En bergeracois à l’ouest de Creysse, Le château de Tiregand domine d’une quarantaine de mètres la vallée de la Dordogne. Tiregand est une grande propriété agricole, viticole et forestière qui s’étend sur 460 ha dont 43 ha de vignes au cœur du Périgord Pourpre. Le château, les communs, le parc, les terrasses, les douves et la rotonde sont inscrits depuis le 20 décembre 2002, au titre des monuments historiques.
Le vignoble de Pécharmant est présent depuis le XIe siècle et signifie en occitan « colline charmante ».
Le grand château XVIIIe « classique » de Tiregand avec l’œil qui s’accroche au charmant pavillon carré d’avancée, entouré d’un parc à la Française, est réellement majestueux, alors suivre le panneau « dégustation et vente au chai » qui mène à 500 m à « Vieux-Castel » château médiéval du XVIe siècle, s’impose. Il jouxte un chai postérieur qui lui porte la date de 1668. Une autre vieille bâtisse appelée « La Chapelle » est datée de 1647.
Les cartes de Cassini et les ténements royaux, indiquent la présence du château. (une carte de Cassini ou carte de l'Académie est la première carte topographique et géométrique établie à l'échelle du royaume de France dans son ensemble, à la demande du Roi Louis XIV et de son ministre Colbert. Les ténements désignent les terres. Un peu d’histoire.
Un château primitif a disparu, seule une partie des douves subsiste, aurait été bâti au XIIIe siècle par un fils naturel d’Henri III d’Angleterre, Edward Tyrgan. Cette information reprise dans bien des archives, pourrait relever d’une pure fiction mais elle ramène à une réalité qui est que la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle furent le temps où « les Anglais vendangeaient l’Aquitaine », dans un Périgord resté fidèle au roi de France Philippe-Auguste avec l’assentiment de Jean sans terre, le dernier des fils d’Aliénor.
Au XIVe siécle, Édouard III roi d’Angleterre prétendait au trône de France mais c’est le Valois Philippe VI qui l’obtint donnant le prétexte à la guerre de cent ans.
Puis, durant les guerres de religion en 1575 les capitaines huguenots, Jauré et La Palanque, sont venus au château déposer un précieux butin arraché aux catholiques de Périgueux avec, entre autres la châsse en argent contenant les reliques de Saint-Front, portée à dos d’âne. Ces reliques auraient été précipitées dans la Dordogne...
Nota bene – Saint-Front est considéré comme le premier évêque de Périgueux, on lui attribue la résurrection d’enfants qui s’étaient noyés dans la Garonne à Toulouse, d’autres dans la Dronne à Brantôme.
Au XVIIe siècle, le château appartient à Jean Belrieu de Virazeil bailli royal de la ville de Bergerac, en remplacement de Jacques d’Augeard promu Président.
Au XVIIIe siècle par mariage, il passe à la famille d’Augeard . C’est Jean-Charles d’Augeard né en 1725 au château de Tiregant, Président à mortier au parlement de Bordeaux qui fait construire l’actuel château qu’il avait envisagé plus grand mais seuls les communs et les terrasses sur lesquels plusieurs ailes furent érigées, le constituèrent. Avec son jardin à la Française et sa rotonde ce château ne manquait pas d’allure et »Vieux-Castel » fut alors transformé en chai.
A La révolution française Tiregand est déclaré bien national et Joseph Lakanal président sous la convention de l’instruction publique (1792-1795) fait démolir une partie du château aux fins de récupération des matériaux de construction pour bâtir entre autre l’armurerie de Bergerac. Il sera acquis en 1817 par François de la Marthonie et en 1826 le comte Alexandre César de La Panouse, officier de Marine ayant participé à la guerre d’indépendance d’Amérique, député de Paris, banquier et un des fondateurs de la Caisse d’Epargne, pair de France en 1827, acquiert le domaine et fait ajouter deux logis aux toits d’ardoises, juxtaposés au bâtiment principal. Son fils César Armand Anatole La Panouse fait encadrer la bâtisse par deux imposants pavillons arborant les armoiries de la famille ainsi que des médaillons aux lettres entremêlées « LP ». Les écuries et les communs sont accolés au nord et au nord-est du logis est.
Au XXe siècle, son arrière petite-fille, France de Boutray en devient l’héritière et épouse en 1941 le Comte François de Saint-Exupéry.
Leur fils, François-Xavier de Saint-Exupéry vient de céder début mars 2022 le château, les communs attenants, les clubs canin et hippique et des terres à la famille Guyot, déjà propriétaire en Dordogne, du château de Bridoire et du château de Marzac, qui se donne pour mission la préservation du patrimoine.
L’avenir du château de Tiregand est entre les mains de Louis Guyot qui a su réveiller le lieu par l’esprit novateur de sa génération.
Nota bene - l’illustre Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), écrivain, poète, aviateur et reporter, marié le 12 avril 1931 à Consuelo Suncin est issu de la branche cadette des Saint-Exupéry de Saint-Amand.






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