À Grand-Brassac en Périgord Vert, près de Tocane Saint-Apre, le château de Montardy domine une vallée splendide s'étendant sur plusieurs kilomètres. Il est en bordure d'un parc d'arbres séculaires et entouré d'une propriété de 300 hectares. C’est un ancien repaire noble des XVe et XVIe siècles construit sur d’anciens cluzeaux. Le château présente une équerre de logis divers, compénétrés par des tours carrées ou circulaires. la vaste terrasse est limitée par un rempart crénelé, piqué d’échauguettes.
La noble famille du Lau, d'extraction ancienne, depuis 1418, possédait les seigneuries de Boueix et de Mouton dans l'actuel département de la Charente. Au fil du temps elle contracta de nombreuses alliances avec des familles limousines: La Fillolie, Beaupoil de Saint-Aulaire, Royère, Beauvais notamment. A la fin du XVI° siècle plusieurs du Lau passèrent à la Réforme. Certains abjurèrent par la suite. Au milieu du XVII° siècle Isaac du Lau était seigneur d'Alemans et de Montardit commune de Brassac. . Sa famille fut maintenue noble en 1666.
La fin de la Guerre de cent ans puis les guerres de religions ont vu les du Lau d’Allemans indifféremment au service des rois de France ou de la couronne d’Angleterre. Réunissant des forces armées, le futur Henri IV propose aux du Lau d’Allemans de se joindre à lui. Les membres de la famille se convertissent alors au catholicisme en même temps que le roi et deviennent d’assidus royalistes.
Au XVIIe siècle le marquis Armand du Lau (1651-1726) était un seigneur-philosophe qui préfigura le Siècle des Lumières. Trés lié à Arnauld et Fénelon (qu’il reçut à Champniers) il entretenait des relations avec tout un monde d’érudits dont Bossuet et Malebranche qui serait venu en 1682 à Grand Brassac. il prit sa retraite à la mort de la Reine Marie-Therèse (1638-1683) dont il fut écuyer et s’adonna à sa passion « la philosophie ». Le château devint une véritable petite cour s’intéressant aux choses de l’esprit.
Jean-Marie du Lau fut évêque d'Arles. Le 12 juillet 1790 l’Assemblée Nationale décide d'abolir le siège archiépiscopal d'Arles et deux ans plus tard, le 2 septembre 1792 lors des Massacres de Septembre , Jean-Marie du Lau est assassiné avec deux prêtres de l'archidiocèse d’Arles dans la prison des Carmes à Paris.
Dernier archevêque d'Arles, il est béatifié par le pape Pie XI.
A la Révolution, tout ce qui peut rappeler la féodalité sera détruit. La muraille qui entourait une grande cour fut démolie. Un portail, un donjon, une tourelle, deux pavillons comportant des créneaux subirent le même sort, La tour carrée contenant un escalier monumental fut arasée. Seul le vaste logis est épargné.
En 1871 le château sera la proie des flammes entraînant la destruction de son aile orientale qui contenait une magnifique bibliothèque.
Au XIXe siècle, les ailes sud et ouest du logis des XVIe et XVIIIe siècles seront restaurées sur des bases remontant au XIVe siècle. L’aile ouest flanquée de deux tours et logeant l’ancien pont-levis est bordée d’un fossé. L’une des tours abrite la Chapelle située près d’un cluzeau. Elle conserve une piéta de pierre du XVIe aux armes de la famille.
L’ensemble repose sur des caves voûtées sur croisée d’ogives.
Depuis 1600, le château est toujours dans la même famille.
Comme il est de coutume depuis des siècles le château continue d’accueillir des hôtes du monde entier. L’aile droite du château a été restaurée à cet effet.
le Roi Edward VII (1841-1910) venait y passer ses vacances et y chasser en ami.
Peter Shaffer (1926-2016) a également été un personnage emblématique qui est venu séjourner à plusieurs reprises au château. Toutes ses pièces de théâtre, dont « Amadeus », ont été écrites au Château de Montardy.
Aujourd’hui La marquise Hélène du Lau d’Allemans y demeure, accompagnée de son fils Jean, champion du monde de tir. Désormais, ils regardent vers l’avenir et envisagent de développer à grande échelle, une école de tir avec un parcours de chasse.
C'est une propriété privée.
photo DR
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Le château ainsi que sa terrasse et ses dépendances ont été inscrits au titre des monuments historiques le 11 septembre 2001.
Marcel Proust fit du Marquis Alfred du Lau d'Allemans et de sa famille des héros proustiens dans plusieurs tomes de son célèbre livre : "À la recherche du temps perdu". En 1866 James Tissot réalisa un tableau emblématique des membres du cercle de la rue Royale où nous retrouvons, parmi les 12 membres, le Marquis du Lau d’Allemans (2ème à Gauche). Ce tableau atteste de la manière de vivre aristocratique, dont Proust était le témoin. Ce tableau est entré dans les collections du Musée d’Orsay en 2011.
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