Audouin ler Jaubert est qualifié de chevalier, seigneur de Nanthiat et de la Roche-Jaubert. Les Jaubert (ou Joubert) ont tenu le fief de la Roche du XIVe siècle au XVIe siècle, fidèles vassaux des vicomtes de Limoges et comtes de Périgord, aux côtés des nombreux vassaux d’Excideuil, dont les Lestrade, Vigier, La Roche, Boisseuil, Bruchard, Vaucocour, du Breuil et Malet.
À la fin du XIVe siècle, Marie de Lestrade, fille et héritière de Guy II de Lestrade, épouse en secondes noces Bernard IV dit de Roux. Leur fils Bernard V rend hommage le 14 septembre 1430 à Jean de Bretagne, comte de Penthièvre et le 11 avril 1439, Bernard V qui se fait appeler depuis 1432 « Lestrade », épouse Marie de Jaubert, fille de noble Golfier de Jaubert, seigneur de La Roche-Jaubert, qui lui donne en dot sa maison de Manhac à Saint-Jory-Lasbloux et sa maison de La Cousse, paroisse de Coulaures. Jean de Bretagne, vicomte de Périgord est présent lors du mariage et les chevaliers de Lestrade seront les protégés de Jean de Bretagne et de Charles VII.
Le vicomte de Limoges Charles de Blois comte de Périgord depuis 1437 fut un meneur contre les ennemis anglais, et les Jaubert de la Roche-Jaubert porteront des armes fleurdelisées en récompense de leur fidélité et de leurs services éclatants rendus à la couronne de France pendant les guerres anglaises.
Le château relève d’un édifice médiéval primitif, totalement remanié à la lisière du XVIe et du XVIIe siècle. Le corps de logis est un bâtiment presque carré, d’environ 23m sur 20 m ayant une hauteur d’environ 16 m (mais de près de 24 m coté est).
Sa façade principale à l’ouest est percée de trois travées sur deux étages. Deux tours carrées encadrent sur trois étages le corps du bâtiment central. La tour nord a été remontée au XIXe siècle, la tour sud ancienne était à l’origine tour d’un escalier disparu. La façade est, coté rivière comporte quatre travées et elle est agrémentée selon la mode du XVIe siècle, de deux échauguettes en culs-de-lampe coiffées de dômes élégants, elles semblent contemporaines du châtelet d’Excideuil.
Une tour quadrangulaire située entre le XIIIe et le milieu du XIVe siècle s’élevait au-dessus de la cave est, qui constituait sa base. Eboulée, son ouverture a perdu sa fonction , mais des départs de meurtrières apparaissent encore et est attribuable à la famille de Jaubert.
Aux XVIIe et XVIIIe siècle, Le fief de la Roche-Jaubert passe aux du Puy de Trigonant. Marguerite du Puy de la Fôret de Trigonant (1615-1683) épouse en 1636 Jean Ier de Jehan de Valboulet lui apportant le fief de la Roche. Jean II de Jehan de Valboulet (décédé en 1716) et ses frères François et Jean en sont coseigneurs. François de Jehan de Valboulet de Montignac, chevalier seigneur de La Roche-Joubert épouse Marthe d’Abzac. Leur fille, Marie-Benoîte naît en 1717.
Marthe, veuve la même année, prend possession du fief de La Roche mais réside au château de Boisseuil avec son second époux, le fringant Charles de Boisseuil épousé en 1721.
Sa fille, Marie Benoîte de Jehan de Valboulet épouse Jean-Martial de Fénis de Lacombe, et ils seront à l’origine des énormes réparations du château de La Roche en 1735.
Gabriel de Lestrade dit Lacousse achète le fief de La Roche avant 1743 et devient seigneur de La Roche. Il avait épousé en 1730 Jeanne Louise Catherine de Lasteyrie du Saillant. Leur fils Claude de Lestrade (1732-1782), capitaine au régiment royal étranger, reçoit en héritage les fiefs de la Cousse, Verrières et La Roche-Joubert et épouse en 1762 avec dispense de Rome, sa cousine Victoire de Lasteyrie du Saillant, fille du grand sénéchal et gouverneur du haut et bas Limousin.
Leur fils ainé, le vicomte Louis-Jean-Gaspard épouse le 21 janvier 1787 Pauline Ardiller fille richement dotée. Il afferme ses terres le 14 juin 1789 à Guillaume David propriétaire-agriculteur. Capitaine au régiment de Touraine infanterie, il émigre sous la Révolution.
Au XIXe siècle, le château et les terres sont vendus comme bien national à Monsieur Lafon, puis au député François Lamarque et en 1807 à François Vigneras, notable excideuillais et passeront après 1821 à Pierre-Auguste Vigneras.
Le 30 août 1852, Antoine Gasson, beau-fils du Maréchal Bugeaud (décédé trois ans plus tôt), achète le domaine de La Roche à Pierre-Auguste Vigneras et y fait de nouveaux aménagements avec son épouse Marie Bugeaud de la Piconnerie.
Le logis est organisé selon les normes en vogue au second Empire. Le rez-de-chaussée est réservé aux pièces de réception comprenant un grand salon avec une cheminée en marbre aux armes du maréchal Bugeaud, deux autres salons, une salle à manger, une salle de billard, un vestibule avec un escalier double. Les chambres sont au premier étage. Le second étage était réservé au personnel.
Le parc aux cèdres a été réaménagé au XIXe siècle.
Leur fils Thomas-Robert Gasson (1845-1893) diplomate à Saint-Pétersbourg Berne et Bruxelles, se fixe sur ses terres en 1874 avec son épouse Nelly Pradier.
Sans descendance, la succession du couple va s’avérer opiniâtre et la propriété de La Roche de 77 ha sera acquise en 1898 par Jean-Édouard Laborde, grand propriétaire foncier à Madagascar.
Le château est vendu au XXe siècle aux Massacré, aux Reydi puis au sociologue Henri Mendras (décédé le 5 novembre 2003).
En 2023, les nouveaux propriétaires sont Australiens et ils se sont attelés à la mise hors d’eau des toitures avant des travaux de confort. Ils ont gommé les extensions faites aux XIXe siècle devant la façade sud et la façade nord, dans le respect de l’histoire de ce monument.
Ref - bibliographie « le château de La Roche-Joubert à Saint-Pantaly-d’Excideuil : du repaire noble des Jaubert à la demeure d’agrément des Gasson Bugeaud d’Isly - par Francis A. Boddart
Bulletin SHAP Tome CXXXII année 2005 4ème livraison.
« Coulaures entre causse et rivières du Périgord » - Annie Herguido Ed. du Roc de Bourzac.
Dépendance -
Comentarios