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Le château du Roc en Dordogne - 26 août 1942 la première rafle en zone libre

Photo du rédacteur: Glady de BrégeotGlady de Brégeot

Dernière mise à jour : 22 févr.

Construit en 1864, dans un parc de quatre hectares, le château du Roc est une grande bâtisse carrée, entourée d’une terrasse à laquelle on peut accéder par un escalier à double révolution. Le château s‘élève sur trois niveaux largement ouverts par de grandes fenêtres rectangulaires. Les fenêtres du dernier étage, sont plus petites et l’ensemble est coiffé d’un toit mansardé en ardoise comportant un lanterneau. Le château fut la demeure de la famille de Moulinard qui produisait du vin rouge et blanc. La famille Boisgiraud leur succèdera.

En 1932, l’Union des agriculteurs polonais du sud-ouest, couvert par le consulat polonais de Toulouse, fait installer un centre dans chaque département.

En 1933, la prise du pouvoir par Hitler, voit l’immigration officielle de travailleurs polonais en France. En 1936, la Dordogne est choisie comme département témoin et le siège fixé à Périgueux.

Le 26 octobre 1937, Antoine Strzelecki, directeur général d’une société d’exploitation agricole créée, avec des capitaux polonais un an auparavant, achète le château du Roc au Change avec ses dépendances et deux autres fermes.

Au début de la guerre 1939-1945, la Croix-Rouge polonaise gère, au château du Roc, un centre d’accueil et de travail où une cinquantaine de Polonais sont accueillis et employés à la mise en valeur d’une petite ferme.

Après l’armistice et la prise du pouvoir par le maréchal Pétain, les Polonais ne sont plus considérés comme des alliés, mais comme des étrangers et la Croix-Rouge dissoute est remplacée par le GAPF (Groupement d’Assistance aux Polonais en France), sous l’autorité du commissariat à la lutte contre le chômage des étrangers. Le centre d’accueil est fermé et les fermes rendues à la société propriétaire.  

Le 18 août 1942, le château et ses dépendances sont réquisitionnés. Bousquet s'étant engagé à transférer aux Allemands 10 000 juifs « apatrides » résidant en zone non occupée, c’est le 26 Août 1942 que la police française va procéder à une première rafle en Dordogne, Deux centres sont aménagés dans la plus grande hâte en Dordogne à Saint-Pardoux-la-Rivière et au Change au château du Roc. Pour rendre visible cette tragédie, une stèle commémorative porte « le 26 août 1942, 172 juifs dont 52 enfants et adolescents habitant la Dordogne furent arrêtés et internés au château du Roc à Le Change et à Saint-Pardoux-La-Rivière. Ils furent livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy et déportés à Auschwitz – N’oublions jamais » ...

Pour mémoire, les rafles du 26 Août 1942 en zone libre, entraîneront la déportation de 10 529 juifs et celle du « Vel d’hiv » de 13162 juifs.

À la Libération, il sert de lieu d’accueil pour les juifs avant leur installation en Palestine. Il faut que la vie reprenne et, après la seconde guerre mondiale, c’est grâce à l’initiative de la Commission Centrale de l’Enfance (CCE), qui prend en charge les enfants des déportés, fusillés, ou disparus, que le château fut lieu de vacances. A ces orphelins, il s’agissait de redonner « le goût du bonheur » et de les souder dans l’idéal d’un avenir socialiste.

David Lescot, dramaturge, musicien et metteur en scène, né en 1971 est allé au château du Roc de 1980 à 1985, fortement marqué par l’histoire de sa famille, il laisse une délicieuse évocation des colonies de vacances, créées par les militants. Avant lui, son père Jean, comédien, était allé à Tarnos, dans les Landes. Des familles entières se sont ainsi passées le relais et, aujourd’hui, la liste est longue de tous les anciens de la CCE, dont David Lescot dit qu’ils étaient liés par un pacte, « à la vie, à la mort ».

Le château Le Roc est racheté dans les années 90 par Paul Chautru d’où le nom de château du Roc-Chautru donné également au château du Roc. Il y a effectué des travaux importants d’aménagement intérieurs, pour le transformer en un hôtel de standing.

Ce château qui était à vendre depuis des décennies, a été racheté en 2024.

Propriété privée, il ne se visite pas.


Sources « Le change en pays d’Auvezère » de Michel Charenton

SHAP n° 57 de février 2025 Catherine Schunck










 
 
 

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