A la fin du XIe siècle, le premier castrum de Chalais est édifié sur l'éperon rocheux, dessiné par la confluence de la rivière Tude et de son affluent la Vivonne, qui constitue un site défensif privilégié.
C’est au XIIIe siècle, à la suite du mariage d'Agnès, fille unique d'Olivier de Chalais, avec Hélie de Talleyrand, qu’ils prennent le titre de prince de Chalais. La devise des Talleyrand est « Re que Diou ». Elle signifie « Rien que Dieu » ou « II n'est de Roi que Dieu » et suppose qu'au-dessus des Talleyrand, il n'est que Dieu. Le château, occupé par les Anglais, est repris et démantelé en 1453.
François de Talleyrand le fait rebâtir au début du XVIe siècle, seule une tour carrée du XIVe avait subsisté. Un châtelet corps de garde soutenant un double pont-levis (une porte piétonne et une porte cochère) à contrepoids (qui fonctionne encore de nos jours) est mis en place.
Daniel de Talleyrand, comte de Grignols et Marquis d’Excideuil, se marie en 1587 avec Jeanne-Françoise de Lasseran-Massecôme, fille de Blaise de Monluc, Ils auront neuf enfants. Charles, l’héritier universel, François, religieux bénédictin, Henry qui périt sur l’échafaud, victime de son attachement pour la belle duchesse de Chevreuse « l’affaire Chalais », André sera l’héritier universel de sa mère et recevra la terre de Grignols, Annet, chevalier de Malte, Éléonore, mariée au seigneur de Saint-Aulaire, Charlotte, religieuse à Saintes, Adrianne et Isabelle, religieuses elles aussi.
En 1626, après « l’affaire Chalais », Jeanne-Françoise se retire à Chalais où elle fait rebâtir l'église détruite en 1569 par les protestants et elle fait construire un monastère accolé à celle-ci. Elle le donne à des Augustins en 1629. Elle meurt en 1636.
Charles, devient le second marquis et, comme son père, jouit de la faveur royale, il est chargé de mission en Russie et en Turquie. Il se marie à Charlotte de Pompadour en 1637 et ils auront quatre garçons. Adrien-Blaise sera le troisième marquis, il épouse en 1659 Anne de la Trémoille. Le couple devra s’exiler à Venise en 1663 après un duel. Le marquis mourra de la peste en 1670 dans la République de Venise. Sa veuve épousera Flávio Orsini et vivra en Italie jusqu’à la mort de son second époux en 1698. Celle qui sera connue sous le nom de princesse des Ursins regagnera la France et fera une carrière diplomatique auprès des cours d’Espagne obtenant pour son neveu Jean-Charles né en 1677 le titre de Grand d’Espagne et cela exercera une influence sur la future carrière des Talleyrand-Périgord.
Jean devient le quatrième marquis d’Excideuil car Adrien-Blaise est mort sans descendance. Il épouse en 1676 Julie de Pompadour. Naîtra Jean-Charles de Talleyrand, cinquième marquis, seul héritier mâle qui épousera Marie-Françoise de Rochechouart. Ils n’auront qu’une fille, Marie-Françoise Marguerite qui, pour avoir droit à héritage familial épousera Gabriel Marie de Talleyrand-Grignols. Le frère consanguin de Gabriel, né en 1734, sera le père de Charles Maurice le Grand Talleyrand (1754-1838).
Au cours du XVIIIe siècle, on ferme la cour d'honneur en rajoutant dans l'angle sud-est un pavillon carré faisant le pendant du corps de garde. L'ensemble des bâtiments seigneuriaux est surmonté de toitures en ardoises, mansardées et munies de lucarnes (donnant de la lumière en particulier dans les petites chambres du second étage).
Madame de Chalais, comme se fait appeler Marie-Françoise de Rochechouart-Mortemart (1686-1771) depuis son second mariage en 1722 avec Jean-Charles de Talleyrand (1677-1757), Grand d’Espagne, aura occupé la fonction de Dame du palais de la reine Marie Lecszinska de 1725 à 1740. Sa fille Elisabeth issue de son premier mariage avec Michel Chamillart, grand Maréchal du logis de la maison du Roi, mariée le 3 août 1732 à Daniel de Talleyrand-Périgord (1706-1745 ), reprendra la fonction de sa mère auprès de la reine Marie Lecszinska de 1740 à 1768, puis sera dame du palais de la reine Marie Antoinette de 1774 à 1780.
