Le château de Mayac - Périgord Blanc -
- Glady de Brégeot
- 22 mars 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 févr.
En 1445, Gui d’Abzac, consul, maire de Périgueux, donne à son fils Guillaume tous les biens qu’il possède dans la châtellenie d’Ans, lui permettant de devenir le premier seigneur de Mayac. Il y construit un château médiéval avec dépendances, métairie et moulin à grains.
Durant quatre siècles, les d’Abzac vont totalement modeler le site, au point de faire souche en créant la nouvelle branche d’Abzac de Mayac.
De 1630 à 1660, c’est Jacques, seigneur d’Abzac qui est à l’origine de la transformation de la nouvelle implantation englobant l’ancien château, pour en faire une résidence conforme au goût de l’époque, avec une tour côté rivière. Son fils Henri devient à son tour marquis de Mayac et continue à moderniser le domaine.
La longue façade de deux étages, agrémentée de pilastres, est percée d’une trentaine de baies ornées de refends, comme les angles. Un avant-corps à fronton triangulaire à hauteur de toit, domine un escalier de pierre à double révolution.
Antoine-François d’Abzac de Mayac (1708-1776) épouse, en 1727, Marie Odet d’Aydie de Saint-Martin de Vaugoubert (1707-1788) qui devient marquise de Mayac.
Après la mort, en 1733, d’Aïssé, princesse circassienne rachetée enfant à Constantinople par Charles de Ferriol, ambassadeur du roi de France Louis XIV, le chevalier de Malte, Blaise Pascal d’Aydie (1692-1761) va se retirer sur la terre périgourdine de son beau-frère et de sa sœur. Il est accompagné de sa fille Célinie née en 1721 de son amour avec Aïssé.
Il mariera Célinie avec Pierre de Jaubert, vicomte de Nanthiat, par contrat de mariage signé au château de Lanmary, le 16 octobre 1740.
Après le mariage de Célinie, le chevalier va habiter à Mayac en compagnie de son frère, l’abbé François Odet d’Aydie, accompagné de son cuisinier car « les frères n’existent plus que pour l’amitié, la chasse et les dindes truffées ». Son frère l’abbé, chanoine de la cathédrale de Tours, nommé en 1736 aumônier du Roi Louis XV, a obtenu en 1737 l'abbaye d'Uzerche, qu'il échange en avril 1745 avec celle de Savigny. Il en est encore titulaire en 1790 au moment de la suppression des abbayes. Les bénéfices de l’abbé d’Aydie et les dotations du chevalier passent dans la maison et les châtelains savent pourvoir à une large hospitalité. Mayac devient alors le centre intellectuel du Périgord. Sainte Beuve nous apprend que, durant les mois d’été, c’était le rendez-vous de la haute noblesse locale et de très grands seigneurs de la cour. On y venait même de Versailles en poste. Aucun jeune homme de qualité ne quittait le Périgord sans avoir été présenté à Mayac. C’était le « petit Versailles » de la province.
Célinie ne rompra jamais le lien avec son père qui meurt en 1761 et est inhumé à la chapelle Saint-Saturnin de Mayac.
L’abbé (1703-1794) fera encore construire un hôtel particulier, qui porte aussi le nom d'Abzac, dans le quartier Sainte-Ursule à Périgueux, terminé en 1790 dont il ne profite pas longtemps. C’est sa nièce, Marthe d'Abzac, dite mademoiselle de Montcheuil, qui hérite de ce bien. En 1806, elle en fait don au marquis Jean d'Abzac de La Douze.
Après 4 siècles, au début du XIXe siècle, la branche d’Abzac de Mayac s’éteint.
La branche ainée, par le marquis Jean d'Abzac de La Douze, député sous la Restauration et maire de Périgueux, voit la reconstitution d’un ensemble foncier important de 220 ha à Mayac, avant de s’en séparer en arbitrant entre les différents sites de son patrimoine.
En 1838, le comte François de Lestrade de Conty, de Badefols d’Ans, dont l’épouse est une Wlgrin de Taillefer rachète Mayac puis le revend en 1856 à Léon Chanard-Lachaume (1826-1914), maire de Mayac et consul, qui fait construire l’Orangerie, la deuxième tour du château pour la symétrie et le séchoir à tabac. Il confie la création du parc au comte Choulot et impulse une meilleure rentabilité agricole aux terres du fief.
En 1864, Jeanne Wlgrin de Taillefer et son époux Marie-Christian Labrousse de Beauregard, s’installent à Mayac. Les Labrousse de Beauregard revendent leur propriété dès 1872 au docteur Armand Leblanc-Girard, beau-fils du général d’Exéa. Par le jeu des alliances, la propriété revient dans le patrimoine d’une branche des descendants d’Abzac de La Douze quand le capitaine Louis du Cheyron de Beaumont d’Abzac de la Douze (1889-1971), propriétaire-entraineur de chevaux, épouse le 30 juin 1919 Paule d’Exéa, elle-même propriétaire du château de Mayac par acquisition auprès de Mme Armand Leblanc-Girard.
Désormais, Mayac est la propriété de ses derniers descendants qui recherchent un nouveau modèle économique pour maintenir ce bien de famille et qui s’orientent vers la location résidentielle de loisirs.
Sources - Guynot du Cheyron de Beaumont d’Abzac de la Douze
Émile Dusolier 1924 « Le Chevalier d’Aydie et Mademoiselle Aïssé »



communication de Pavel Forejt -




église Saint-Saturnin XIIe -
L'église en totalité : inscription par arrêté du 23 décembre 2008

Chevalier Blaise-Marie d'Aydie (1692-1761) MAAP Musée d'Art et d'Archéologie du Périgord.
Charlotte Elisabeth Haïdé dite Aïssé (vers 1693-1733)
(Attribué au peintre Nicolas de Larguillière— château de Jegenstorf.
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