Vers 1500 Alain d’Albret rétrocède par avance les droits sur l’Herm qu’il a acquit des co-seigneurs féodaux Charles de Caumont seigneur de Berbiguières et François de La Cropte seigneur de Lanquais, à son ambassadeur Jean II de Calvimont avocat et conseiller au Parlement. Jean III (1490-1557) épouse en 1522 Marguerite de Talleyrand dont le père est le seigneur de Saint-Paul de Serre et il achète en 1526 la charge de second président de la cour du parlement de Bordeaux. Il est envoyé en Espagne par François 1er comme ambassadeur auprès de Charles Quint qui détient toujours les enfants du roi en otages. Rentré à Bordeaux ses prises de position contre les protestants lui valent une interdiction d'exercer et de séjourner à Bordeaux de 1544 à 1547. Pendant cette période, il se retire à l'Herm et y fait des aménagements. Son épouse meurt sans descendance et il se remarie en 1555 avec Marguerite de Farges, dame de la Chapelle Faucher avec qui il a trois enfants : Louise, Marguerite, et Jean IV (1557-1586) né juste après le décès de son père.
En 1581, Jean IV est un des capitaines de la troupe de Catholiques qui prennent Périgueux alors tenu par les Protestants. L’année suivante, il épouse Anne d’Abzac de la Douze, d’une puissante famille, également du parti catholique. Ils ont deux filles, Jeanne (qui le suivra de près dans la tombe) et Marguerite son unique héritière qui n’a pas trois ans. Son père avait inséré dans son testament une clause de substitution en faveur de son cousin de la branche des Calvimont-Saint-Martial pour le cas où sa fille viendrait à mourir sans héritier.
Un contrat passé à l’Herm le 14 janvier 1588 règle le remariage d’Anne d’Abzac avec Foucault d’Aubusson seigneur de Beauregard et celui de son fils François d’Aubusson âgé de plus de 20 ans avec Marguerite 4 ans et demi. Foucault meurt en 1600 laissant trois jeunes garçons à Anne.
Marguerite trop confiante laisse son époux qui manque de probité, abandonner à sa belle-mère les terres de Saint-Paul de Serre qui aurait dû lui revenir… En février 1605 il fait étrangler sa femme, par ses sbires, car il est épris de Marie de Hautefort.
le 24 février 1606, Anne de la Douze, fixe sa résidence à Saint-Paul-de-Serre.
Le 28 septembre 1606, François d'Aubusson veuf se remarie avec Marie de Hautefort fille de Louise de Cars et de François marquis de Hautefort. Deux enfants naîtront Charles et Françoise. En 1608, Anne d’Abzac de la Douze retire sa plainte contre une partie de l'héritage de Marguerite mais les Calvimont de Saint-Martial crient au scandale et l'obligent à revenir contre son gendre qui se livre alors à la justice. Incarcéré, il meurt en 1618 de mort naturelle.
L’assassinat de Marguerite est « le crime » de l’Herm qui met en place tous les éléments de la tragédie dont Marie de Hautefort tirera les ficelles durant 46 ans.
Elle fait assassiner les deux frères de Calvimont de Saint-Martial et obtient la propriété du château. Son fils Charles est assassiné en 1636. Elle se remarie avec un complice Henri Bertrand Raphaël de Beaudet, seigneur du Peuch, et promet sa fille à son gendre Louis de Beaudet. Henri sera tué dans un traquenard en 1644 suivi de Louis en 1649. Sa fille Françoise épouse Godefroy de La Roche-Aymon à qui elle était promise. Elle mourra en mettant au monde sa fille, Jeanne-Armande de La Roche-Aymon qui sera l’héritière de sa grand-mère décédée en 1652 à l’Herm.
La vente de la seigneurie de l’Herm est réalisée en 1682. Un certain Clément acquiert pour la nièce de Marie de Hautefort (dénommée elle aussi Marie de Hautefort, duchesse de Schomberg) le château et les terres de Rouffignac, Milhac-d’Auberoche et Plazac, les terres et les rentes de Fanlac, Thonac, Bars, Fossemagne, Lamonzie-Montastruc, Saint-Georges et Siorac pour la somme de 40 000 livres que la duchesse de Schomberg protégée de Louis XIII, emprunte à Louvois.
L’Herm est peu à peu délaissé et abandonné par les Hautefort eux-mêmes qui érigent la ferme principale de la seigneurie en siège de juridiction. Celle-ci fonctionne jusqu'en 1830, date à laquelle les Hautefort vendent le domaine, qui est alors démembré en plusieurs lots.
Le château de l'Herm a fait l'objet d'une inscription au titre des Monuments historiques le 10 août 1927.
Le château en ruine était ouvert au public régulièrement depuis 1988 par les propriétaires de l’époque Marie et Dominique Palué qui l’avaient racheté à la famille Plassard.
Épilogue - le château est racheté en 2020 par un esthète séduit par son intégrité architecturale et qui se donne encore quelques années pour restituer l’Herm tel qu’il a été conçu par les Calvimont au début du XVIe siècle et pour lui donner un avenir dans une dimension certainement culturelle.
Source principale - « la tragique histoire du château de l’Herm » Jean Maubourguet Édition Nouvelle 1970 édité par Clovis Dougnac.
Photos 2 et la suite en provenance du château de l’Herm.
L’Herm, au XVIe siècle est « un grand corps de logis rectangulaire de 25 m de long sur 10 m de large, aligné sous des créneaux à triple corbeaux avec un triple rang de fenêtres à meneaux de pierre. Des tours puissantes se font face aux angles du sud-ouest et du nord-ouest ; sur la façade opposée celle de l’Est pas exactement au milieu, une troisième tour d’escalier de forme polygonale, porte ses créneaux avec un étage plus haut que ceux du corps de logis. Les contreforts qui renforcent ses angles sont décorés de pinacles à contre-courbes et se terminent très haut, en choux frisés. Dans cette tour, face au pont, s’ouvre la porte d’entrée de style gothique flamboyant, encadrée de moulures à pénétration qui se croisent à leur sommet au-dessus d’un tympan (disparu), l’archivolte en courbe et contre-courbes épaulée par d’élégantes colonnettes, est décorée de crochets et de pinacles. A droite et à gauche en demi-relief se trouvent deux statuettes de chevaliers. La porte franchie, livre un escalier monumental en spirale aux larges et profondes marches qui dessert seul le château tout entier. Sa tige moulurée s’épanouit en haut sous la voûte de la tour, comme les branches d’un palmier et la décompose en ogives. Les clés de voûte portent les armoiries des Calvimont et un écusson où s’entrelacent les lettres « J.H.S ».
Le château sera minutieusement démantelé dans le premier quart du XIXe siècle pour en vendre les matériaux ; pierre de taille des partie sommitales, bois de charpentes et des planchers, matériaux de couverture, terre cuite au sol… même les ferronneries de menuiseries et les grilles des fenêtres sont descellées pour être vendues. par contre le démantèlement s’est interrompu avant le démontage des splendides cheminées armoriées.
le château ainsi démembré inspirera l’écrivain Eugène Le Roy qui en fait en 1899 le décor de son roman Jacquou le Croquant - cette histoire romancée colle au château de l’Herm et demeure encore aujourd’hui dans la mémoire collective »
Source - affichage à l’entrée du château.
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