En 1758 et pour une durée de deux ans, Madame de Chalais accueillera son petit-fils Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838).
Le château servit également d'hôpital militaire durant la Guerre franco-prussienne de 1870.
L'histoire du château de Chalais prend un tournant définitif lors du décès d'Hélie-Roger Louis de Talleyrand-Périgord, en 1883. Sans descendance directe, le dernier prince de Chalais avait décidé de léguer dés 1879 tous ses biens afin que « soit aménagé, à l'intérieur même du château un asile pour les personnes âgées originaires des cantons concernés par le legs ». Ce qui sera effectif de 1899 à 1939.
Afin de financer l'installation et le fonctionnement de l'hospice, des ventes du mobilier puis des immeubles seront organisées (Grignols et Excideuil seront vendus). Les ventes publiques parisiennes les 14 et 15 décembre1894 et 10 juin 1896 ont été organisées sous l’autorité du Régisseur du Prince, Hilaire Laffitte. La famille Laffitte dont le fils Clément a repris les fonctions de son père, a vécu dans l’aile ouest du château jusqu’à l’effondrement d’un grand pan de mur en 1970.
En 2002-2003, afin de sauvegarder l'intégrité du bâtiment, ce dernier a fait l'objet d'un double classement au titre des monuments historiques pour l’ensemble des bâtiments et pour le châtelet d’entrée.
Le château est, depuis fin 2011, la propriété d’Yves Lecoq qui en esthète veille sur lui et lui a redonné une âme.
Lors des ventes publiques à l’Hôtel Drouot, de 1894 et 1896, les trésors du château de Chalais furent adjugés aux antiquaires et aux particuliers. Pour compléter cette information - une vingtaine de tableaux de la collection Talleyrand de 1894 ont été remis en vente le 13 juin et le 7 décembre 2007, salle Drouot à Paris, par le Commissaire-Priseur Thierry de Maigret.
La visite du château vous entraînera sur les pas des Talleyrand-Périgord : la galerie d’apparat, le bel escalier qui conduit au salon de réception des Princes de Chalais, la salle à manger et son plafond original, le salon aux oiseaux, la salle au trésor, la chambre du prince, la petite chapelle édifiée à la suite d’un drame familial... et historique : l’histoire d’une illustre famille et la renaissance d’un château.
(1) Charles-Maurice de Talleyrand-périgord 1754-1838 dit « le diable boiteux » à cause d’un pied bot - ordonné prêtre en 1779 il est nommé en 1788 évêque d’Autun et renonce à la prêtrise et quitte le Clergé pendant la Révolution pour mener une vie laïque -
Sa carrière politique peut démarrer - Profession Diplomate - il fut l’éminence grise détestée et recherchée de tous les gouvernements de son époque -
Talleyrand occupe des postes de pouvoir politique durant la majeure partie de sa vie et sous la plupart des régimes successifs que la France connaît à l'époque : il est notamment agent général du Clergé (1780), puis député aux Etats Généraux sous l’Ancien Régime, président de l'Assemblée Nationale et ambassadeur pendant la Révolution Française - ministre des Relations extérieures sous le Directoire, le Consulat puis sous le premier Empire, président du gouvernement provisoire, ambassadeur, ministre des Affaires Etrangères et président du Conseil des ministres sous la Restauration, ambassadeur sous la monarchie de Juillet. Il assiste aux couronnements de Louis XVI (1775), Napoleon ler (1804) et Charles X (1825).
(2) Rappel important sur la revendication des Talleyrand à descendre des comtes de Périgord - À partir du début du XIVe siècle, le surnom de Talleyrand est utilisé comme nom de lignage. C'est là aussi un nom attribué à de nombreux comtes de Périgord depuis Guillaume III de Périgord au début du XIIe siècle.
Des lettres patentes sont accordées le 6 septembre 1613 à Daniel de Talleyrand, prince de Chalais, † 1618, 1er comte de Grignols et 1er marquis d'Excideuil. Plus tard, Gabriel de Talleyrand (1726-1795), comte de Grignols, commence à utiliser le nom de Talleyrand-Périgord vers 1750. - source Wikipedia -
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Photos : DR
Sources - SHAP « les Talleyrand marquis d’Excideuil de 1613 à 1794 » par Annie Herguido.
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