Sous Hélie de Talleyrand (1253-1321) la paroisse de son vassal du repaire noble de Jaure, verra s’y installer nombre de chevaliers originaires du castrum de Grignols. La survivance de l'église et de la paroisse reste liée à la présence de la fontaine Saint-Firmin dite miraculeuse et au château de Jaure fief des Talleyrand depuis le XIIIe siècle. En 1376, suite au siège du château de Grignols, par le Maréchal de Sancerre qui obtiendra la soumission au roi de France, le château primitif et la proche église de Jaure seront en partie détruits et rebâtis.
Le château près d’un cluzeau fait l'objet d'une reconstruction avec un édifice flanqué de 2 tours carrées, comportant un chemin de ronde entouré d'un fossé. Les tours rondes ont été ajoutées au XVème siècle. L'ensemble est protégé par un mur d'enceinte. Une cave voûtée du XIVe siècle subsiste encore. Certaines transformations sont encore apportées aux XVlème et XVIlème siècles telles lucarnes et croisées, et un haut et étroit colombier du XVe siècle. Jaure fut la proprieté des Borde, des Lur, des Calvimont, des Aubusson (André d’Aubusson lieutenant général sous Louis XV y mourut) et des Bertin.
Le général Nicolas Obroutchev (1830-1904) sujet émérite de ses majestés les tsars de Russie, qui deviendra chef de l’Etat-Major général de l’armée russe, grand-croix de la Légion d’honneur, va épouser en 1862 Marie-Léontine Millot. En 1866 les époux achetaient par moitié avec Pierre Élie Millot frère de Madame, le château de Jaure, sur une vingtaine d’hectares et feront rebâtir le logis principal, à la suite d’un incendie.
Cet officier russe a sans aucun doute été l’un des artisans de la convention militaire franco- russe de 1892-1893 et donc d’un rapprochement entre la France et la Russie. Selon le Maréchal Foch, si la France n’a pas été rayée de la carte de l’Europe lors de la Grande Guerre de 14-18, elle le doit à cet homme. Le Général est profondément attaché à la culture française et le couple partagera sa vie entre Jaure et Saint-Petersbourg en raison des hautes responsabilités du général et où Marie dame d’honneur de la tsarine Alexandra Feodorovna était très appréciée.
À Jaure, le général s’investissait dans la vie communale et les réceptions dans les salons de Jaure étaient très prisées. En outre, les plus démunis ou simples soldats savaient trouver au Château de Jaure, à proximité de la source de Saint-Firmin un accueil charitable.
A noter que le Périgord conserve de ce rapprochement avec les Russes quelques édifices-témoignages dont l’Hôtel de France et de Russie de Thiviers qui rappelle la visite du Tsar Nicolas II effectuée en France en 1896. Avec son épouse Marie-Léontine, ils n’auront eu qu’un seul fils Illia Nikolaevitch, né en juin 1863 qui décèdera en bas âge. Le couple Obroutchev a laissé plusieurs héritiers, neveux et nièces de son épouse, les Familles Burg et Aubertin. Désormais c’est la propriété privée d’un couple Belge.
bibliographie - « l’homme de la convention militaire franco-russe » - auteurs les époux Bernard -
Decal‘age Production Edition
un général russe châtelain de Jaure (Michel Bernard et Joelle Le Pontois SHAP tome CXXXV année 2008.
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