À partir de 1489, François de Caumont (1445-1513) qui possède également le château de Castelnaud sur la commune de Castelnaud-la-Chapelle en Périgord Noir et le château qui lui servait de vigie appelé les Tours de Fayrac, fait bâtir pour sa Dame, Claude de Cardillac (1445-1514) un troisième château qui s'appellera le château des Milandes et sera la demeure principale des seigneurs de Caumont. Ce sera un logis Renaissance qui présente des logis asymétriques avec des tours carrées ou circulaires avec des tourelles en encorbellement coiffées de poivrières. Les balustres des terrasses et les lucarnes des toits sont remarquables, les inscrivant dans la Renaissance flamboyante.
La guerre de cent ans (1337-1453) s’éloigne, laissant place aux guerres de Religion (1562-1598). La Renaissance est inspirante et si des éléments architecturaux du moyen-âge sont conservés tels les tourelles, les escaliers à vis et gargouilles, des fenêtres à meneaux couvertes de vitraux sont percées.
Les seigneurs de Caumont se placent en fervents contestataires de la religion catholique et le premier château de Castelnaud sur la commune de Castelnaud-la-Chapelle conservera son rôle militaire. Milandes est habité tout au long du XVI ème siècle mais la conversion de la famille au culte protestant la mettra en péril.
En 1562, Geoffroy de Caumont posséde l’une des plus grosses fortunes de France au début des guerres de Religion. Frère aîné de François de Caumont, abbé d’Uzerche, il hérite des biens de sa famille et épouse la marquise Marguerite de Lustrac, elle-même très riche héritière pour qui ce sera un second mariage. Ils eurent une fille unique Anne née en 1574, année de la mort de son père.
Nota Bene - Il est indispensable de revenir sur la date du 24 août 1572 - « Massacre de la Saint-Barthélémy » (le nombre des victimes oscille entre 15 000 et 30 000).
Tout avait commencé par un mariage le 18 août 1572, celui d’Henri de Navarre et de Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX.
Les participants tant catholiques que protestants sont très agités en raison de la rumeur d’une prochaine guerre contre l’Espagne catholique du roi Philippe II.
Le matin du 22 août, soit quatre jours après le mariage, un capitaine gascon blesse l’amiral Gaspard de Coligny qui ne peut empêcher les chefs protestants de réclamer justice. Catherine de Médicis est débordée par les chefs catholiques qui lui reprochent de trop ménager les protestants… Pour sauver la monarchie elle décide de faire éliminer les chefs protestants (à l’exception des princes du sang Condé et Navarre le jeune marié). Le 24 août Coligny est égorgé et rien ne pourra plus arrêter la tragédie qui durera plusieurs jours dans la capitale et s’étendra à plus d’une vingtaine de villes de province durant les mois suivants.
Jacques Nompar de Caumont, duc de la Force, en réchappera et racontera le massacre.
Son père, son frère aîné, lui avec d’autres membres de la famille de Caumont étaient venus à Paris pour assister au mariage d’Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, sans savoir qu’ils figuraient parmi ceux qui devaient être éliminés. Ils logent Faubourg Saint-Germain-des-Prés et le temps que mettront les soldats pour arriver chez eux, permettra à un certain nombre de protestants de s’enfuir, dont son oncle Geoffroy de Caumont. Lui ne devra sa survie qu’à un réflexe de survie, en faisant semblant d’être mort entre les corps de son père et de son frère.
Après la Saint-Barthélemy, Jacques Nompar de Caumont entrera au service et sous la protection du roi de Navarre le futur Henri IV. Il était dans le carrosse royal lorsque le14 mai 1610, Ravaillac porta le coup mortel au roi.
Revenons aux seigneurs des Milandes. En 1574, date à laquelle Geoffroy sera empoisonné, avant la naissance de sa fille Anne.
Enfant trop riche et héritière protestante, elle servira aux intérêts politiques de son tuteur Jean d’Escars, seigneur de Vauguyon qui s’emparera de sa personne en la cloîtrant et de tous les biens de celle qu’il considère comme sa belle-fille à qui il imposera en 1586, dès ses 12 ans , un mariage avec son fils aîné Claude De Carency. Le 6 mars 1586, lors d’un duel d’honneur de trois contre trois, Charles de Gontaut-Biron qui convoitait la jeune Anne de Caumont pour son immense fortune, tua Claude de Carency, et ses seconds dont d’Estissac et La Batie. Son tuteur lui fera épouser, en la séquestrant, son second fils Jacques d’Escars.
Elle sera libérée de Vauguyon par Geoffroy de Vivans avec l’assentiment d’Henri IV, puis Henriette de Savoie la fera se convertir au catholicisme en 1587 au grand damne de sa mère Marguerite de Lustrac. Cette dernière fera preuve d’un extraordinaire courage pour gérer et défendre sa propre fortune terrienne accrue du patrimoine des Caumont. Sa fille lui sera rendue en 1593.
