département. Il fera nommer Maine de Biran, le 14 mai 1795, administrateur de la Dordogne. Pour remplir ses fonctions, celui-ci s'installe à Périgueux, chef-lieu du département. À cette époque, il rencontre et épouse une jeune et jolie femme, Louise Fournier, qui lui donnera trois enfants (dont l'aîné, François, sera officier des gardes du corps sous la Restauration). En brumaire an VIII, il accepte, comme les Idéologues, le nouveau pouvoir : le Premier consul lui paraît être l'homme de la réconciliation et de la reconstruction. En 1800-1802, toujours passionné par les problèmes philosophiques, il rédige un important mémoire sur L'influence de l'habitude sur la faculté de penser, à la suite duquel l'Institut lui décerne le Premier prix. Veuf en 1803 (Louise a fait une attaque en apprenant le retour d’émigration de son premier mari), il veut se consacrer à ses réflexions philosophiques qui seront d’ailleurs couronnées par les académies de Berlin et de Copenhague ainsi qu’à des fonctions de plus en plus humanistes. Pendant cinq ans (1806-1811) sous-préfet de Bergerac il innovera en se consacrant à la paupérisation régionale , l’assèchement des marais, construction des ponts, interdiction de déboisement non mesuré, conservation des monuments historiques. Il multipliera les tournées dans les communes. Deux problèmes le préoccupant « la vaccine » et « l’instruction publique », il créera l’école secondaire de Bergerac et il fondera la société médicale de Bergerac.
Le 5 mai 1810 il est fait chevalier de la légion d’honneur et le 9 août le Sénat le désigne pour siéger au Corps législatif au Palais Bourbon à Paris. Il est chargé avec quatre diplomates d’évaluer les offres de paix formulées aux alliés par Napoléon. Le 1er janvier 1814, aux Tuileries, lors de la présentation des voeux par les grands corps de l'État, Napoléon va intervenir avec vivacité à l’encontre du Corps législatif … « Vous êtes cinq factieux… »
… et retour à Grateloup pour Maine de Biran.
Il se remarie avec Mlle Louise Anne Favareilhes de la Coustete, sa cousine. Après la première abdication de Napoléon (6 avril 1814), il se rallie facilement à Louis XVIII. Devenu membre de la Chambre des députés, il est nommé questeur, officier de la Légion d'honneur et chevalier de Saint-Louis. Par ordonnance royale et lettres patentes du 6 septembre 1814, il avait été anobli avec titre de chevalier. Il sera fait commandeur de la Légion d'honneur en 1819.
Il meurt à Paris le 28 juillet 1824 dans sa 58e année et sera transféré en 1841 au cimetière de Saint-Sauveur.
Ref Marc Allégret Revue du souvenir napoléonien – 2004
réf Philippe Bories SHAP 1977 tome CIV « LES PROPRIÉTAIRES SUCCESSIFS DE GRATELOUP aux XVIIe et XVIIIe siècles » -
Photos Bernard Séris
Façade coté terrasse
Porche à mâchicoulis - seul vestige de la maison forte du XVe siécle « Territ. Voc. de Ostra Lop ».
Façade cour
Chapelle
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