Montastruc - Lamonzie-Montastruc - V2

Au Ve siècle, les invasions des Germains puis des Wisigoths, obligent la population à se réfugier dans les grottes agrandies par des habitations troglodytiques. S’y trouvent la représentation gravée d’un renard ainsi qu’une vénus sculptée remontant à la chute de l’empire romain qui, jusqu’en 1987, fera l’objet de la célébration de la fête annuelle de l’Assomption.

En excavant les plafonds des grottes, l’éperon rocheux s’est isolé servant aux premiers remparts du XIe siècles, qui subsistent encore, surplombant les douves sèches à l’Est et au Nord et les douves en eau au Sud et à l’Ouest.

En 1309, Hugues d’Abzac, seigneur de Clérans et chevalier pour Montclar, reçoit donation de biens et immeubles à La Monzia, incluant le « domus » de Montastruc. Il y fait élever le château ancien et c’est Bertrand d’Abzac qui le terminera.

Amaury d’Estissac, héritier de la châtellenie de Montclar, fait don à Bertrand d’Abzac de tous les droits de haute, moyenne et basse justice qui lui appartiennent, sous la condition de l’hommage symbolique d’une paire de gants blancs.

Le 1er Mars 1439, Bertrand d’Abzac, seigneur de Montastruc, de Bellegarde, de Siorac, de Domme, de la Force de Masduran, considéré comme traitre à la couronne de France et parjure en se déclarant favorable aux Anglais, est décapité à Limoges par ordre de Charles VII. La démolition de Montastruc, à « hauteur de l’infamie », va être ordonnée.

En 1449, Jean de Bretagne rend à Jeanne de Beynac, veuve de Bertrand d’Abzac, le domaine de Montastruc moyennant soumission à l’autorité royale. Le château est démantelé et puis réhabilité à partir de 1480, en vertu de lettres patentes de Louis XI de septembre 1475.

En 1568, le jour de Noël, Blaise de Monluc, investi par Catherine de Médicis du maintien de l’ordre en Guyenne, assiège Montastruc, obligeant la garnison huguenote à se rendre. De nouveau assiégé par le sénéchal du Périgord en 1569, il est repris aux protestants et rendu aux d’Abzac.

Non loin des forêts de Montastruc, Antoine du Puy de la Motte, beau-frère de Charles d‘Abzac, est le capitaine des croquants à la tête d’une jacquerie d’environ 10 000 hommes. Il se soumettra sous condition de la grâce royale, moyennant l’abandon de la ville de Bergerac qu’il a pris le 10 mai 1637. 

Louis II, devenu prince de Condé depuis la mort de son père, est arrêté le 18 janvier 1650 au début de la fronde des Princes et emprisonné, avec son frère Conti et son beau-frère Longueville dans la prison du château de Vincennes. Le 26 mai 1650, les murs de Montastruc voient à leur pied la défaite de l’arrière-garde de monsieur de La Valette, par le duc de Bouillon Frédéric-Maurice de la Tour d’Auvergne et le duc de La Rochefoucauld, lorsque ceux-ci accompagnent la princesse de Condé et son fils le duc d’Enghien, à Bordeaux centre de résistance de la coalition.

Au XVIIIe siècle, l’ancien château se voit compléter par un château néo-classique, comprenant un corps central surmonté d’un fronton soutenu de colonnes (face au pont) et en retour d’équerre, l’aile droite et son pavillon. Côté gauche vers le sud, le vieux château est absorbé dans l’aile du nouveau ; la tour faisant office de pavillon.

Fief des d’Abzac depuis le XIIIe siècle, Montastruc est ensuite passé par alliance, aux Ferrand de Mauvezin, aux Pérusse des Cars, aux du Garrich d’Uzech, puis en 1849, aux marquis de Lostanges de Saint-Alvère, suivis des Loeff en 1936.

En mai 1940, la grande duchesse Charlotte de Luxembourg et sa famille s’exilent quelques mois à Montastruc. En juin, la Reine d’Autriche-Hongrie, Zita avec ses huit enfants y passent.

Après la dernière guerre, Montastruc appartient aux Ordonneau, avant d’échoir en 1998 aux actuels propriétaires respectueux de son histoire.

Le château est privé et il se destine à la location saisonnière jusqu’à vingt personnes en résidence haut de gamme.

Façades et toitures du château, vestiges de l’ancien oratoire se trouvant dans le corps de bâtiment ouest, sont inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques depuis le 11 avril 1973