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  • Photo du rédacteurGlady de Brégeot

1941. - le triple homicide non élucidé, au château d’Escoire - Périgord

Dernière mise à jour : 20 févr. 2022

Le château d'Escoire est situé à une quinzaine de kilomètres de Périgueux. C’est sur l’emplacement d’une ancienne maison forte que ce monumental château de 900 m2 avec une façade de 53 m, une rotonde et trois frontons , un escalier à double révolution conduisant aux terrasses et au balcon central, a été construit sous Louis XVI (soit fin XVIIIe et terminé au début du XIXe siècle) par les Rançonnet de Noyan (L’une des plus grosses fortunes de France – Bretagne - de l’époque). François Louis de Rançonnet et son épouse Marguerite d’Aydie étaient alliés aux Beaupoil de Saint-Aulaire qui possédaient le Château voisin de Lanmary. Ce domaine appartiendra jusqu’en 1900 à leur branche.

Il fut le fief de Born, des La Faye, des Vigier, des Rançonnet et des Beaupoil de Saint-Aulaire.

La demeure fut, en 1941 le théâtre d'un drame sanglant (1).

Des années 1950 à la fin des années 1970, ce château fut le lieu de vacances pour les enfants de l'entreprise parisienne LMT (« Le Matériel Téléphonique »), rachetée par Thomson, puis Thales.

Vers 1950, le château recevait la société philomatique de Périgueux, avant la construction de l'école professionnelle de Boulazac. Il fait l'objet d'une protection au titre des monuments historiques. L'ensemble du château a été restauré, de même que la rotonde, dont l'entrée se situe à droite de l'escalier.

Abandonné pendant des années, le château d'Escoire est depuis 2015 la Propriété de Sylvie et Tase Kordalov, anciens hôteliers en Normandie, qui ont conservé une aile, tandis que l'autre partie avait été aménagée en chambres d'hôtes. Il est aujourd’hui à la vente sur le marché des édifices de prestige.

Le parc de 9 ha permet un accueil extérieur. (Château d’Escoire 0686005395)

(1) Durant la nuit du 24 au 25 octobre 1941, Georges Girard, haut fonctionnaire (pas fervent collaborationniste) au ministère des Affaires étrangères à Vichy est assassiné à coups de serpe dans son château d’Escoire, en Dordogne…/…( Cet homme né en 1891 pouvait s’enorgueillir d’un parcours littéraire remarquable) - « Conservateur à la Bibliothèque du ministère des Affaires étrangères. - Archiviste-paléographe. - Membre de la Commission pour la publication des documents relatifs aux origines de la guerre 1914-1918. – Il publia des travaux historiques, littéraires, une comédie en collaboration avec Fernand Fleuret. - Assura les chroniques historique et théâtrale de l'"Opinion", puis du "Figaro littéraire", collabora aux "Cahiers de la République des lettres" et aux "Nouvelles littéraires". - Prix Edouard Fréville de l'Académie des sciences morales et politiques (1922) et prix de la Renaissance (1925) pour "Les vainqueurs". - Docteur ès lettres. - Chevalier de la Légion d'honneur (1925) »)…/…

Deux autres victimes, sa soeur Amélie et leur bonne Marie Soudeix gisent près de lui. Toutes les issues sont closes, nulle trace d’effraction. Seul rescapé du drame, le fils, Henri Girard, fournit des explications confuses. Il prétend n’avoir rien vu, rien entendu. Tandis que les enquêteurs procèdent aux premières constatations, il joue au piano « Tristesse de Chopin« ...

Très vite soupçonné, Henri est inculpé et écroué à la maison d’arrêt de Périgueux. À 24 ans, ce personnage haut en couleur a déjà défrayé la chronique. Élève brillant mais provocateur, il a abandonné ses études de droit pour mener une existence de dilettante. En juillet 1941, il aurait été arrêté par les Allemands afin de soutirer une rançon à sa tante Amélie…

Cependant, il proteste vigoureusement de son innocence et aucune preuve sérieuse ne peut être retenue contre lui. La rumeur publique est contre lui, car « on lui a toujours trouvé une attitude étrange », reconnaît le maire du village. Et dans le contexte difficile de l’Occupation, l’instruction est bâclée. Son brillant avocat le Ténor Me Maurice Garçon qui a la réputation de ne défendre que « des innocents ou des victimes » et en plus ami du défunt Georges Girard, va assurer sa défense lors du procès qui s’achève le 2 juin 1943 à Périgueux. L’avocat démontera toutes les présomptions de culpabilité. Après dix minutes de délibération, Henri Girard est acquitté sous les applaudissements...

Le château sera revendu après-guerre au père de l’écrivain Michel Peyramaure.

Il part en Amérique du Sud d’où il reviendra sous le nom de Georges Arnaud, misérable et physiquement détruit avec un manuscrit « le salaire de la peur ».

L’affaire interroge Philippe Jaenada - Prix Femina 2017 pour son roman La Serpe -

« Libre et désormais riche, Henri fuit un pays convaincu de sa culpabilité pour un long exil au Venezuela ; en 1951, transformé en baroudeur farouche et en aventurier intrépide, il réapparaît en France et publie Le Salaire de la peur sous le pseudonyme de Georges Arnaud. Mort en 1987, l’écrivain sulfureux aura clamé son innocence pendant quarante-cinq ans, et à ce jour, l’auteur du massacre est encore inconnu.

Tels sont le personnage haut en couleurs et l’énigmatique affaire auxquels s’attaque courageusement Philippe Jaenada, dans une véritable brique de 643 pages d’enquête minutieuse, menée par un auteur-narrateur qui, entre deux bouteilles, s’improvise détective dans les archives départementales de Dordogne afin de débusquer, soixante ans après les faits, le véritable meurtrier ».


Photo 3 et 4 prises pendant le ler salon du Polar au château d‘Escoire du 24 au 26 Septembre 2021 - en présence de la fille d’Henri Girard qui a apporté à cet événement une dimension humaine importante. Il semble évident que cette affaire ne soit pas close pour sa famille.













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