Finalement, Anne maintenant âgée de 20 ans, avec l’agrément du roi Henri IV et le désaccord de sa mère, épouse en 1595 François II d’Orléans qui dilapidera son immense fortune.
En 1597, Marguerite de Lustrac va tester en faveur de Jacques Nompar de Caumont, neveu de son défunt époux, répondant au testament de Geoffroy qui désirait que son neveu lui succède, mais Henri IV fera remettre la place à Anne et à François II d’Orleans.
Finalement, Jacques Nompar de Caumont héritera des Milandes et l’entretiendra jusqu’à sa mort en 1652. Selon ses dernières volontés il souhaitait être enseveli auprès de son oncle Geoffroy de Caumont et de son cousin Jean de Caumont en la chapelle du château des Milandes.
Confiant l’entretien des terres aux fermiers, les Caumont-La-Force le garde jusqu’à la Révolution où il sera vendu Coqmme bien national à Étienne Fleurât et Pierre Delpeyrat.
Au XIXe siècle la veuve de Jules Fleurat cède le site à un riche industriel Charles-Auguste Delbret-Claverie qui y fait des travaux titanesques dans l’esprit néo-gothique et néo-Renaissance en rajoutant tours et balcons ainsi qu’un jardin à la Française. Un chai ultra-moderne et une ferme complètent l’ensemble.
En 1890 la reprise des murailles, la multiplication des terrasses, la réfection des sculptures, des meneaux et des encadrements des baies, des chemins de ronde, des toitures constituèrent une restauration jugée excessive, dans l’esprit de cette fin de siècle.
En 1914 la veuve d’Auguste Claverie se sépare du domaine qui devient qql propriété du docteur Henri Malès.
En 1937 Joséphine Baker, célèbre meneuse de revue, loue le château qu’elle achètera dix ans plus tard avec son nouveau mari, Jo Bouillon. Elle y développera un complexe touristique avant-gardiste baptisé « Village du Monde » et y vivra avec ses douze enfants adoptés de neuf nationalités différentes qu’elle surnomme sa « tribu arc-en-ciel ».
C’est en 2001 qu’Henry et Claude de Labarre rachètent et restaurent le château inscrit au titre des monuments historiques en 1986 avant d’en confier la gestion à leur fille Angélique de Labarre de Saint-Exupéry.
En 2012, le château est labellisé « Maison des Illustres » par le Ministère de la Culture, en consacrant ses pièces à la résidente la plus connue, Joséphine Baker avec une présentation de ses costumes de scènes, en récréant ses lieux de vie sans oublier une évocation de sa vie de résistante au service de la France Libre –
Le jardin a reçu en 2018 le label de « Jardin Remarquable » et l’art de la fauconnerie est à l’honneur, avec 60 rapaces qui s’ébattent dans un parc de 6 ha -
En 2016, la mère d’Angélique de Labarre de Saint-Exupéry a pu racheter La Chapelle de plan cruciforme bâtie entre la fin de l’époque gothique et le début de la Renaissance (1489 et 1503), considérée par son intégrité comme l’une des plus intéressante du Périgord. En effet, Josephine Baker en avait perdu sa propriété lors d’un changement de matrice cadastrale qui l’avait par erreur attribuée à la commune de Castelnaud-La-Chapelle en 1926 et inscrite par la commune au titre des monuments historiques, alors qu’elle parvenait bel et bien au Docteur Malès ».
Désormais Angélique aux commandes des Milandes a consacré des années de travaux pour rendre son faste à la. N’appelle funéraire en confirmant cette vocation.
Une crypte a été découverte sous cette chapelle ainsi que des fresques du XVIe siècle dont un Saint-Christophe haut de quatre mètres. Les fouilles archéologiques continuant, le 9 juillet 2021, 12 corps avaient déjà été retrouvés, sept adultes (quatre hommes et trois femmes) et cinq enfants. »Tous avaient le crâne scié pour que le cerveau soit embaumé et préservé dans un reliquaire, ce qui signifie l’importance de ces dépouilles«. Le 13 juillet 2021 preuve qu'il est des édifices qui sont « passeurs d’Histoire « un treizième corps a été retrouvé, en très bon état, dans une couche plus ancienne faisant penser, avec les premières analyses, qu’il a été enseveli au XVIe siècle« (Journal Sud-Ouest du 21 juillet 2021).
photos - Guy Lallemand avec autorisation-
Sources
SHAP bulletin atome CXLV année 2018
« Le Périgord des Châteaux et des manoirs » Dominique Repérant Chêne 1988
La Chapelle des Milandes
La Chapelle sur le côté -
le Parc
le Parc
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