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  • Photo du rédacteurGlady de Brégeot

Le château des Talleyrand-Périgord à Chalais (16)

Dernière mise à jour : 21 janv. 2022

A la fin du XIe siècle, le castrum de Chalais est mentionné dans le Cartulaire de Saint-Jean d'Angély. Cette première construction devait être édifiée sur l'éperon rocheux, dessiné par la confluence de la rivière Tude et de son affluent la Viveronne, qui constitue un site défensif privilégié. C’est au XIIIe siècle, suite au mariage d'Agnès, fille unique d'Olivier de Chalais, avec Hélie de Talleyrand, qu’ils prennent le titre de Prince de Chalais. La devise des Talleyrand est « Re que Diou ». Cette devise signifie en périgourdin « Rien que Dieu » ou « II n'est de Roi que Dieu » et suppose qu'au-dessus des Talleyrand, il n'est que Dieu. Le château occupé par les anglais est repris et démantelé en 1453.

François de Talleyrand le fait rebâtir au début du XVIe siecle, seule une tour carrée du XIVe avait subsisté. Un châtelet corps de garde soutenant un double pont-levis (une porte piétonne et une porte cochère) à contrepoids (qui fonctionne encore de nos jours) est mis en place.

L’affaire Chalais m’incite avant de vous la raconter à vous rappeler qu’au début du XVIIe siècle Daniel de Talleyrand est comte de Grignols et Marquis d’Excideuil dont il possédait les châteaux et par lettres patentes le 6 septembre 1613 le titre de Prince de Chalais lui sera reconnu † 1618,

- la conspiration de Chalais : Après avoir perdu son époux Daniel en 1618, Françoise, princesse de Chalais est touchée par le scandale de l'Affaire Chalais. Son fils Henri, impliqué dans un complot tramé contre Richelieu, est condamné à mort et décapité à Nantes, le 26 août 1626. Triste sort fait au jeune comte de Chalais qui voulut s‘opposer au mariage imposé par Richelieu à Gaston d’Orléans avec Marie de Bourbon duchesse de Montpensier. Henri de Talleyrand, comte de Chalais, n’est ni l’instigateur ni la tête pensante de la conspiration qui porte son nom, mais par son rang il en est le maillon faible. Faute de pouvoir « officiellement » châtier Monsieur, duc Gaston d’Orléans frère cadet du roi, ou la reine Anne d’Autriche, c’est ce comparse que le juges vont condamner à mort. Françoise parvient à sauver la famille de la déchéance et se retire sur ses terres à Chalais où elle fait peut-être rebâtir l'église détruite en 1569 par les protestants et elle fait construire un monastère accolé à celle-ci. Elle le donne à des Augustins en 1629 et se retire au château dans lequel elle se serait fait aménager une chapelle privée.

Au cours du XVIIIe siècle, on ferme la cour d'honneur en rajoutant dans l'angle sud-est un pavillon carré faisant le pendant du corps de garde. L'ensemble des bâtiments seigneuriaux est surmonté, en 1741, de toitures en ardoises, mansardées et munies de lucarnes (donnant de la lumière en particulier dans les petites chambres du second étage). Entre 1747 et 1757, le château voit s'installer entre ses murs la fille et la femme de Jean-Charles de Talleyrand. Sa fille y a trouvé un refuge éloigné de la cour pour échapper aux assauts de Louis XV, elle est rejointe par sa mère Marie-Françoise de Rochechouart-Mortemart, une fois cette dernière veuve. De leur installation date la dernière réfection des appartements du logis : les lambris et alcôves observables aux étages remontent à cette réfection. Impossible de parler du château de Chalais en passant sous silence le séjour qu'y effectua, enfant, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, de 1758 à 1762. Il précise lui-même dans ses Mémoires (1) qu'il garde un souvenir heureux de cette vie provinciale, proche du peuple où il ressent toute la magnanimité et le prestige de son illustre famille. C'est lui qui nous apprend que son arrière-grand-mère, Marie-Françoise de Rochechouart tenait à Chalais une véritable cour et y possédait une apothicairerie permettant de donner les remèdes aux indigents et aux malades après la messe.

Le château servit également d'hôpital militaire durant la Guerre franco-prussienne de 1870.

