La frontière de la Dordogne et de la Charente est matérialisée par une borne sur la D939 en face du château de la Rochebeaucourt sur la commune de Combiers et d’Édon. Ce château a été racheté en 2021 par Trevor Leggett de la Société Leggett Immobilier, entreprise familiale en Périgord devenue réseau national. Il y a installé le siège de son entreprise et son centre de formation côté Dordogne.
Il a fait don du parc de 7,5 ha à la commune qui a déjà lancé une pré-étude de réhabilitation des anciens bassins piscicoles situés entre le lit de la Nizonne et le canal «pour en faire un petit marais Poitevin » ouvert au public…
La première vision des grilles rouillées sur un terre-plein d’herbe avec en horizon les soubassements constitués d’arcades fermées sur lesquels un pavillon a été construit, laisse dubitatif.
Grilles ouvertes et personne qui ne nous empêche d’avancer dans l’ancien parc longé d’un côté par un grand canal qui alimentait la turbine actionnant pompes et générateur électrique, jusqu’à un passage couvert où des pièces avec voûtes en croisée d’ogives que j’ai imaginé dater de la fin du XVIe siècle tellement l’humidité du canal proche a érodé la pierre. En fait elles dateraient de la reconstruction du château de style Renaissance, en 1853 pour Louis Hector de Galard de Béarn, diplomate et sénateur du IIIe Empire.
Ce passage aurait apporté une réponse à mes interrogations sur la magnificence passée du lieu, tel que décrit dans les archives, à l’époque de la venue de Charles IX et de Catherine de Médicis, les 11 et 12 août 1565 où ils logèrent dans l’Orangerie, lors de leur grand Tour de France du 24 janvier 1564 au ler mai 1566, accompagnés par une cour d’environ 15 000 personnes. Ce voyage, que Catherine de Médicis lui fait entreprendre lui permet de découvrir son royaume, qui vient d’être ravagé par la première Guerre de Religion. Ce voyage devait permettre au roi de renforcer les liens de fidélité à l’égard de la monarchie…
L’ histoire du château :
Au IXe siècle, une forteresse avec une grosse tour carrée appartenant aux Villebois, surveillait l’ancienne route féodale Angoulême-Périgueux.
Au XIIIe siècle, un second château construit par les La Rochebeaucourt complète le dispositif.
En 1372, Ytier de Villebois profite de la révolte d’Angoulême pour chasser la garnison anglaise qui s’était installée par traîtrise sur ses terres.
Au XVIe siècle, François de La Roche petit-neveu de Marguerite de Villebois, prend le nom de La Rochebeaucourt et fait établir les terrasses et construire l’Orangerie.
De 1594 à 1892, par alliance et héritage, le site appartiendra aux Galard de Béarn.
Louise Élisabeth Félicité Françoise de Croÿ d'Havré, marquise puis duchesse de Tourzel, est la dernière gouvernante des enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette de 1789 à 1795. Sa fille Pauline de Tourzel va épouser en 1797 le Marquis Alexandre Galard de Béarn, propriétaire du château et futur chambellan de Napoléon. Alexandre, inconsolable, fera élever un Arc de Triomphe en 1840 appelé aussi « Arche de la vertu », un an après la mort de sa chère Pauline.
En 1850, il restait encore de ce château un logis cantonné de tours rondes à créneaux et mâchicoulis coiffées de toitures en poivrières.
En 1853 et 1859, Louis Hector de Galard de Béarn, diplomate et sénateur de l’Empire le fera détruire et construire un château moderne, optant sur le style Renaissance. Sous la terrasse subsiste, le décor mural du «passage des voitures » permettant de gagner à couvert, l’escalier qui menait au château (Voir les photos ci-dessous).
Le puissant seigneur de Connezac Louis Thomas de Conan, comte de Montbrun, puis son fils Alexis chevalier de Saint-Louis et officier au régiment du roi. Sa fille épouse Louis de Galard de Béarn et le couple aura aussi une fille qui transmettra le château de Connezac voisin d’une trentaine de km, à sa cousine germaine Marguerite de Monéys d’Ordières, marquise de Rolland. Les Galard de Béarn vont quitter le Périgord en 1870 suite à l’assassinat d’Alain de Moneys d’Ordières à la Foire de Hautefaye.
Réquisitionné par les Allemands, il fut brûlé « accidentellement » en 1944. Il n’en reste que le soubassement et quelques vestiges des jardins avec leur orangerie.
L’ensemble des vestiges bâtis (soubassement, édicule, orangerie. Arc de Triomphe, canaux, clôture…) et non bâtis (parc, jardin, allée et bois) est inscrit aux Monuments de France depuis le 21 mai 1990.
merci - l’humidité de ces piéces par rapport à l’escalier m‘a laissé imaginer un autre scênario -
Bonjour,
Les "pièces avec voûtes en croisée d’ogives" que vous présentez comme étant "de la fin du XVIe" datent en réalité des années 1850. Pour en savoir plus : https://archives-actualite.nouvelle-aquitaine.science/files/show/1233