L’origine du château sous le nom de « Hospilium de Rastignac » est attestée dés le XVe siècle et le chevalier Jean III Chapt de Rastignac marié en 1509 avec Françoise de Serval de Siorac sont seigneurs du château médiéval. En 1572, les guerres de religions sévissent, le château est incendié. Il est remanié en 1657 avant d’être rasé sous le Premier Empire et remplacé par la demeure actuelle, construite entre 1812 et 1820 à l'initiative du Marquis Pierre Jean Julie Chapt de Rastignac (1769-1833) qui épouse Françoise de La Rochefoucauld-Doudeauville (1781-1802). Capitaine aux dragons de "Monsieur" au moment de la Révolution française, Il émigre en 1791 et sert à l'armée des Princes. Rentré en France dès 1809, pair de France en 1823 il occupera de hautes fonctions sous tous les gouvernements et mourra à la Bachellerie, sa résidence principale.
le château de Rastignac de style néoclassique, édifié sur la plate-forme d’origine dominant la vallée du Cern, par Mathurin Salat (dit Blanchard) est un logis en pierre de taille percé de baies rectangulaires. l’édifice est précédé d’une terrasse accessible par un escalier à double révolution. Au milieu de la grande façade un avant-corps semi-circulaire est porté par six colonnes ioniques. A l’intérieur un luxueux décor de goût Empire avec un bassin central est animé par un portique de colonnes toscanes. Si l’intérieur a été soigné, les extérieurs n’ont rien à lui envier, puisque les Archives Départementales de la Dordogne conservent la description de deux jardins anglais, de la serre et de l’aqueduc, de la glacière, du cuvier, de la pièce d’eau et de l’avenue de platanes.
En 1817 leur fille Zenaïde Chapt de Rastignac (1798-1875) apporte le château en dot à François XIV Emilien Marie de La Rochefoucauld (1794-1874) , 9° duc de La Rochefoucauld, duc d’Anville et de Liancourt ; leur fils Alfred duc de la Roche-Guyon le vend en 1877 à Auguste de Peyronny, qui le transmet à son fils Henri-Marie Georges de Peyronny et lui-même le lègue en 1921 à son neveu le glorieux capitaine de vaisseau Octave Lauwick (1858-1940) et son épouse Marie-Anne.
Leur fille Ghyslaine épouse Harold Fairweather et avec leur entourage, habiteront le château.
Le 30 mars 1944 au matin, dans le cadre d’une opération de représailles pour réduire les forces du maquis, les troupes allemandes de la division Brehmer, composées d’environ 400 hommes, de camions et de chars légers occupent et encerclent durant trois jours le village de La Bachellerie. 23 civils dont 15 juifs sont fusillés.
Il sera établi que quatre camions vont emporter les biens pillés à Rastignac avant son incendie au phosphore. La collection de tableaux de la galerie Jean Bernheim-Dauberville qui y était cachée depuis le début de la guerre disparaît parmi lesquels des Bonnard, des Cézanne, des Manet, des Renoir, des Toulouse-Lautrec, des Vuillard, un Matisse, un Berthe Morissette, un Odilin Redon, un Sisley, un van Gogh (soit 33 œuvres d’art connues, estimées par le bureau central des restitutions à Berlin en 1947 à 55 000 000 de francs) et plus aucune trace de ces tableaux n’est réapparue).
Il ne restera plus rien du luxueux décor intérieur de goût Empire et le château lui-même semble ne pouvoir se relever..
En 1952, le château est reconstruit par Yves-Marie Froidevaux architecte en chef des monuments historiques, dans l’esprit du château édifié en 1820 et sa ressemblance avec la Maison Blanche construite en 1824 va faire considérer qu’il aurait inspiré James Hoban son architecte.
La postérité ne retient aujourd’hui que leurs similitudes évidentes mais qu’en réalité, elles tiennent à leur modèle commun l’hôtel parisien Thellusson, dessiné par l’architecte Ledoux en 1780 et démoli en 1826.
Après des années d'abandon où le château subit des pillages et se détériore gravement, il est racheté au début des années 2000 par un collectif de sept ressortissants hollandais qui sont désormais copropriétaires du château scindé en autant de logements, cinq dans l'édifice proprement dit et deux dans l'orangerie.
Le château et son parc font l'objet d'un classement en 1992 au titre des monuments historiques.
le château est privé.
Sources - SHAP t 145, 2018 3) livraison p »343-350
« Mystère autour de la collection Bernheim-Dauberville disparue le 30 mâts 1944 au château de Rastignac » Guy Penaud
Dictionnaire des châteaux du Périgord – Guy Penaud – J. secret p 225
SHAP 1972 p 6
La vallée de la Vézère en Périgord – Ed. L’Inventaire – Pagazani- Marabout – Becker p 94-95
photo 1 DR
Photos Bernard Séris
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