Le château de Rastignac à la Bachellerie - Périgord Noir
- Glady de Brégeot
- 23 oct. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 mai
L’origine du château sous le nom de « Hospilium de Rastignac » est attestée dès le XVe siècle et le chevalier Jean III Chapt de Rastignac, marié en 1509 avec Françoise de Serval de Siorac en sont seigneurs.
En 1572, les guerres de religions sévissent, le château médiéval est incendié. Il est remanié en 1657, avant d’être rasé sous le Premier Empire et remplacé par une seconde demeure construite entre 1811 et 1817, à l'initiative du marquis Pierre Jean Julie Chapt de Rastignac qui a épousé Françoise de La Rochefoucauld-Doudeauville.
Le château de Rastignac de style néoclassique, édifié sur la plate-forme d’origine dominant la vallée du Cern, par Mathurin Salat (dit Blanchard) et l’entrepreneur Jean Delmas, est un logis en pierre de taille percé de baies rectangulaires. L’édifice est précédé d’une terrasse accessible par un escalier à double révolution. Au milieu de la grande façade, un avant-corps semi-circulaire est porté par six colonnes ioniques. A l’intérieur, un luxueux décor de goût Empire avec un bassin central est animé par un portique de colonnes toscanes. Si l’intérieur a été soigné, les extérieurs n’ont rien eu à lui envier, puisque les archives départementales de la Dordogne conservent la description de deux jardins anglais, d’une serre, d’un aqueduc, d’une glacière, d’un cuvier, d’une pièce d’eau et d’une avenue de platanes.
Capitaine aux dragons de "Monsieur" au moment de la Révolution Française, le marquis émigre en 1791 et sert dans l'armée des Princes. Rentré en France dès 1809, pair de France en 1823, il occupera de hautes fonctions sous tous les gouvernements et mourra, en 1833, à la Bachellerie, sa résidence principale.
En 1817, sa fille Zenaïde Chapt de Rastignac, apporte le château en dot à François XIV Emilien Marie de La Rochefoucauld, 9ème duc de La Rochefoucauld, duc d’Anville et de Liancourt. Leur fils Alfred, duc de la Roche-Guyon le vend, en 1877, à Auguste de Peyronny, qui le lègue à son fils Henri Marie Georges de Peyronny. Ce dernier le transmettra en 1921 à son neveu, le glorieux capitaine de vaisseau Octave Lauwick (1858-1940) et à son épouse Marie-Anne.
Leur fille Ghyslaine, qui a épousé Harold Fairweather, vont habiter le château avec leur entourage.
Le 30 mars 1944 au matin, dans le cadre d’une opération de représailles pour réduire les forces du maquis, les troupes allemandes de la 325ème division de sécurité de la Wehrmacht, appelée division Brehmer, composée d’environ 400 hommes, de camions et de chars légers occupent et encerclent durant trois jours le village de La Bachellerie. 23 civils dont 15 juifs sont fusillés et 33 juifs transférés à Drancy le 4 avril, puis déportés le 13 avril à Auschwich-Birkenau par le convoi 71.
Il est établi que quatre camions ont emporté les biens pillés à Rastignac, avant son incendie. La collection de tableaux de la galerie Jean Bernheim-Dauberville qui y était cachée depuis le début de la guerre, vont disparaître parmi lesquels des Bonnard, des Cézanne, des Manet, des Renoir, des Toulouse-Lautrec, des Vuillard, un Matisse, un Berthe Mortisot, un Odilon Redon, un Sisley, un van Gogh (soit 33 œuvres d’art connues, estimées par le bureau central des restitutions à Berlin en 1947 à 55 millions de francs) et depuis, plus aucune trace de ces tableaux n’est réapparue.
Il ne reste plus rien du luxueux décor intérieur de goût Empire et le château lui-même semble ne pouvoir se relever.
En 1952, il est reconstruit par Yves-Marie Froidevaux, architecte en chef des monuments historiques, dans l’esprit du château édifié au XIXe siècle.
Sa ressemblance avec la Maison Blanche construite en 1824, va faire considérer qu’il aurait inspiré James Hoban, son architecte.
La postérité ne retient aujourd’hui que leurs similitudes évidentes mais qui, en réalité, tiennent à leur modèle commun l’hôtel parisien Thellusson, dessiné par l’architecte Ledoux en 1780 et démoli en 1826.
Après des années d'abandon où le château subit des pillages et se détériore gravement, il est racheté au début des années 2000 par un collectif de sept propriétaires d’origine hollandaise, qui sont désormais co-propriétaires du château scindé en autant de logements, cinq dans l'édifice proprement dit et deux dans l'orangerie.
Le château et son parc ont fait l’objet d’un classement en 1992 au titre des Monuments Historiques.
Sources – SHAP t 145, 2018 3° livraison p.343-350 « Mystère autour de la collection Bernheim-Dauberville disparue le 30 mars 1944 au château de Rastignac » Guy Penaud
Dictionnaire des châteaux du Périgord – Guy Penaud – J. secret p 225
SHAP 1972 p 6
Le Périgord des châteaux et des manoirs Dominique Repérant Ed Chêne 1988
La vallée de la Vézère en Périgord – Ed. L’Inventaire – Pagazani- Marabout – Becker p 94-95
photo 1 DR
Photos Bernard Séris


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