L'histoire du château de Chalais prend un tournant définitif lors du décès d'Hélie-Roger Louis de Talleyrand-Périgord, en 1883. Sans descendance directe, le dernier prince de Chalais. possédant encore le château avait décidé de léguer dés 1879 tous ses biens afin que « soit aménagé, à l'intérieur même du château, disposé en conséquence, un hospice de vieillards qui puisse héberger un asile pour les personnes âgées originaires des cantons concernés par le legs« . Ce qui sera effectif de 1899 à 1939. Afin de financer l'installation et le fonctionnement de l'hospice, des ventes du mobilier puis des immeubles ont été organisées (Grignols et Excideuil seront vendus). Les ventes publiques parisiennes les 14 et 15 décembre1894 et 10 juin 1896 ont été organisées sous l’autorité du Régisseur du Prince, Hilaire Laffitte. La famille Laffitte a vécu dans l’aile ouest du château jusqu’à l’effondrement d’un grand pan de mur en1970, car Clément Laffitte a succédé à la charge de régisseur et de fondé de pouvoir de son père, en contribuant à cette transition. Un début de réhabilitation a été entrepris sous l’impulsion du Docteur Lacamoire, qui fut maire de Chalais à plusieurs reprises. La tempête de décembre 1999 a porté un grand coup d'arrêt à cette réhabilitation. En 2002-2003, afin de sauvegarder l'intégrité du bâtiment, ce dernier a fait l'objet d'un double classement au titre des Monuments historiques pour l’ensemble des bâtiments et pour le châtelet d’entrée.

Le château est, depuis fin 2011, la propriété d’Yves Lecoq qui en esthète lui a redonné une âme, en recréant un décor.

Lors des ventes publiques à l’Hôtel Drouot, de 1894 et 1896, les trésors du château de Chalais furent adjugés aux antiquaires et aux particuliers. Pour compléter cette information - une vingtaine de tableaux de la collection Talleyrand de 1894 ont été remis en vente le 13 juin et le 7 décembre 2007, salle Drouot à Paris, par le Commissaire-Priseur Thierry de Maigret.

La visite du château vous entraînera sur les pas des Talleyrand-Périgord : la galerie d’apparat, le bel escalier qui conduit au salon de réception des Princes de Chalais, la salle à manger et son plafond original, le salon aux oiseaux, la salle au trésor, la chambre du prince, la petite chapelle édifiée à la suite d’un drame familial... et historique : l’histoire d’une illustre famille et la renaissance d’un château.

(1) Charles-Maurice de Talleyrand-périgord 1754-1838 dit « le diable boiteux » à cause d’un pied bot - ordonné prêtre en 1779 il est nommé en 1788 évêque d’Autun et renonce à la prêtrise et quitte le Clergé pendant la Révolution pour mener une vie laïque -

Sa carrière politique peut démarrer - Profession Diplomate - il fut l’éminence grise détestée et recherchée de tous les gouvernements de son époque -

Talleyrand occupe des postes de pouvoir politique durant la majeure partie de sa vie et sous la plupart des régimes successifs que la France connaît à l'époque : il est notamment agent général du Clergé (1780), puis député aux Etats Généraux sous l’Ancien Régime, président de l'Assemblée Nationale et ambassadeur pendant la Révolution Française - ministre des Relations extérieures sous le Directoire, le Consulat puis sous le premier Empire, président du gouvernement provisoire, ambassadeur, ministre des Affaires Etrangères et président du Conseil des ministres sous la Restauration, ambassadeur sous la monarchie de Juillet. Il assiste aux couronnements de Louis XVI (1775), Napoleon ler (1804) et Charles X (1825).

(2) Rappel important sur la revendication des Talleyrand à descendre des comtes de Périgord - À partir du début du XIVe siècle, le surnom de Talleyrand est utilisé comme nom de lignage. C'est là aussi un nom attribué à de nombreux comtes de Périgord depuis Guillaume III de Périgord au début du XIIe siècle.

Des lettres patentes sont accordées le 6 septembre 1613 à Daniel de Talleyrand, prince de Chalais, † 1618, 1er comte de Grignols et 1er marquis d'Excideuil. Plus tard, Gabriel de Talleyrand (1726-1795), comte de Grignols, commence à utiliser le nom de Talleyrand-Périgord vers 1750. - source Wikipedia -



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Photos : DR






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