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  • Photo du rédacteurGlady de Brégeot

Le château de la Renaudie en Périgord vert et la conjuration échouée d’Amboise

Dernière mise à jour : 8 mars 2022


Au nord-ouest de Nontron à 13 km de Varaignes, un château fort en ruine nous fait incite à l’approcher. En fait il est à 200 m de la RD 3 sur la commune de Saint-Front-la-Rivière.

Ce château à l’état de ruines, dégage cependant, par le respect du lieu, sans la végétation inhérente à ces lieux abandonnés, sans nuisances humaines visibles, une impression de noblesse. La délimitation du logis du XVe siècle flanqué de deux tours côté sud-est avec une tour d’escalier écroulée est bien présente. La cour est fermée par un haut mur avec aux deux angles, des tours avec trois meurtrières à leurs bases. Un châtelet d’entrée est intégrée dans l’enceinte. Les montants de deux cheminées et des moulures nous renseignent sur la volonté de lui donner l’aspect nouveau de la Renaissance.

Le château de la Renaudie du XVe siècle, aurait été construit sur les bases d’un repaire noble du XIIIe siècle probablement détruit pendant la guerre de cent ans.

En 1507, Alain d’Albret érige en Châtellenie les fiefs de la Renaudie et de Saint-Front-la-Rivière pour récompenser son Chambellan Bertrand du Barry dont le père Guy du Barry dés avril 1454 avait rendu hommage au roi de Navarre.

La Renaudie sera la seigneurerie du protestant Jean du Barry initiateur en 1560 de la conjuration d’Amboise (1)

De par ses deux filles, la lignée noble (par mariage Saint-Aulaire, Rochefoucauld, de Veyrinas, Pérusse des Cars , Faure) habitera le château jusqu’à la Révolution Française où il sera abandonné, partiellement incendié et utilisé comme carrière de pierres.

Il est inscrit aux monuments historiques depuis 1946.

Malgré son air d’abandon, il s’agit d’une propriété privée.


Nota - Avant de vous parler de la conjuration fatale à Jean du Barry, il est bon de savoir que le château d‘Amboise est un grandiose palais qui domine la Loire du haut de ses 127 m. C’est une ancienne résidence des rois à la Renaissance et lieu de sépulture de Léonard de Vinci.



(1) La conjuration d’Amboise de mars 1560

Les protestants se sentent menacés après l’exécution du jeune conseiller au parlement de Paris, Anne du Bourg. En 1559, celui-ci avait plaidé en présence du roi Henri II, la cause des protestants devant le Parlement de Paris. Il sera exécuté, malgré la mort accidentelle la même année du roi. Catherine de Médicis devient alors régente pour son fils le roi François II âgé de 15 ans mais le pouvoir effectif est aux mains du Duc François de Guise, oncle maternel de la jeune reine Marie Stuart. François II a confié le gouvernement aux Guise, garants en France de la religion

catholique, et partisans d'une politique d'une grande fermeté envers la religion réformée.

François de Guise et son frère le Cardinal Charles de Lorraine, monopolisent le pouvoir. Leur influence déplait à Antoine de Bourbon roi de Navarre (père du futur Henri IV) et à son frère Louis ler de Condé, des princes du sang très proches du trône mais tenus à l’écart du fait qu’ils sont réformés et disciples de Jean Calvin comme d’ailleurs un tiers de la noblesse française.

« La conjuration d‘Amboise également appelée tumulte d'Amboise, de mars 1560, est la tentative d'enlèvement manquée de la personne du roi François II, organisée par des gentilhommes protestants. . Ceux-ci voulaient soustraire le roi à la tutelle des Guise, qu'ils jugeaient trop proches de lui. L'événement annonce les guerres de Religion à venir (1562-1598).

Antoine de Bourbon refuse de diriger la conjuration et Condé va la laisser s’organiser sous le commandement de Jean du Barry, seigneur de la Renaudie, gentilhomme du Périgord, qui a réuni d’autres gentilshommes venus de toute la France, ainsi que des bourgeois des villes d’Orléans, Tours et Lyon, et qui vont assiéger Amboise où la cour est installée. François Bouchard d’Aubeterre va particulièrement s’y impliquer allant jusqu’à vendre ses terres pour organiser cette conjuration. Le parti réformé veut s’emparer de la personne du roi pour le soustraire à l’influence des Guise.

Les Guise sont informés et font arrêter du 10 au 16 mars, les conjurés arrivés en avance, leur laissant l’espérance d’exprimer leurs doléances, au roi.

Malheureusement Bertrand de Chandieu huguenot lance une attaque surprise le 17 mars, rapidement matée... La plupart des conjurés seront pendus aux balustrades du château, les autres sont noyés dans la Loire ou massacrés par la foule. Le 19 mars, Jean du Barry, Chef de la conjuration est tué dans la forêt de Château-Renault. Son corps est ramené à Amboise où sa dépouille sera massacrée et exposée. Les autres chefs de la conjuration seront exécutés à Amboise, devant la cour et des notables spécialement invités pour assister au supplice. Comme François Bouchard y échappera, un épilogue lui est consacré (1).

La répression aura fait environ 1 200 morts.

Le prince de Condé qui désavoue ses partisans, est simplement gardé à vue eu égard à son rang.

Le 17 mars, le roi François II, aura confié au Duc de Guise la lieutenance générale du royaume.

En 1561 Marie Stuart, jeune veuve de l’éphémère roi de France François II et qui refuse de se remarier comme le veut la tradition repartira dans son Ecosse natale, réclamer le trône qui, le pense-t-elle lui revient de droit.



Nota Bene -(1) François II, conseillé en cela par sa mère Catherine de Médicis, va pourtant tenter de temporiser, notamment en libérant les hommes emprisonnés pour avoir pratiqué leur religion grâce aux édits de tolérance d’Amboise et Romorantin.

François Bouchard sera fait prisonnier et ses biens seront confisqués au profit de Jacques d’Albon, maréchal de Saint-André.

En 1563 à la demande de Condé, il rejoindra les seigneurs huguenots à St-Jean-d’Angely.

Chef de la troupe de Saintonge il défendra Tours.

Il se retirera ruiné à Genève sous le nom de Saint-Martin-de-La-Coudre et épousera en 1566 à Genève, Gabrielle Lauresanne. Il rentrera dans sa patrie à la mort de son père, sans son épouse ni son fils David.

Soldat aguerri et glorieux, il reste un homme sur qui Condé et Henri IV comptent.

Le 6 avril 1569 le parlement de Bordeaux, prend un arrêt de mort contre lui et les autres chefs protestants de la Guyenne, de l’Aunis et de la Saintonge..

il finira assassiné par un chef catholique en 1573.

Son fils David a dix ans à la mort de son père et il sera rapatrié, abjurera le protestantisme et retrouvera le château d’Aubeterre en se mettant au service de la ligue catholique du duc de Mayenne puis d’Henri IV. Il se mariera avec Renée de Bourdeille et sera Sénéchal du Perigord de 1582 à 1593.

château de la Renaudie à Saint-Front-la-Rivière


Jean du Barry Seigneur de la Renaudie - Photo DR espritdepays.com












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